Le sentiment de pauvreté n'est plus qu'à quelques euros du SMIC
Les Français considèrent qu'une personne seule est « pauvre » si elle gagne moins que 1.193,00 euros par mois, d'après le baromètre annuel Ipsos/Secours populaire. Le nombre de personnes qui se disent en difficulté diminue toutefois légèrement sur deux ans.
Par Sophie Amsili
Pour échapper à la pauvreté, il faut désormais quasiment gagner le SMIC. C'est en tout cas le sentiment dominant des Français, selon le 13e baromètre Ipsos/Secours populaire publié jeudi. Les sondés considèrent en effet qu'en dessous d'un revenu mensuel de 1.193,00 euros, une personne seule peut être considérée comme « pauvre ». Ce revenu accuse une augmentation de 75 euros - la plus forte depuis la création du baromètre - alors que sur dix ans, ce seuil n'a progressé que de 167 euros.
Et s'éloigne ainsi du seuil de pauvreté officiel calculé par l'Insee à 1.026,00 euros par mois, soit 60 % du revenu médian, pour s'approche du SMIC net, à 1.202,00 euros.
Malgré cette hausse du seuil de pauvreté « subjectif », le baromètre de l'Ipsos et Secours Populaire montre une évolution nuancée de la situation. Moins de sondés disent ainsi avoir connu ou failli connaître une situation de pauvreté (54 %, contre 59 % l'an dernier).
Légère embellie sur deux ans
« On a globalement une embellie, mais dans le même temps, les gens fragiles se disent plus fragiles sur certains postes de dépenses », explique Etienne Mercier, Directeur du pôle Opinion et Santé d'Ipsos. Sur un an en effet, plus de sondés font part de leurs difficultés pour partir en vacances (45 %), régler leurs dépenses d'énergie (32 %), payer leur loyer ou emprunt immobilier (28 %), etc. Sur deux ans toutefois, dans la plupart des cas, la proportion de personnes en difficulté sur ce type de dépenses diminue légèrement ou ressort stable.
Concernant leur situation actuelle, 18 % disent vivre à découvert. C'est davantage que l'an dernier (14 %) mais moins qu'il y a deux ans (19 %). Parmi les sondés gagnant entre 1.200 et 2.000,00 euros, ils sont 27 % à vivre constamment à découvert. La proportion grimpe à 41 % pour ceux gagnant moins de 1.200,00 euros. Soit quasiment le seuil désigné par les sondés comme l'entrée dans la pauvreté.
Sophie Amsili