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Coupe du monde de basket 2019 : l’exploit majuscule des Bleus

L’équipe de France s’est qualifiée, mercredi, pour les demi-finales du Mondial en battant les Etats-Unis (89-79), tenants du titre et favoris de la compétition.

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Publié le 11 septembre 2019 à 21h22, modifié le 12 septembre 2019 à 10h22

Temps de Lecture 5 min.

Le pivot français Rudy Gobert contre l’équipe américaine lors des quarts de finale de la Coupe du monde, à Dongguan, en Chine, le 11 septembre.

« On est venus là pour étonner le monde. Eh bien [le rendez-vous], c’est mercredi, messieurs ! » Lundi 9 septembre, après la courte défaite face à l’Australie lors du dernier match de la phase de groupe de la Coupe du monde, Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France de basket, avait harangué ses troupes dans le vestiaire. « Faut vite qu’on passe à autre chose », avait lui aussi pressé l’arrière Evan Fournier. Deux jours plus tard, à Dongguan, dans le sud de la Chine, les Bleus ont répondu présent. En s’imposant (89-79) face aux Américains, doubles champions du monde en titre, en quarts de finale, ils ont frappé un grand coup. Et réalisé l’un des plus grands exploits de leur histoire. Vendredi, ils affronteront l’Argentine pour une place en finale.

« On est restés unis, très sérieux et disciplinés, a savouré Vincent Collet, le sélectionneur des Bleus. Nous sommes revenus et avons repris le contrôle pour terminer le travail »

« On est des chiens, on n’a rien lâché », a asséné, après la rencontre, Evan Fournier, l’un des Français les plus en vue, mercredi, avec le pivot Rudy Gobert. Même quand les Etats-Unis se sont repris et ont remonté un débours de dix points dans le troisième quart-temps, avant d’en prendre sept d’avance, que les tirs français devenaient tout à coup plus difficiles, les coéquipiers du capitaine, Nicolas Batum, n’ont pas dérogé à leur plan de jeu. « On est restés unis, très sérieux et disciplinés, a savouré Vincent Collet. Nous sommes revenus et avons repris le contrôle pour terminer le travail. »

Signe que ces Bleus ont grandi, pas une seconde ils n’ont regardé les Américains avec déférence. La période où les adversaires de la Dream Team de 1992 prenaient des photos des stars de la NBA depuis le banc est révolue. Evoluant au quotidien dans des franchises de la ligue-phare nord-américaine, les Gobert, Fournier ou Batum côtoient leurs adversaires et assument de les regarder dans le blanc des yeux sans complexe. Rudy Gobert, pivot de l’Utah Jazz, a ainsi rappelé à ses adversaires pourquoi il avait remporté les deux derniers trophées de meilleur défenseur de l’année en NBA.

Retour aux fondamentaux en défense

Surtout, les Bleus ont renoué avec leurs fondamentaux. « On est euphoriques parce qu’on marque ? Non ! Nous, c’est la défense qui nous fait gagner », avait martelé Vincent Collet, lundi, haussant le ton à la pause contre les Australiens. « On n’est pas nous-mêmes, les gars, on n’est pas méchants ! », avait renchéri Evan Fournier, rappelant qu’une défense de fer a toujours été l’ADN des équipes de France. Mercredi, face aux Américains, tous s’en sont souvenus.

« Ce groupe est incroyable, savoure Rudy Gobert. Parfois, vous faites partie d’un groupe très talentueux ; parfois, vous faites partie d’une équipe moins talentueuse mais humainement superbe. Cette année, je crois qu’on a les deux. »

Les Américains ne deviendront pas la première équipe à réaliser le triplé mondial. Cette formation était composée, il est vrai, de néophytes au niveau international – ses plus grandes stars, qui évoluent en NBA, n’avaient pas pu ou voulu faire le déplacement en Chine. Ces joueurs ont quelque peu « manqué d’expérience », a relevé Vincent Collet. Sans minimiser en quoi que ce soit l’exploit de ses hommes : même privée de ses joueurs majeurs, « c’était quand même la Team USA » !

« Peu importe les joueurs qui composaient notre équipe, a lancé Gregg Popovich, l’entraîneur américain. Coach Collet et son groupe ont fait un travail remarquable »

C’est également ce que le coach américain, Gregg Popovich, l’un des entraîneurs les plus estimés au monde, a tenu à souligner en tirant son chapeau à son homologue français, longtemps critiqué pour son manque d’autorité ou sous-estimé au profit de la génération exceptionnelle de joueurs qu’il a eue sous ses ordres, ces dix dernières années. « La France nous a battus ! Peu importe les joueurs qui composaient notre équipe, a-t-il lancé. Coach Collet et son groupe ont fait un travail remarquable. C’est la meilleure équipe de France que j’aie pu voir. Ils jouent fort en défense, ils sont physiques, ils défendent bien individuellement. Ils se complètent vraiment tous bien. »

« Les gens vont dire que c’est une énorme surprise, vu qui nous sommes et ce que l’équipe a fait depuis des années. Mais ils ont vraiment bien joué », a également souligné le meneur américain Kemba Walker. Lors de la précédente défaite retentissante des Etats-Unis, lors du Mondial 2006 face à la Grèce, ce sont les errements de « Team USA » qui avaient surtout pesé. Aujourd’hui, l’écart entre les Américains et le reste du monde s’est amenuisé, et il faut plus que leur équipe B pour survoler la planète basket.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Vincent Collet, sélectionneur et passeur de générations

« Ce qu’on veut, c’est le titre »

Pourtant, les Bleus n’ont pas explosé de joie à la sirène. Parce que « battre les Américains n’était pas l’objectif, ce qu’on veut, c’est le titre », a insisté Rudy Gobert, dès la fin du match. Mais aussi parce que les Français, même s’ils sont bombardés favoris de la demi-finale face à l’Argentine de l’éternel Luis Scola (39 ans), se souviennent du Mondial 2014. Un certain nombre d’entre eux y étaient.

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Cette année-là, après avoir réalisé l’exploit de battre l’Espagne, l’une des nations-phares du basket, chez elle au même stade de la compétition, ils étaient tombés de haut en demi-finale contre la Serbie. « On avait fait une énorme erreur après le match de l’Espagne. On s’était malheureusement relâchés pendant un quart-temps, et nos rêves s’étaient écroulés, analyse Evan Fournier. On ne veut pas refaire la même erreur. »

« Avant cette victoire contre les Etats-Unis, on a aussi prouvé qu’on pouvait perdre des matchs bêtement », rappelle Frank Ntilikina, évoquant l’Australie, lundi. « L’Argentine est une équipe beaucoup plus expérimentée. Ils ne sont pas là par hasard, ce n’est pas la première fois qu’ils atteignent ce stade », avertit Vincent Collet.

Comme les Bleus, les Sud-Américains ont déjoué les pronostics en prenant le meilleur sur la Serbie, favorite de la compétition derrière les Etats-Unis. « Ils sont fiers, on les connaît », poursuit l’entraîneur, rappelant la riche histoire des champions olympiques 2004.

Pour autant, les Bleus, qualifiés, comme l’Espagne, pour le tournoi olympique en 2020, à la faveur de la victoire de l’Australie contre la République tchèque, ne varient pas leur discours d’un iota. « Depuis le début, on dit qu’on est venus ici pour gagner. Personne ne croyait en nous, mais c’est pas grave », assène Evan Fournier. Dès le premier jour du rassemblement, fin juillet, Rudy Gobert assurait : « Notre potentiel est illimité. » Après avoir « étonné le monde », les Français ont pour objectif de prendre place sur le trône, désormais vacant.

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