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Homophobie et racisme au stade : le naufrage en direct du président de la fédération de foot, Noël Le Graët
Noël Le Graët "n'accepte pas que seul le football soit concerné par l'homophobie".

Homophobie et racisme au stade : le naufrage en direct du président de la fédération de foot, Noël Le Graët

Deux poids deux mesures

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La séquence est une souffrance à écouter... Invité de Franceinfo ce mardi 10 septembre, le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, a été interrogé sur les phénomènes d'homophobie dans les stades et sur la bonne manière de les combattre. Pour expliquer sa position de ne plus vouloir arrêter les matchs dans ce cas, il s'est empêtré dans ses arguments jusqu'à relativiser l'homophobie par rapport au racisme.

"Pour être clair, je trouve qu’on arrête trop de matchs. Cela fait plaisir à certains ministres mais moi, ça me gêne", avait déjà prévenu Noël Le Graët dans Ouest France jeudi dernier, taclant notamment la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, auteure ces dernières semaines d'une offensive médiatique sur ce dossier. Ce mardi, le président de la FFF affermit son opposition : "Je n'arrêterai pas les matchs", soutient-il désormais. "Vous savez, le football reçoit tout le monde, toutes les classes sociales, tous les joueurs et joueuses qui acceptent de jouer au ballon sont parfaitement bien reçus dans nos clubs et nos stades", fait valoir le grand manitou du foot français, avant de lancer : "Je suis totalement contre [l'homophobie], mais je ne veux pas être pris en otage sur l'homophobie".

"On a beaucoup de mixité raciale"

Et Noël Le Graët de préciser, comme pour décrire une gradation allant vers des incidents de plus en plus graves : "J'arrêterai un match pour des cris racistes, ça c'est clair. Je ferai arrêter un match pour une bagarre, pour des incidents, s'il y a un danger quelque part dans les tribunes...". Plus question, dans ces cas-là, de "prise d'otage" : de fait, l'insulte raciste appelle selon le président de la fédération une réponse immédiate et plus ferme que l'insulte homophobe. En quel honneur ? "Quand on regarde nos équipes, on est quand même un pays un peu différent d'autres. On a une histoire, et dans nos stades et sur nos terrains, on a beaucoup de mixité sociale et de mixité raciale, ce n'est pas du tout la même chose", plaide Noël Le Graët. Comprenne qui pourra.

L'ancien président de l'En Avant Guingamp pousse même la distinction plus loin : "Le racisme vous savez, il n'y en a plus sur nos terrains. L'homophobie, c'est un problème national. Si ce n'était que le foot, je laisserais ma place pour le régler" se dédouane-t-il, déplorant, au passage, que le ballon rond serve de bouc émissaire. "Je n'accepte pas que seul le football soit concerné par l'homophobie, parce que c'est tellement faux, c'est un problème national, il y a sûrement d'autres façons d'en parler", regrette Noël Le Graët.

"Il n'y a pas d'omerta"

A entendre le patron de la FFF, le phénomène ne concernerait pas vraiment son sport. "Considérer que le football est homophobe, (...) c'est quand même un petit peu fort de café, on n'a absolument aucun problème", s'agace-t-il. Tout juste reconnaît-il des faits marginaux, commis par "quelques spectateurs" qui ont "exagéré". "Chez nous il n'y a pas d'omerta. (...) Vous avez déjà entendu des histoires de blocage quelque part, sur un sport qui est quand même le plus généreux en nombre de licences ? Je crois qu'il faut laisser le football à sa place", martèle l'adepte de la politique de l'autruche, qui s'en remet à une "interdiction morale" concernant la présence de banderoles dans les stades.

Noël Le Graët promet certes de "faire en sorte que [les chants et banderoles] homophobes disparaissent", mais enclenche la marche arrière dès qu'il s'agit d'interrompre une partie, s'empêtrant définitivement dans ses arguments : "L'arrêt des matchs c'est autre chose, le jeu c'est quelque chose de compliqué, de beau

"...

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne