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Par Olivier Choruszko
Publié le 10 septembre 2019 à 14h15
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« Rien ne vous prédestinait à vous retrouver là aujourd’hui », remarque Marie De Naurois, la présidente. Cet électricien de 40 ans ne semble pas lui-même comprendre comment il est arrivé à la barre du tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand.
Le 17 novembre 2018, à 1 h 35 du matin, des policiers en patrouille sur le chemin de Beaulieu remarquent une camionnette à l’arrêt, près d’un radar fixe. À côté du véhicule : deux hommes alcoolisés et un fusil à pompe. Le radar porte l’impact d’un tir sur le côté gauche.
Lors de son interpellation, l’un des individus, sur qui les policiers retrouvent des cartouches, explique qu’il a voulu « marquer le coup » en soutien aux Gilets jaunes. Puis nie les faits en garde à vue, arguant qu’il s’était simplement arrêté près du radar pour uriner et qu’il a « tiré un coup en l’air ».
Dix mois après, les déclarations ne sont plus du tout les mêmes. L‘artisan reconnaît avoir tiré. Et fait amende honorable. « J’ai sûrement été influencé par ce qui se dit sur les réseaux sociaux, mais c’est pas l’excuse », déclare-t-il, très ému, face aux juges.
"Cela fait un an que cela s’est passé et j’en suis malade."
Pour Maître Lauriane Bertin, agent judiciaire de l’État, chargée de défendre la Direction départementale de la protection des populations, partie civile, « l’influence dont monsieur a été l’objet a un coût, près de 30.000 €. » Et de révéler, au passage, le préjudice des dégradations de radar au niveau national.
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« L’Etat a fait ses comptes : 200 M€ » Mais l’appareil de Beaulieu a été entièrement incendié quatre jours après le tir. Pour l’avocate du prévenu, Anne-Lyse Morel, il n’existe pas de preuve entre les conséquences du tir et le préjudice de l’État. « La première des peines de mon client est d’être là devant vous. »
Et d’aborder, photos à l’appui, une question plus technique : l’exact effet du tir. « La cartouche n’est pas rentrée à l’intérieur. Il n’a pas voulu endommager le radar mais marquer son mécontentement. Mon client est un artisan qui se bat pour obtenir des revenus décents. Il subit les taxations permanentes. Il est en grande difficulté financière. Ce qui explique son geste. »
Anne-Claire Garraud, représentant le ministère public, se réjouit du changement de position du prévenu. Elle demande 400 € d’amende assortis de sursis. Le tribunal condamne l’électricien à 400 € dont 200 € assortis de sursis. L’État, quant à lui, est débouté de sa demande de préjudice.
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Olivier Choruszko
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