Mise en garde de l’UE : les taux de vaccination baissent en Europe

Les taux de vaccination sont en baisse en Europe et la situation a empiré depuis 2018. Le commissaire à la santé veut mobiliser sur le sujet.

Durant la première partie de 2019, quelque 90 000 cas de rougeole ont été détectés en Europe, un chiffre en hausse par rapport à 2018. De plus, quatre États membres ont perdu leur statut de pays ayant éradiqué la maladie, a ajouté le commissaire, qui est également médecin de formation.

Pour tenter de contrer le phénomène, la Commission a organisé le 12 septembre dernier un sommet à Bruxelles, avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des scientifiques et experts du monde entier ont débattu des moyens d’action destinés à rétablir la confiance dans les vaccins, et à en améliorer l’accès dans les régions qui rencontrent le plus de difficultés.

Vytenis Andriukaitis, commissaire à la santé, a évoqué la méfiance d’une partie de la population européenne envers les vaccins. D’après un Eurobaromètre datant du mois d’avril, presque la moitié de la population de l’Union européenne (48 %) croit que les vaccins peuvent fréquemment induire des effets secondaires graves, 38 % pensent qu’ils peuvent provoquer les maladies contre lesquelles ils sont censés protéger et 31 % sont convaincus qu’ils peuvent affaiblir le système immunitaire.

Lors de son intervention, le commissaire a donné plusieurs exemples de la manière dont la réticence à l’égard des vaccins a provoqué la recrudescence de maladies potentiellement mortelles que seuls les vaccins peuvent prévenir. Au Pakistan, deux millions de familles ont refusé, depuis le mois d’avril dernier, d’immuniser leurs enfants contre la polio, ce qui s’est traduit par une augmentation du nombre de cas de cette maladie, alors que depuis deux ans, son éradication était sur le point d’être officiellement proclamée dans le pays.

Vytenis Andriukaitis a esquissé une stratégie en plusieurs phases : collaborer étroitement entre tous les partenaires, les institutions et les agents locaux pour atteindre les objectifs de vaccination, instaurer des objectifs de vaccination dans tous les pays et surveiller leur mise en œuvre. Le commissaire veut par ailleurs cibler les efforts sur la prévention plutôt que sur le traitement des maladies – ce qui signifie assurer l’innovation, la recherche et le développement, de même que les ressources nécessaires pour développer les vaccins et tout ce qui s’y rapporte. Et quatrièmement, offrir une accessibilité totale, ce qui suppose de créer des structures permettant d’éviter la pénurie de vaccins, leur acquisition et leur livraison.

Appel aux réseaux sociaux pour qu’ils collaborent

La chute des taux de vaccination et la méfiance croissante envers les vaccins impliquent que Facebook et d’autres réseaux sociaux adoptent davantage de mesures contre la désinformation, selon les experts qui ont pris part au sommet.

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné que la réapparition de la rougeole est un « avertissement » qui, estime-t-il, aidera à mobiliser tous les acteurs au niveau international.

Flambée de rougeole au Royaume-Uni, en Grèce, et en République tchèque

L’Europe connaît une flambée des cas de rougeole et cette maladie y ressurgit dans quatre pays, dont le Royaume-Uni, où elle était considérée comme éliminée, s’inquiète l’OMS, qui appelle à intensifier la vaccination.

Il a expliqué que Facebook avait commencé à collaborer avec l’OMS en matière de lutte contre la désinformation sur les vaccins. Une action qu’il a saluée, tout en insistant sur la responsabilité des réseaux sociaux qui doivent « en faire plus ».

Jason Hirsh, le représentant de Facebook a déclaré durant son intervention que l’entreprise agissait en ce sens, en réduisant d’un côté l’accès aux fausses informations, et en dirigeant de l’autre les utilisateurs intéressés vers des « contenus crédibles ».

Maud Sacquet, de Mozilla, a pour sa part insisté sur la responsabilité qu’ont les plateformes internet de faire en sorte que les gens « ne soient pas manipulés ». Elle a ajouté que Mozilla avait signé une charte de bonnes pratiques de la Commission européenne pour combattre la désinformation, et a souligné que l’obsession d’obtenir un maximum de visualisations poussait les plateformes à « donner la priorité aux contenus sensationnalistes plutôt qu’aux informations précises ».

De son côté, Ethan Lindenberger, un militant de 18 ans, raconte à l’agence de presse espagnole Efe que sa mère « pense que les vaccins provoquent l’autisme » et croit à d’autres fake news.

Le jeune homme, qui s’est fait vacciner dès qu’il a atteint la majorité, souligne que les « antivax » méritent d’être respectés et non diabolisés, car leur objectif, tout comme celui des défenseurs de la vaccination, n’est autre que de «  protéger leurs enfants ».

« Ma mère n’est pas du tout fière de ce que je fais, car elle pense que c’est très dangereux. Elle croit toujours que les vaccins sont nocifs, qu’ils provoquent des effets secondaires et tuent des gens », ajoute-t-il.

Les vaccins victimes de leur propre succès ?

Le déclin de la confiance à l’égard des vaccins est en partie dû à un sentiment de sécurité, puisque les maladies qui ont tué des millions de personnes n’existent plus. Et ce grâce à la vaccination, explique un épidémiologiste.

Il estime que sa mission a un impact sur les jeunes d’autres régions et aide à convaincre que les vaccins sont « surs et efficaces ».

Une liste de dix actions pour la défense des vaccins a été publiée lors du sommet du 13 septembre. Les pays sont ainsi appelés à faire preuve d’engagement politique, à trouver des stratégies de vaccination nationale et à s’attaquer aux racines des doutes sur la vaccination tout en rehaussant la confiance de la population.

Pour ce dernier objectif, la Commission et l’OMS peuvent compter sur l’aide des « ambassadeurs », et sur des « influenceurs » qui donnent un coup de main pour diffuser de bonnes informations sur les réseaux sociaux, puisque les fake news « peuvent atteindre tout le monde en quelques secondes ».

Plus de 100 millions d’enfants sont vaccinés chaque année contre des maladies comme la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la tuberculose, la polio, la rougeole et l’hépatite B. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la vaccination évite deux à trois millions de morts par an dans le monde et qu’elle réduit les coûts de traitements de maladies spécifiques, y compris de traitements antimicrobiens (prescrits pour lutter contre les infections virales).

Plusieurs pays de l’UE et de son voisinage font actuellement face à des flambées sans précédent de maladies évitables grâce à la vaccination, et ce, à cause de la perte de confiance des citoyens, des différences géographiques dans l’accès à la vaccination et à la hausse de la désinformation sur le sujet.

Dans l’Union européenne des règles très strictes existent pour la commercialisation des vaccins. L’agence européenne des médicaments (EMA) mène à bien l’évaluation et la supervision des vaccins, une fois qu’ils ont été conçus. C’est seulement après une longue série de tests que la Commission peut délivrer une autorisation de commercialisation. Une fois sur le marché, l’EMA continue d’évaluer la sécurité des vaccins et de procéder à un suivi de l’autorisation.

Parmi les objectifs de la Commission européenne se trouve celui de maintenir les taux de vaccination, de promouvoir le geste contre la grippe saisonnière, d’appeler les pays à garantir l’immunisation de tous les enfants et d’autoriser l’utilisation de nouveaux vaccins.

Au printemps 2019 « une coalition pour la vaccination » s’est réunie, avec en son sein des associations européennes du secteur de la santé et des associations d’étudiants liées au secteur. Elle soutient la diffusion d’informations précises au public, la lutte contre les mythes autour des vaccins ainsi que l’échange de bonnes pratiques en matière de vaccination.

Les vaccins victimes de leur propre succès ?

Le déclin de la confiance à l’égard des vaccins est en partie dû à un sentiment de sécurité, puisque les maladies qui ont tué des millions de personnes n’existent plus. Et ce grâce à la vaccination, explique un épidémiologiste.

 

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