Mode d'emploi

10 bons conseils pour acheter de l’art (sans être millionnaire)

Par

Publié le , mis à jour le
Grand amateur d’art mais petit budget ? Ne désespérez pas. Beaux Arts vous donne le mode d’emploi pour acheter aisément et sans complexe. Que vous souhaitiez démarrer une collection ou faire un achat occasionnel, voici les 10 choses à savoir avant de transformer votre salon en musée.

Vous rêvez d’acquérir une œuvre d’art authentique ? Offrir un cadeau original ou même débuter une véritable collection ? C’est possible, et ce sans sacrifier son livret A. Si la presse concentre son attention sur les transactions millionnaires, en 2022, selon le rapport Artprice, la moitié des œuvres vendues aux enchères valent moins de 800 $ !

Alors que Paris +, grand événement mondial du marché de l’art, ouvre ses portes pour une nouvelle édition, Beaux-Arts vous offre ses meilleurs tips anti-inflation et ses bonnes adresses. Suivez le guide !

1. Profitez des grandes foires d’art contemporain pour faire des découvertes

Collectionneurs ou amateurs, impossible de passer à côté de l’effervescence artistique de la mi-octobre à Paris, qui accueille le très attendu salon Paris+ par Art Basel. De nombreuses foires annexes profitent alors de ce rendez-vous automnal pour ouvrir elles aussi leurs portes. Plus ciblées, ces foires sont aussi plus accessibles. Les acheteurs d’art asiatique arpenteront la Monnaie de Paris où Asia Now dévoile la création contemporaine venue du continent asiatique ; les amateurs d’art et de design africain privilégieront les stands du Carreau du Temple où est organisé AKAA ; quant aux acquéreurs sensibles aux installations, images fixes et en mouvement, c’est au salon Offscreen qu’il faudra se rendre. Pour les amateurs de création émergente, direction Paris Internationale qui s’installe cette année dans un ancien central téléphonique des Grands Boulevards.

Private Choice 2023, vue de la salle à manger, avec des créations de Caroline Andreoni, Binome, Nicolas Dhervillers, Olivier Lepront, Luisa Maisel, Rose Ras, Parsua
voir toutes les images

Private Choice 2023, vue de la salle à manger, avec des créations de Caroline Andreoni, Binome, Nicolas Dhervillers, Olivier Lepront, Luisa Maisel, Rose Ras, Parsua

i

© Theo Baulig

Observez le calendrier : vous verrez que d’autres salons, pensés pour de plus petites bourses, sont organisés tout au long de l’année, à Paris comme en Région : Art Paris début avril, Menart Fair en septembre, St-Art à Strasbourg fin novembre ou encore Art Up à Lille en février. Et si vous préférez un environnement plus confidentiel, vous pouvez réserver votre visite à Private Choice, un salon d’art contemporain d’un tout autre genre : il donne rendez-vous aux collectionneurs dans l’intimité d’un appartement où sont présentées des œuvres d’art et de design de créateurs du monde entier proposées à la vente. Le concept, né à Paris, se déploie aussi en Région depuis l’été dernier…

Dans le sillage de l’incontournable Paris Photo sont aussi organisées, en novembre, des foires satellites dédiées à la photographie, comme le Salon de la photo à la Villette ou Approche, foire parisienne centrée sur la photographie expérimentale.

Garantie de qualité et d’authenticité pour toutes les œuvres proposées dans ces foires ! En effet, chacune a un comité qui sélectionne rigoureusement les galeries qui y exposent. Autre avantage d’un achat en salon : pas de frais en sus comme en vente aux enchères, une négociation est également possible.

Solo Show « Kwong Wing Kwan » à la galerie Cadet Capela
voir toutes les images

Solo Show « Kwong Wing Kwan » à la galerie Cadet Capela

i

à voir à la foire ASIAN NOW 2023

2. Achetez ce qui vous fait plaisir

En initiant votre collection, pensez que ces œuvres d’art vont vous accompagner au quotidien, alors autant qu’elles vous plaisent ! Ne collectionnez pas ce que tout le monde recherche, laissez place à vos goûts, fiez-vous à votre jugement. Vous découvrirez ainsi des artistes qui ne sont pas encore hors de prix. Out la spéculation ! N’essayez pas de « faire un coup » grâce à votre premier achat en pensant que vous pourrez le revendre plus cher. Il ne faut pas voir votre acquisition comme un investissement mais vraiment comme un cheminement vers votre propre collection.

Et si vous ne savez pas vers quel type d’œuvre vous diriger, vous pouvez louer une œuvre d’art et l’accrocher dans votre salon avant de vous lancer dans l’achat. Des artothèques sont désormais présentes partout dans l’Hexagone : à la manière d’un livre en bibliothèque, vous pouvez emprunter une œuvre pour l’exposer chez vous. À Strasbourg, ce service est même gratuit : chacun peut repartir de l’artothèque avec une œuvre d’art contemporain parmi les 1 200 que comptent la collection — photographie, estampe, dessin, peinture d’artistes le plus souvent locaux — pour deux mois maximum.

Sachez aussi que, en tant que professionnel (entreprise ou profession libérale), vous avez même la possibilité de louer une œuvre avec option d’achat. Ce leasing permet aux entreprises d’acquérir une œuvre ou une pièce de mobilier pour l’aménagement de leurs espaces, tout en bénéficiant d’une solution de financement souple et avantageuse.

Collection ARTdelivery des Beaux-Arts de Nantes St-Nazaire: Jean-Claude Latil, La Vache, 1980
voir toutes les images

Collection ARTdelivery des Beaux-Arts de Nantes St-Nazaire: Jean-Claude Latil, La Vache, 1980

i

Lithographie couleur • 37,5 × 50,5 cm • © ARTdelivery Beaux-Arts Nantes St-Nazaire

3. Savoir bien s’entourer

Troisième conseil : créer les conditions d’un achat pleinement sécurisé. Pour faire face à la multiplication des propositions, adressez-vous de préférence à des acteurs garants de l’authenticité d’une œuvre en vous référant aux adhésions de ces revendeurs – comité des galeries d’art, syndicat des antiquaires… – qui sont incontestablement un gage de qualité. Les galeries d’art, comme les foires, jouent le rôle filtre, et sont des aides précieuses pour les collectionneurs.

Vous pouvez aussi solliciter l’aide d’un courtier en art qui vous aidera à prendre les meilleures décisions concernant vos achats d’art. Saviez-vous qu’il existe aussi des plateformes en ligne qui jouent le rôle d’art advisor en utilisant l’intelligence artificielle ?

Essayez par exemple YourArt récemment lancée : la plateforme propose à ses utilisateurs, à l’aide d’une interface immersive simple d’utilisation, des milliers d’œuvres et d’univers différents. « L’art est un bien commun qui doit être accessible à tous », explique Maurice Lévy, son fondateur, ex-président de Publicis. Parcourez les pièces du catalogue avec un moteur de recherche qui filtre les résultats selon vos préférences (de prix, de genre, de format…) et le site vous fait des propositions personnalisées. Vous naviguez ensuite dans les metagalleries et les musées imaginaires de milliers d’artistes auprès de qui vous pouvez acquérir les œuvres.

Depuis votre smartphone, téléchargez aussi Docent (en anglais : « le guide de musée ») : c’est une autre application capable de saisir les goûts de ses utilisateurs pour les conduire aux œuvres qu’ils aimeront et souhaiteront collectionner. Elle repose sur un puissant algorithme de recommandation qui nous ouvre à toute la diversité de l’art contemporain.

Docent, une application mobile utilisant l’intelligence artificielle pour collectionner des artistes contemporains
voir toutes les images

Docent, une application mobile utilisant l’intelligence artificielle pour collectionner des artistes contemporains

i

© Docent

Arrow

Docent

Application

4. Ne soyez pas timide : fréquentez les galeries et négociez

Osez rentrer dans les lieux dédiés aux collectionneurs. Même si vous avez un emploi du temps chargé, les galeries d’art et les Puces organisent de nombreux événements en accès libre les soirs et week-ends. Rendez-vous par exemple sur le site du Comité professionnel des galeries d’art qui répertorie l’ensemble des évènements organisés par les galeries françaises. Ces professionnels répondent volontiers aux questions des néophytes.

Vue de la galerie Wilo&Grove
voir toutes les images

Vue de la galerie Wilo&Grove

i

©HERVE GOLUZA

Chassez de votre tête l’idée que les galeries sont des lieux élitistes ! En témoigne Wilo & Grove, une galerie qui propose des œuvres — objets d’art uniques ou déclinés en petites éditions (photos, peintures, dessins, gravures, sculptures) — à partir de 50 €, ou Amelie Maison d’art, qui, dans son appartement du 6e arrondissement, met en scène des œuvres : cela permet aux visiteurs d’imaginer la future acquisition dans un vrai lieu de vie. N’oubliez pas qu’il est possible de négocier dans la plupart des cas. Aucun galeriste ne sera offusqué, alors tentez votre chance !

Et si vous n’osez pas franchir le pas seul, faites-vous accompagner. Le Millenn’art Club propose par exemple d’initier les 20–35 ans aux marchés de l’art en organisant des visites de galeries ou de foire ; quant à CultureSecrets, le « Netflix » de la vie culturelle parisienne, l’entreprise propose des rencontres avec des galeristes et des artistes de la scène contemporaine.

5. Allez voir les jeunes artistes

Si vous êtes sensible à l’art contemporain, vous avez tout intérêt à acheter vos œuvres directement auprès d’un artiste débutant. Les élèves fraîchement diplômés des écoles des beaux-arts présentent leurs travaux à l’occasion d’expositions et proposent des pièces à prix abordables.

Rendez-vous par exemple à la galerie du Crous. Située entre la rue de Seine et l’École des beaux-arts de Paris, elle accueille une vingtaine d’expositions chaque année. Dédiée à l’émergence, elle représente en priorité des étudiants, mais aussi de jeunes artistes récemment diplômés des écoles nationales supérieures d’art et de l’université. Les exposants sont sélectionnés par un jury composé de professionnels du monde de l’art contemporain.

Si le ticket d’entrée est plus accessible, c’est aussi le plus risqué si l’on veut faire un placement. Mais il peut s’avérer lucratif. On vient d’apprendre que Clara Rivault, tout récemment diplômée des Beaux-Arts de Montpellier, a été choisie parmi 70 candidatures pour réaliser une œuvre monumentale sur la façade de l’Institut français à Paris. Une distinction qui risque de faire grimper sa cote en flèche.

L’idée de travailler le vitrail vient à Clara Rivault de la contemplation du ciel et du passage des nuages puisqu’elle travaillait, jusqu’à il y a encore quelques mois, au 16<sup>e</sup> étage d’une tour – le précédent Poush ayant investi durant deux ans d’anciens bureaux à Clichy.
voir toutes les images

L’idée de travailler le vitrail vient à Clara Rivault de la contemplation du ciel et du passage des nuages puisqu’elle travaillait, jusqu’à il y a encore quelques mois, au 16e étage d’une tour – le précédent Poush ayant investi durant deux ans d’anciens bureaux à Clichy.

i

© Timothée Chambovet

6. Pourquoi ne pas faire son marché sur le net ?

De nombreuses marketplaces, qui mettent en relation galeries et collectionneurs, fleurissent sur internet. Pour vous y retrouver, vérifiez que le site où est vendue l’œuvre qui suscite votre convoitise propose les mêmes garanties qu’une galerie d’art : expertise, qualité et authenticité. Certains avantages peuvent vous aider à faire votre choix : par exemple, un site qui propose une livraison par un transporteur spécialisé avec une assurance comprise dans les frais de port et la garantie satisfait ou remboursé.

Peinture sculpture, photos : le site Artsper offre aux collectionneurs toute la diversité de l’art contemporain à travers 40 000 œuvres et à partir de 100 €. Mais il existe aussi des galeries d’art en ligne, plus spécialisées, qui mettent en relation l’artiste avec l’acheteur. ArtPhotoBy propose des œuvres de grands photographes contemporains, tandis que Sold Art, une galerie d’art urbain en ligne, présente à la vente une sélection d’œuvres de street art.

7. Se tourner vers les multiples, plus accessibles

Si tout le monde ne peut pas s’offrir une toile de Picasso ou un tableau de Matisse, on peut par contre acquérir une céramique de l’artiste espagnol ou une estampe du chef de file du fauvisme. Ces pièces ont été réalisées en série, ce qui les rend plus accessibles.  La cote d’une lithographie est donc liée à la cote des originaux de l’artiste, mais en moins cher : 75 à 85 % des lithographies sont vendues à moins de 2 000 €.

La quantité n’est certes pas limitée pour les tirages lithographiques, cependant un tirage en petite série (à 25 ou 50 exemplaires) sera plus recherché qu’un tirage à 250 exemplaires, donc plus cher puisque le phénomène de rareté est un des ressorts fondamentaux du marché de l’art. Pour être sûr d’acheter une véritable lithographie et non un tirage industriel offset, vérifiez que l’artiste a signé de sa main et numéroté le tirage.

« Depuis plusieurs années, j’entends autour de moi des salariés, des jeunes, des collaborateurs, des étudiants qui aimeraient accrocher des œuvres d’art sur leurs murs mais qui n’en ont pas les moyens », constate Michel-Édouard Leclerc qui a fondé sa maison d’édition d’art, MEL Publisher. Son credo : rendre l’art accessible à tous grâce à l’estampe. Leur prix de vente commence à 200 €. 

Emmanuel Guibert, Cilento, MEL Publisher
voir toutes les images

Emmanuel Guibert, Cilento, MEL Publisher, 2018

i

Lithographie en 11 couleurs sur papier Arches 400g • 120 × 160 cm • © Emmanuel Guibert / MEL Publisher

8. Pensez aux ventes aux enchères

Les maisons de ventes organisent dans l’ensemble de l’Hexagone des ventes aux enchères courantes, c’est-à-dire avec du mobilier et des œuvres d’art à petits prix. Les pièces proposées sont des œuvres originales qui proviennent de successions ou mises en vente par des particuliers, et souvent vendues à des prix ultras compétitifs. Pour moins de 100 €, vous trouverez facilement des lithographies, dessins, tableaux, mais aussi sculptures et objets d’art.

Fixez-vous un budget avant d’enchérir, sans oublier les frais acheteurs à prévoir en sus du prix d’adjudication (entre 20 et 30 % selon les maisons de ventes). Le commissaire-priseur engage sa responsabilité sur les œuvres qu’il vend : une fois votre achat effectué, le bordereau fait preuve de certificat d’authenticité.

Pour être informé du programme des ventes, consultez les sites de Drouot, Interencheres et auction.com. Vous cherchez l’œuvre d’un artiste ou un objet en particulier ? Vous pouvez activer une alerte pour ne rien manquer !

Participez aussi aux ventes aux enchères des fonds d’ateliers : dans ces ventes où tout doit être vendu, de nombreuses œuvres de l’artiste sont dispersées. C’est donc l’occasion d’acquérir, à des prix accessibles, des œuvres déjà cotées sur le marché de l’art. Vous pouvez d’ailleurs vous renseigner sur la cote d’un artiste sur le site Artprice ou Artnet.

Les lève-tôt pourront aussi arpenter braderies et vide-greniers, ou faire un tour sur leboncoin pour dénicher la perle rare. Mais, a contrario des achats chez des professionnels du marché de l’art, l’acquisition auprès de particuliers ne présente aucune garantie et les recours sont limités.

Vente aux enchères chez Artcurial
voir toutes les images

Vente aux enchères chez Artcurial

i

© Artcurial

9. Achetez une œuvre à plusieurs

Une œuvre d’art peut parfois coûter plusieurs centaines de milliers d’euros. Alors, pourquoi ne pas participer à l’acquisition d’une œuvre de grande valeur, souvent inaccessible à un seul acheteur, en investissant à plusieurs ? Le site Caption regroupe des investisseurs pour leur permettre de faire un placement dans des œuvres sélectionnées par des experts du marché de l’art pour leur intérêt et leur authenticité. Ils se réunissent sous l’étendard du « club Matis » : leurs membres rejoignent une holding d’investissement qui acquiert l’œuvre, la stocke, la restaure (si nécessaire) et l’assure pour lui permettre de se valoriser à travers les années. L’investissement peut se faire dès 2 000 €.

10. Achetez des NFT à petits prix

Pas de problème de conservation avec les NFT (jetons non fongibles) : bien qu’ils puissent prendre différentes formes, comme des œuvres d’art ou des objets de collection, ils restent associés à un objet immatériel. Pour acheter un NFT, vous devez d’abord avoir un portefeuille crypto, puis ensuite vous inscrire sur une marketplace NFT (OpenSea est la plus connue, mais il en existe d’autres). Ces plateformes permettent d’acheter du crypto-art à tous les prix, en annonçant une retombée spéculative intéressante. Cependant, deux ans après le spectaculaire essor des NFT, une étude montre que plus de 95 % d’entre eux sont désormais sans valeur

Le problème ? Ils ont été surévalués par les médias et les spéculateurs. « Il faut absolument qu’ils aient soit une réelle utilité » (la numérisation d’un trésor culturel menacé ou disparu, par exemple), « soit un intérêt historique » (une première édition), « soit une vraie valeur artistique », analysent les experts de DappGambl, équipe d’experts spécialisés dans la cryptomonnaie et le crypto-investissement. Ainsi, les projets insignifiants vont peut-être laisser place aux initiatives ayant véritablement de l’intérêt ? C’est en tout cas le pari que semble faire Paris Photo pour cette édition 2023, qui lance un nouveau secteur dédié à la photographie dans l’ère numérique. La foire mettra en avant une sélection de galeries et « plateformes curatées », et présentera des artistes qui intègrent les pratiques numériques dans leurs œuvres.

Robbie Barrat, Big Buck Hunter
voir toutes les images

Robbie Barrat, Big Buck Hunter

i

à voir à L’Avant Galerie Vossen, secteur digital de Paris Photo 2023

AI image digitale • © Robbie Barat

Vous aimerez aussi

Carnets d’exposition, hors-série, catalogues, albums, encyclopédies, anthologies, monographies d’artistes, beaux livres...

Visiter la boutique
Visiter la boutique

À lire aussi