“La crise concernant l’indépendance éditoriale du Monde s’aggrave”, indique The Financial Times. Le quotidien britannique réagit après le refus de Daniel Kretinsky de s’engager sur le “droit d’agrément” demandé par le pôle d’indépendance du groupe. D’après un proche du milliardaire tchèque – entré en octobre dernier dans le capital du groupe Le Monde (dont Courrier international fait partie) –, il ne serait “pas d’accord avec les journalistes et les salariés sur plusieurs points de l’accord proposé, qui, selon lui, [est] ‘déraisonnable sur le plan économique’”, rapporte encore le FT.

Le pôle d’indépendance, qui représente les journalistes et les salariés du groupe, a fixé comme date butoir pour la signature de la charte ce mardi 17 septembre. Et si Xavier Niel, l’un des deux premiers actionnaires du groupe de presse, a d’ores et déjà signé ce “droit d’agrément”, Mathieu Pigasse – partenaire financier de Kretinsky – ne l’a pas paraphé. Ce lundi 16 septembre, il rencontre le pôle d’indépendance pour “d’ultimes discussions”, selon Le Monde.

Des craintes pour l’indépendance

Soucieux de leur liberté éditoriale, les journalistes du groupe ont publié une lettre publique appelant les actionnaires à respecter leur engagement. Plus de 500 personnalités ont ensuite affirmé leur soutien. Ces actions, explique le quotidien suisse Le Temps, “démontre [nt] les craintes qui pèsent sur l’indépendance [du quotidien français] depuis l’entrée au capital du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky”.

Pour le site libanais Al-Modon, la publication de la lettre publique des salariés du groupe a provoqué “tremblement de terre”. Pour le média libanais, le plus important est “la confiance des lecteurs, qui demeure le véritable capital [des journalistes] pour continuer le travail”.

Un emblème de la liberté de pensée

Concernant Daniel Kretinsky, le site libanais juge encore : “L’entrée fracassante du milliardaire tchèque dans le capital du Monde, sans aucune garantie de respect de l’indépendance du travail journalistique, fait craindre le pire”. D’autant que “la main basse de Kretinsky sur une partie des médias français l’année dernière, via son groupe d’investissement Czech Media Invest, n’a pas été très bien accueillie”, rappelle le FT.

En effet, “Kretinsky détient désormais Marianne, Elle, France Dimanche, Ici Paris et d’autres titres”, précise La Vanguardia. Mais, ajoute le quotidien espagnol, “le cas du Monde est plus délicat, parce que c’est une institution emblématique de la liberté de pensée et d’un journalisme qui ne cède pas face au pouvoir.”