Autisme : pourquoi les femmes sont sous-diagnostiquées

Publié le par Hélène Bour

Les médecins diagnostiqueraient davantage l’autisme chez les femmes si leur capacité à dissimuler leurs difficultés sociales étaient mieux comprises, suggère une nouvelle étude scientifique.

Si les femmes autistes sont généralement diagnostiquées plus tard que les hommes, et que les hommes sont plus affectés que les femmes (trois à quatre garçons pour une fille selon les estimations), ce serait surtout parce que les fillettes, jeunes filles et femmes autistes seraient plus susceptibles de dissimuler leurs symptômes.

C’est ce qu’affirment des chercheurs dans une nouvelle étude scientifique publiée dans la revue Autismet présentée il y a quelques jours au British Science Festival de l'Université de Warwick (Royaume-Uni). 

Les scientifiques ont ici étudié les résultats d’un sondage en ligne portant sur les différences entre les sexes en matière de camouflage social chez des adultes autisteset non autistes. Ils ont alors constaté que les femmes autistes étaient plus susceptibles de camoufler leurs difficultés sociales que les hommes autistes. Aucune différence n’a en revanche été constatée entre hommes et femmes ne présentant pas de traits autistiques.

Sous sa forme la plus complexe, le [camouflage social] implique l’adoption d’un personnage. Chez les femmes en particulier, cela peut se traduire par l’observation d’autres femmes qui semblent populaires, et la copie de leur gestuelle ou de leurs vêtements”, a souligné le Dr Will Mandy, coauteur de l’étude. “Toute personne qui est au fait sur l’autisme ne sera pas surpris de ces résultats”, a commenté Hannah Hayward, chercheuse dans le domaine de l’autisme chez les femmes, au sein du King’s College de Londres, interrogée par The Guardian. “Nous constatons que les traits autistiques de beaucoup de filles ne sont pas repérés ou reconnus de la même façon que le sont les traits autistiques des garçons à l’école. Et cela est dû au fait que l’on utilise le même moule pour diagnostiquer garçons et filles, alors que souvent, leur autisme ne repose pas sur les mêmes critères”, a déploré la spécialiste.

Les comportements de camouflage social les plus communs incluent le fait d’apprendre à établir un contact visuel en observant les autres, ou encore de supprimer les envies irrépressibles de bouger que certains autistes trouvent réconfortantes, comme le fait de se balancer ou d’agiter ses mains… Les chercheurs estiment que le camouflage social peut être une façon d’éviter les moqueries, le harcèlement, et donc de se protéger.

Avec cette étude, les chercheurs veulent inviter les médecins à mieux diagnostiquer l’autisme chez les femmes, pourquoi pas en incluant le camouflage social comme un éventuel critère de diagnostic supplémentaire. 

Source : The Guardian