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Médoc : menacée de mort par son ex-conjoint, Manon demande une mesure d'éloignement d'urgence

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Elle a déposé sept plaintes en trois mois : la trentenaire se dit menacée de mort par son ancien compagnon, père de deux de ses enfants. Pour l'instant, malgré ses nombreuses plaintes dans plusieurs gendarmeries de Gironde, aucune ordonnance de protection n'a encore été prononcée.

Manifestation contre les violences conjugales et féminicides.
Manifestation contre les violences conjugales et féminicides. © Maxppp - Maxime Jegat

Manon - le prénom a été modifié - égrène les motifs des plaintes qu'elle a déposée depuis juillet dans trois commissariats de Gironde. Sept plaintes qui en disent long sur le harcèlement qu'elle subit de la part de son ex-conjoint. "J'ai déposé des plaintes pour des coups, pour des vols parce qu'il m'a pris des chèques notamment ; aussi pour dégradation de matériel, il a mis de la glu dans mes serrures ou encore pour menaces de mort, il laisse des messages sur mon pare-brise de voiture". Depuis qu'elle l'a quitté en juin dernier "parce qu'il battait ma fille", explique Manon, son ex-compagnon est devenu violent envers elle. La jeune femme demande une réaction urgente de la part des autorités : qu'une mesure d'éloignement soit décidée à l'encontre de son ex-mari

Le couple n'est pas marié mais a deux enfants. Un jugement est en cours, pour statuer sur lequel des deux conjoints en aura la garde. Pour l’instant, Manon explique que son ex profite de la garde alternée pour l'agresser. Bien qu'elle ait déménagé à deux reprises, l'homme a son adresse. "Il m'attend au coin de la rue", explique Manon qui a dû renoncer à aller travailler de peur de se tomber nez-à-nez avec son agresseur.

De la plainte pour violences conjugales à la mesure d'éloignement : un processus compliqué et lent qui met en danger la victime 

Toutes les plaintes pour violences conjugales n'aboutissent pas, parce qu'elles requièrent des preuves tangibles, explique Claudine Rieux, présidente de l'association "ACV 2F" Agir contre les violences Faites aux Femmes dans le Médoc. Or les violences se déroulent souvent à huis clos. Les témoignages des enfants doivent être entendus par un juge pour être valables, souligne Claudine Rieux. La victime doit donc rassembler les témoignages de voisins par exemple, qui auraient entendus des disputes. Elle doit aussi obtenir un certificat médical. C'est-à-dire faire établir les coups et blessures reçus ou l'impact psychologique d'un éventuel harcèlement auprès d'un médecin. Autant d'éléments parfois difficiles à rassembler pour une victime, selon Claudine Rieux. 

Il y a une mise en danger de la femme battue, dès lors que le laps de temps entre le dépôt de plaintes de la victime et la mesure d'éloignement du conjoint dure trop longtemps, insiste Claudine Rieux. "Le conjoint est alors au courant que sa femme a porté plainte contre lui, [...] donc il y a un risque absolu à ce moment-là. C'est comme ça que les féminicides arrivent."

Depuis le 1er janvier 2019, 105 femmes sont mortes, tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte du groupe « Féminicides par compagnons ou ex ». La phase de concertation du Grenelle de lutte contre les violences conjugales lancée par le gouvernement et commencée le 3 septembre dernier s’achèvera le 25 novembre. Plusieurs mesures seront prises par le gouvernement. Une première série a déjà été annoncée par le premier ministre Edouard Philippe, notamment la multiplication du recours aux bracelets électroniques contre les conjoints violents sur décision d'un juge.

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