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Dix adjectifs à ressusciter à tout prix

Ronald Grant Archive/Mary Evans/Rue des Archives

«Zélateur», «capricant»... Ils sont un peu vieillots. Petit à petit, ils disparaissent des colonnes de nos dictionnaires. Alors, pour ne pas les oublier tout à fait, Le Figaro vous propose de (re)découvrir quelques jolis adjectifs.

Ils sont un peu vieillots. Ils traînent dans les colonnes d’anciens dictionnaires. Petit à petit, nous les oublions. Rien de plus naturel de toute évidence. Et pourtant, en découvrant certains de ces mots, nous avons un pincement au cœur. Et l’on se dit que, finalement, il serait peut-être bon de ne pas les effacer tout à fait. Le Figaro vous propose ainsi une liste de jolis adjectifs à ressusciter à tout prix.

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● Stéatopyge

Voisin de «callipyge» («qui a de belles fesses, harmonieusement arrondies»), l’adjectif «stéatopyge» a pour définition: «qui est caractérisé par un développement exagéré du tissu adipeux des fesses; qui a de très grosses fesses», ainsi que le précise Le Trésor de la langue française. Le terme apparaît au XIXe siècle et est formé du grec stéatos, «graisse», -pyge, «fesse, derrière».

● Zélateur, zélatrice

Voilà un mot tout à fait charmant! Emprunté au latin chrétien zelator, «jaloux, envieux; vengeur empressé», le mot prend, dès 1398, le sens suivant: «celui qui montre du zèle pour une cause». Au XXe siècle, il désigne le «partisan, défenseur ardent d’une cause ou d’une personne». Fait intéressant, dès 1700, ce mot était également le nom du «Père Directeur des novices dans certains ordres religieux», lit-on sur le site du CNRTL. Un siècle plus tard, un «zélateur» est une «personne chargée de stimuler les membres du groupe dont elle fait partie».

● Émerillonné, émerillonnée

Qu’il a l’air joyeux, cet adjectif! Et pour cause, il vient du verbe «s’émerillonner», «prendre une humeur gaie, un éclat plus vif». Le mot nous vient de la fin du XVe siècle et est dérivé du nom d’un «petit oiseau de proie», l’émerillon. Il pourrait, note Jean-Loup Chiflet dans son ouvrage Ces mots perdus au fond de nos dictionnaires (Le Figaro), être un synonyme de «guilleret». Seulement, «ce mot a un côté sautillant que n’a pas émerillonné, qui se focalise plutôt sur la vivacité du regard et la gaieté qui s’en dégage».

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● Capricant, capricante

Cela sonne un peu comme «capricorne», pensez-vous peut-être. Vous êtes sur la bonne piste! Le mot vient du latin caprinus, dérivé de capra, «chèvre». L’adjectif «capricant», né au milieu du XIXe siècle selon Le Trésor de la langue française, désigne donc «ce qui procède par bonds saccadés». Au figuré, il caractérise une personne «fantasque», «capricieuse» ou même, «au comportement imprévisible».

● Fieffé, fieffée

Ainsi que le rappelle Jean-Loup Chiflet, au Moyen Âge, un «fief» est un «domaine concédé par le seigneur à son vassal à charge pour celui-ci de lui fournir certains services». C’est ainsi qu’on disait de celui qui était pourvu d’un fief qu’il était «fieffé». Ce n’est qu’au XIIIe siècle que l’adjectif prend un autre sens. Au figuré, il caractérise «celui qui possède un défaut au plus haut degré». Ainsi peut-on être un «fieffé coquin, menteur ; ivrogne, sot fieffé», découvre-t-on sur le site du CNRTL.

● Nonpareil, nonpareille

«Ce spectacle était assez extraordinaire!», «C’était un discours assez dingue!», «J’ai trouvé ce mariage assez géant». Adjectifs faciles. Nous vous en proposons un autre et avec lequel il est difficile de rivaliser: «Nonpareil». Littéralement, «qui n’a pas d’égal». Exemple: «J’ai trouvé sa prestation nonpareille!» À noter qu’il s’écrit sans trait d’union.

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● Valétudinaire

Élégant, précis, le mot peut aisément être placé dans nos conversations quotidiennes. Ce mot, littéraire, désigne une «personne dont la santé est chancelante, délicate, qui est souvent malade». L’adjectif peut être utilisé pour parler d’une période de l’existence, «qui se passe dans un état quasi continu de maladie, de faiblesse». Puis, au figuré, il peut également être le synonyme de «fragile, chancelant». Ainsi Le Trésor de la langue française donne-t-il cet exemple en citant Musset: «La Russie, ce grand empire valétudinaire».

● Sybaritique

«Les habitants d’une colonie grecque du sud de l’Italie (Subaris) avaient la réputation de mener une vie de luxe sans se fatiguer», note Jean-Loup Chiflet. C’est ainsi que leur nom est devenu synonyme d’individus dont le but est de rechercher «un plaisir raffiné», précise le CNRTL. «L’adjectif sybaritique s’est ensuite appliqué à tout ce qui est propre aux sybarites. Le luxe, le raffinement, mais associés à une certaine forme de mollesse ; cette idée de mollesse disparaissant peu à peu, il ne reste plus que la notion de luxe et même de grand luxe», précise l’auteur.

● Turpide

Le terme vient là encore du latin turpido, «turpitude», lui-même dérivé de turpidus, turpis, «honteux». Il est attesté en 1395 au sens d’«action honteuse». Avant de vouloir dire «d’une grande laideur morale». Ainsi parle-t-on d’«âme turpide», de «projet ou propos turpide». Sachez que, même s’il est rare, l’adverbe existe: «turpidement». Un synonyme d’«honteusement».

● Recru

«J’ai eu une journée horrible! Je suis recru !» Comprenez: «Je suis éreinté». Le mot «est le participe passé du verbe de l’ancien français recroire». Ce dernier a d’abord signifié «renoncer; s’avouer vaincu». Puis, plus largement, «le fait de se fatiguer jusqu’à l’épuisement». Au XIIe siècle, l’on employait le verbe en parlant des chevaux. Au XVIIIe siècle apparaît l’expression «recru de fatigue». Il a également fini par être associé avec d’autres mots comme: «Il est recru de désespoir» ou encore, «le monde est recru de souffrance» (Duhamel).

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1 commentaire
  • Trucy59

    le

    Bon article, qui oublie de citer l'adjectif "difficile" que la "novlangue" a complètement fait disparaître du langage courant et lui préfère l'adjectif "compliqué". Avez remarqué? Plus rien n'est "difficile" mais "compliqué"..... ce qui est une erreur fondamentale (voir l'article du Figaro du 17/09/2017 sur ce sujet). http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/09/17/37003-20170917ARTFIG00004-complique-complexe-ou-difficile-ne-faites-plus-la-faute.php

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