Royal : «La remise à plat de l'écotaxe n'a aucune raison de soulever une polémique»

Royal : «La remise à plat de l'écotaxe n'a aucune raison de soulever une polémique»

    A peine nommée, déjà au coeur du débat. La première sortie de Ségolène Royal, nouvelle ministre de l'Ecologie du gouvernement Valls, sur «la remise à plat» de l'écotaxe, actuellement suspendue, suscite déjà la polémique. L'ancienne candidate à la présidentielle de 2007 souhaite trouver des alternatives à ce système de péage routier destiné à financer les infrastructures de transport, qui avait déclenché le mouvement des Bonnets rouges, responsable de la destruction de plusieurs portiques à l'automne.

    Royal a répondu ce vendredi à la controverse naissante sur son compte Twitter. «La remise à plat de l'écotaxe n'a aucune raison de soulever une polémique. C'est une méthode de respect et du temps donné à l'écoute...», déclare la ministre. «D'ailleurs un rapport parlementaire est rendu dans 15 jours dont le gouvernement prendra connaissance avant les décisions», ajoute-t-elle pour tenter de couper court aux réactions qui s'enchaînent depuis jeudi soir.

    Le soutien prudent de la gauche

    «Ce qu'a dit Ségolène Royal hier (NDLR. jeudi) va dans le sens du rapport commandé à l'Assemblée pour la remise à plat de l'écotaxe», a expliqué prudemment Harlem Désir, vendredi sur I>télé. «Pour l'instant, il n'y a pas de décision de suppression de l'écotaxe, il faut trouver un système de financement des infrastructures», a simplement précisé le premier secrétaire du PS. Ségolène Royal a reçu l'appui de Jean-Marc Germain, député PS des Hauts-de-Seine. L'ancien directeur de cabinet de Martine Aubry à Lille a approuvé sur France Info l'idée, soutenue par la nouvelle ministre, que l'écologie doit être «incitative» et non pas «punitive» et juge, comme elle, qu'il «faut trouver des solutions nouvelles».

    VIDEO. Jean-Marc Germain (PS) : «Il faut trouver des solutions nouvelles»

    Seule voix dissonante, celle de l'ancien ministre des transports Frédéric Cuvillier, qui a fait part de son étonnement sur Twitter, alors qu'une mission parlementaire doit présenter ses propositions.

    Critiques des écolos, inquiétude des ONG

    Le député européen d'Europe Ecologie-Les Verts Yannick Jadot n'a pas du tout apprécié l'initiative de Ségolène Royal. «Ce que j'ai entendu dans son discours, c'est "moi j'aimerais bien me débarrasser le taxe poids lourds". Et ça, c'est totalement irresponsable», a-t-il dénoncé sur Europe 1. «Supprimer la taxe poids lourds au moment où on a besoin d'énormément de projet de transport collectif, au moment où on a tellement besoin, pour éviter les pics de pollution, pour protéger notre santé, pour favoriser le transport de million de Français, c'est totalement absurde», a-t-il ajouté avant de conclure : «Si c'est la ligne politique de ce gouvernement, ce sera une catastrophe. Pas pour les écologistes, pour les Français.»

    VIDEO. Jadot (EELV) : abandonner l'écotaxe serait «irresponsable» et «absurde»

    Le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts Pascal Durand a regretté jeudi les propos de Ségolène Royal : «C'est extrêmement dommage, notamment pour le financement des transports ferroviaires.» Une position partagée par le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, s'est dit opposé à une suppression de l'écotaxe. Selon lui, cette mesure «n'est pas de l'écologie punitive, au contraire, c'est de la fiscalité responsable, pour responsabiliser notamment les transporteurs».

    Côté ONG, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) s'est déclarée «inquiète de cette première prise de position qui va à l'encontre du principe pollueur-payeur». «Mme Royal préfère-t-elle que les externalités engendrées par le trafic routier soient à l'unique charge du contribuable ?», s'interroge-t-elle.  «Cette déclaration est bien une mauvaise entrée en matière», juge Agir pour l'environnement, estimant que la «ministre s'inscrit dans une longue continuité politique qui consiste à entretenir une césure entre le dire et le faire, entre l'écologie pratique et l'écologie des mots». De son côté, Réseau action climat (RAC) qui regroupe des ONG comme le WWF ou Greenpeace, s'est interrogé : «faux départ pour Ségolène Royal?», avant de qualifier l'écotaxe de «dispositif incontournable»

    Un «bon impôt» selon Pécresse (UMP)

    L'écotaxe a été élaborée par la majorité de droite précédente, fruit du Grenelle de l'environnement que Nicolas Sarkozy avait appelé de ses voeux. Valérie Pécresse ne l'ignore pas et qualifie l'écotaxe de «bon impôt» mais en profite pour égratigner la gauche. Les socialistes ont mis en place une «montagne de nouveaux impôts qui a tué l'écotaxe», a-t-elle argué. A cause de cette «overdose», «on ne peut plus créer d'impôts».

    Marine Le Pen veut la «suppression» de l'écotaxe

    Plus qu'une simple remise à plat, la président du Front national Marine Le Pen a exigé la suppression pure et simple de l'écotaxe. «Si le gouvernement ne le fait pas il peut s'attendre à des jours difficiles», a-t-elle prévenu sur RTL vendredi matin. «La révolte qu'a créée la tentative de mise en oeuvre de cette écotaxe renaîtra», a-t-elle insisté.

    VIDEO. Marine Le Pen : «Il faut la supprimer sinon la révolte renaîtra»