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Au Soudan du Sud, plus de la moitié de population peine à survivre (ONU)

Un bébé âgé de huit mois traité pour malnutrition sévère dans l'hôpital pour enfants d'Al Sabbah à Juba, au Soudan du Sud (photo d'archives).
© UNICEF/Sebastian Rich
Un bébé âgé de huit mois traité pour malnutrition sévère dans l'hôpital pour enfants d'Al Sabbah à Juba, au Soudan du Sud (photo d'archives).

Au Soudan du Sud, plus de la moitié de population peine à survivre (ONU)

Aide humanitaire

Plus de la moitié (54%) des 6,35 millions de Sud-Soudanais sont toujours confrontés à une grave insécurité alimentaire, ont averti mercredi trois agences des Nations Unies.

Alors que la région du Haut-Nil supérieur continue d'être la plus touchée par l'insécurité alimentaire, suivie par la région du Grand Bahr el Ghazal, les personnes en situation de catastrophe se trouvent à Yirol, à l'est de l'ancien État des Lacs, et auront besoin d'un soutien humanitaire urgent pour sauver leur vie, ont indiqué l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM) dans leur rapport sur la Classification par phase de la sécurité alimentaire intégrée (IPC).

Bien que l’insécurité alimentaire soit grave, la légère et récente amélioration de la situation s’explique en partie par l'accord de paix revitalisé signé en septembre 2018.

La diminution du conflit armé a encouragé le retour volontaire des agriculteurs, l'élargissement de l'accès aux moyens de subsistance et l'amélioration de la situation sur les marchés. Un environnement politique plus stable a également permis d'améliorer l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations les plus vulnérables.

« Avec la stabilité politique et une paix durable, le Soudan du Sud pourrait rapidement se remettre de la crise et accroître sa production alimentaire. Les conclusions de l'IPC sont toujours alarmantes, mais elles montrent également que l'accord de paix revitalisé porte ses fruits et que sa mise en œuvre intégrale revêt une importance capitale pour le pays », a déclaré Meshack Malo, Représentant de la FAO au Soudan du Sud. « La FAO travaille avec les agriculteurs de retour pour les aider à se réinstaller, à renforcer leurs moyens de subsistance et à produire leur propre nourriture ».

Des niveaux alarmants de malnutrition aiguë

Les niveaux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans ont considérablement augmenté au Soudan du Sud, passant de 13% en 2018 à 16% en 2019 - ce qui est au-dessus du seuil d'urgence de 15%. On estime que 1,3 million d'enfants seront touchés par la malnutrition aiguë en 2020.

« L’augmentation de la malnutrition aiguë chez les enfants du Soudan du Sud montre à quel point la malnutrition est complexe, mais aussi combien de temps cela prend pour reconstruire un pays, par rapport à sa destruction », a déclaré Mohamed Ag Ayoya, Représentant de l’UNICEF dans le pays.

« Cette situation appelle à un changement de paradigme, en accordant la priorité à la prévention avant d'intensifier le traitement », a-t-il ajouté. Un tel changement inclut la promotion d’une alimentation complémentaire adaptée aux enfants, la prévention du paludisme et de la diarrhée, l’accès à une eau salubre, une hygiène appropriée et des soins de santé adéquats, souligne l’UNICEF. « Alors seulement, les enfants pourront vraiment s'épanouir », a dit M. Ag Ayoga.

La situation en matière de sécurité alimentaire au Soudan du Sud devrait s’améliorer d’ici à la fin de l’année, à mesure que les récoltes saisonnières seront disponibles. Cependant, les agences de l’ONU estiment que 4,5 millions de personnes seront toujours confrontées à des niveaux d'insécurité alimentaire en raison des crises, des situations d'urgence ou des catastrophes et auront besoin d'assistance.

« Le dernier rapport montre que si vous donnez une chance à la paix, vous pourrez faire de la sécurité alimentaire une réalité », a déclaré Matthew Hollingworth, Directeur du PAM au Soudan du Sud. « Ce n’est pas le moment de nous reposer sur nos lauriers, alors que des millions de personnes luttent encore pour leur survie dans le pays. Au contraire, nous devons redoubler nos efforts et préserver les gains que la paix a permis de réaliser ».

La réponse de la FAO, de l’UNICEF et du PAM

Face à l’insécurité alimentaire au Soudan du Sud, les trois agences de l’ONU apportent une réponse humanitaire.

La FAO fournit des kits composés de semences de cultures adaptées aux conditions locales, d'outils agricoles, de matériel de pêche ainsi que des aides en espèces, dans le but de combler le déficit alimentaire d'un million de foyers ruraux. En outre, la FAO procède à une vaste campagne de vaccination et de traitement des animaux pour venir en aide à quelque 7 millions d’éleveurs, protéger leurs moyens de subsistance et ouvrir des débouchés commerciaux.

L'UNICEF et 40 organisations de la société civile organisent des interventions nutritionnelles clés en faveur des enfants et des femmes sud-soudanais. L’UNICEF soutient actuellement 1.150 centres de programmes thérapeutiques ambulatoires et 99 centres de stabilisation dans le pays.

De janvier à juillet 2019, plus de 144.000 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère ont été traités avec des services de haute qualité, dont plus de 90% ont guéri avec succès. En outre, l’agence onusienne intensifiera la promotion d’une alimentation complémentaire adéquate pour les enfants et la prévention du paludisme et de la diarrhée. L’UNICEF continuera d’accorder la priorité aux collaborations sans les secteurs de l’eau, de l’assainissement, de l’hygiène, de la santé, de l'éducation et de l'agriculture pour s'attaquer aux causes profondes de la malnutrition.

Le PAM et ses partenaires ont effectué des distributions de vivres et d'espèces dans les zones les plus touchées et ont jusqu'à présent atteint environ 3,9 millions de personnes vulnérables cette année. Avec des ressources suffisantes, le PAM fournira à 5,1 millions de personnes diverses formes de soutien, notamment des distributions de nourriture et d’aide en espèces dans des zones de marché en activité, des vivres en échange de travaux de construction et de réhabilitation pour les communautés ainsi que des repas scolaires.

Dans le cadre de cette aide, le PAM fournira des produits pour la prévention et le traitement de la malnutrition à quelque 1,6 million d'enfants et de femmes enceintes ou allaitantes.