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Pour les Français, le cancer est la maladie des inégalités

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Le cancer est-il la maladie des inégalités ? Pour une majorité de Français la réponse est 'oui'. Selon une étude publiée mercredi par l'Observatoire de l'institut Curie, 7 Français sur 10 estiment ne pas être égaux face à cette maladie. Pour eux, les cancers sont attribuables au niveau de vie.

Une patiente en Chimiotherapie en service de Cancerologie à Paris
Une patiente en Chimiotherapie en service de Cancerologie à Paris © Maxppp - Luc Nobout

L'Observatoire Cancer de l'Institut Curie montre que sept Français sur 10 estiment qu'il existe aujourd'hui des inégalités face au cancer, notamment dans l'accès au dépistage ou dans la prise en charge médicale.  Le niveau de revenu, le lieu de résidence et le niveau d'information sur le sujet apparaissent comme les facteurs d'inégalité les plus souvent cités. Un constat partagé par de nombreux spécialistes. 

"Une maladie éminemment sociale"

À l'image de Emmanuel Jammes, le délégué Société et Politiques de santé de la Ligue Nationale contre le Cancer. "On peut le déplorer mais c'est la réalité" explique t-il. "Le cancer est une maladie qui bien évidemment touche les malades dans leur chair mais qui est aussi une maladie éminemment sociale". Selon lui, les Français sont "très inégalitaires devant les facteurs de risques de cancer" et estime que les personnes des "catégories socio-professionnelles défavorisées ont plus d'addictions au tabac, à l'alcool, à la mauvaise hygiène de vie qui sont des facteurs aggravants et qui sont pourtant évitables". 

La prévention pourrait prévenir 40% des cancers...

Des comportement "évitables" notamment grâce à la prévention. L’efficacité des campagnes d'information est d'ailleurs un enjeu majeur pour le Docteur Jean-Baptiste Méric,  c'est le directeur du Pôle Santé Publiquée et Soins de l'Institut National du cancer. "Un message de prévention ça peut changer beaucoup" selon ce spécialiste. "Si on considère que l'on peut prévenir 40% des cancers" poursuit-il "c'est plusieurs centaines de milliers de gens qui n'auraient pas de cancer" et des "millions de vies sauvées sur les années à venir".  Le Dr Jean-Baptiste Méric en est persuadé : "simplement" dire "ne fumez pas, buvez moins d'alcool, rien qu'avec ces deux messages là, on peut déjà être extrêmement actifs contre le cancer". Mais le problème c'est que face aux messages de prévention, là encore, les Français ne s'estiment pas tous égaux.

...mais certaines populations sont mal-informées

Selon l'étude l'Observatoire Cancer de l'Institut Curie, le manque d'information est un problème ressenti par 42% des Français. Et pour différentes raisons. À commencer par les déserts médicaux : que ce soit à la campagne ou en banlieue dans les quartiers populaires, la difficulté d’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ou l'éloignement des centres de dépistage constituent pour une partie des sondés une autre inégalité devant la maladie. Autre raison, les campagnes de préventions qui ne sont pas adaptées à tous les publics. C'est ce que dit le Docteur jean baptiste Meric : "En banlieue, ça peut être compliqué. En Seine-Saint-Denis par exemple, vous avez une population qui est composée de gens qui est parfois originaire de très loin dans le monde avec des cultures et avec des langues différentes". Et au Dr Méric de poser cette question : "Comment on adresse un message de prévention qui est un message écrit en français pour des gens qui ne lisent pas le français ?" Selon le spécialiste, ce situation "extrêmement problématique" ne se produira pas "dans un quartier riche très urbanisé où le niveau d'éducation est extrêmement différent". 

"[Le risque] du cancer n'est pas forcement la priorité de quelqu'un qui ne sait pas comment il va finir la fin du mois"

Et puis ensuite l'autre difficulté avec les messages de prévention c'est de faire accepter aux gens les plus modestes d'abandonner un comportement à risque explique Emmanuel Jammes, de la Ligue Nationale contre le Cancer. "Il évident que la survenue à long terme d'un cancer n'est pas forcement la priorité de quelqu'un qui ne sait pas encore comment il va finir la fin du mois". M. Jammes admet que "faire évoluer les mentalités c'est quelque chose qui ne se fait pas du jour au lendemain" pensant savoir que "ce qu'il ne faut pas faire c'est avoir des messages dogmatiques. Par exemple 'arrêtez de fumer' et 'arrêtez de boire' ce n'est pas quelques chose qui pèse vraiment sur les comportements donc il y a un enjeu pédagogique à long terme que les pouvoirs publics et les associations doivent prendre en compte". 

Les traitements sont intégralement remboursés

Autre enjeu que les autorités sanitaires doivent prendre en compte, cette idée fausse qui circule : les traitements liés au cancer ne seraient pas intégralement couverts par l’assurance maladie. Selon l'étude, la moitié des Français le pense. Evidemment c'est faux mais cela inquiète beaucoup les spécialistes car certaines personnes pourraient renoncer aux soins s'alarme le Dr Méric. "Il serait extrêmement dommageable que pour une problématique financière quelqu'un renonce à aller voir son médecin, renonce à aller à l'hôpital. C'est évidemment extrêmement préoccupant de penser que la moitié des Français se disent qu'ils ne seront pas totalement remboursés de leurs soins si ils ont un cancer alors qu’évidemment, faisant partie des prises en charge à 100%, les soins du cancer sont totalement remboursés". Toutefois un reste à charge peut parfois être au frais du patient. Il s'agit le plus souvent de quelque centaines d'euros par mois qui correspondent à des dépassements d’honoraires. ou à certains médicaments non remboursés A terme, l'objectif du gouvernement est que le reste a charge des Français atteints d'un cancer soit réellement de zéro euro. 

Entre les idées fausses, et ce sentiment d'inégalité face à la maladie, près de la moitié des Français estiment que le système de santé ne garantira pas, dans les années à venir, un accès équitable aux traitements innovants du cancer, selon ce sondage pour l'Institut Curie publié mercredi. 43% des personnes interrogées ont cette crainte, et la proportion monte à 48% chez les employés et ouvriers et à 50% parmi les personnes résidant dans les communes rurales, précise cette enquête réalisée par Viavoice.

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