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Banques privées : la taxation des dépôts arrive en France

En octobre, Lombard Odier deviendra la première banque française à taxer le cash de ses clients pour compenser l'impact croissant des taux de dépôt négatifs en zone euro. D'autres établissements tricolores envisagent un dispositif similaire.

Lombard Odier ne devrait pas rester longtemps comme la seule banque à taxer certains des dépôts en France. (photo du siège en Suisse)
Lombard Odier ne devrait pas rester longtemps comme la seule banque à taxer certains des dépôts en France. (photo du siège en Suisse) (Michele Limina/Bloomberg)

Par Raphaël Bloch

Publié le 13 sept. 2019 à 17:39Mis à jour le 16 sept. 2019 à 11:04

Un vieux tabou des banques françaises s'apprête à tomber. Début octobre, Lombard Odier va commencer à taxer le cash de ses clients, une première pour un établissement français. La mesure, appliquée au-delà de 1 million d'euros de dépôts, vise à répercuter aux clients sans mandat de gestion une partie du coût de la politique monétaire de la BCE, qui taxe les dépôts excédentaires des banques. Lombard Odier n'a pas encore précisé le taux de cette pénalité.

D'autres banques privées pourraient suivre. Selon nos informations, Neuflize OBC étudierait également très sérieusement la question pour ses clients en gestion libre (sans mandat de gestion). Aucun calendrier n'a été arrêté. « Cette réflexion n'est absolument pas à l'ordre du jour », déclare un porte-parole de la banque. Société Générale Private Banking plancherait également sur le sujet, selon plusieurs sources. Interrogé, l'établissement n'a pas fait de commentaire.

Pression de la BCE

Le coût du cash est un vrai sujet pour les banques. Depuis 2014, elles paient une pénalité lorsqu'elles déposent leurs liquidités excédentaires au guichet de la Banque centrale européenne. Cette dernière, qui vient de passer le taux appliqué à ces liquidités excédentaires de -0,4 % à -0,5 %, veut ainsi les inciter à prêter ces fonds aux ménages et entreprises et ainsi doper l'activité en zone euro.

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Ce mécanisme est particulièrement pénalisant en banque privée dont les clients, plus aisés, détiennent plus de liquidités que ceux des banques de détail, ce qui expose donc les banques à de lourdes factures. Un tiers des actifs gérés des banques privées européennes sont de simples dépôts, selon un rapport de McKinsey. « Le niveau est même un peu plus élevé pour les banques privées françaises », souligne Sébastien Lacroix, Senior Partner de McKinsey. La pénalisation des dépôts a été entre 2014 et 2018, le principal facteur de baisse des marges dans la banque privée européenne, estime McKinsey.

Les banques sont donc obligées de s'adapter. « Tous les acteurs ont désormais compris que cette période de taux négatifs va durer longtemps », souligne Annabelle Rocat, associée chez Alpha FMC, un cabinet spécialisé dans le conseil aux banques privées. « C'est compliqué à assumer, mais c'est logique d'autant plus si l'établissement bancaire détient beaucoup de comptes espèces ou de comptes en gestion libre ».

Certains établissements se veulent toutefois rassurants. Un autre acteur indépendant de la place assure ne pas envisager de taxer les dépôts, mais inciter les clients à aller davantage vers de la gestion active. « Aucune taxation des dépôts n'est prévue », insiste l'un de ses responsables, concédant toutefois une situation inédite : « On n'a jamais connu ce contexte. C'est une première dans l'histoire des marchés. A contexte nouveau, solution nouvelle ».

L'exemple Suisse

D'autres pays en Europe sont déjà concernés par le phénomène. Jusqu'à présent concentrée sur les entreprises, la vague de facturation des dépôts touche les banques privées suisses. Credit Suisse a déjà commencé à facturer un taux de 0,4 % sur les dépôts de ses clients supérieurs à 1 million d'euros en Suisse.

Des banques privées de plus petite taille comme Julius Baer ou Pictet ont, elles aussi, commencé à faire payer leurs clients pour leurs plus gros dépôts. De son côté, UBS a confirmé il y a quelques semaines qu'elle allait prélever à partir de novembre 0,6 % sur les dépôts supérieurs à 500.000 euros. La branche française de la banque n'a pas souhaité faire de commentaire.

Raphaël Bloch 

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