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« Mon expérience de mort imminente a été une expérience de vie »

Solène Vestris
Publié le 12/09/2019 à 17:37 Modifié le 17/09/2019 à 12:01
« Mon expérience de mort imminente a été une expérience de vie »

Fabienne Raoul a vécu une EMI : une Expérience de Mort Imminente. Ou plutôt, pour elle, une expérience de vie incroyable. Dans son livre « Mon bref passage dans l’autre monde », cette ex-ingénieure nucléaire revient sur cet aller-retour « là-haut », dans une autre réalité.

« J’ai fait un malaise cardiaque en 2004 au travail. Je suis tombée violemment en arrière, raide sur une table, puis sur le sol avec un gros choc à la tête. Je ne me souviens de rien, sauf d’être immédiatement passée ailleurs, dans un espace blanc, lumineux, n’ayant aucune limite. Il y avait des personnes en face de moi qui m’attendaient en arc de cercle. Des hommes et des femmes, mais pas au sens matériel et biologique comme nous. Plutôt des silhouettes lumineuses et charismatiques, avec un être encore plus charismatique au centre. Pour moi, c’était comme un retour à la maison. La première chose que je me suis dit, c’est : « je suis morte ». Mais c’était naturel, je ne ressentais aucune peur. Un sentiment d’amour incroyable émanait d’eux. Cet état d’amour intense, je ne l’avais jamais vécu. C’était extrêmement puissant.

 

Cette expérience de mort imminente a duré 1 minute pendant laquelle j’étais inconsciente. Je n’avais aucune notion de temps. Il y avait seulement une musique qui venait à mes oreilles, que je qualifie aujourd’hui de céleste. Elle était beaucoup plus intense, beaucoup plus pure que n’importe quelle musique.

Un réveil difficile

A mon réveil, je n’ai pas compris ce qu’il s’était passé. C’est comme si on m’avait propulsée directement en haut d’une montagne, sans passer par l’étape d’escalade, avec un ressenti d’amour inconditionnel. Lorsque je suis revenue dans mon corps, j’avais des douleurs partout.

« Qu’avais-je vécu ? Etait-ce une hallucination, était-ce vrai ? »… Les questions et le doute m’ont tout de suite assaillie. Puis, mon côté rationnel est revenu. J’ai alors commencé à creuser, à chercher des informations. Je savais au fond de moi, que, bien qu’inconsciente, ma conscience, elle, était lucide pendant cette expérience.

J’ai lu des livres scientifiques car je ne voulais pas partir dans des théories ésotériques. Je voulais vraiment comprendre pas à pas. C’est donc là que j’ai découvert les livres de Raymond Moody, psychiatre américain qui a étudié cliniquement les témoignages des personnes qui avaient vécu ces EMI avec le cœur arrêté, ou dans le coma. J’ai réalisé que je n’étais pas seule à en avoir vécu une. 

Une Expérience de Vie

Le terme expérience de mort imminente ne me paraît pas adapté. Pour moi, il s’agit d’une expérience de vie : l’EMI est un état modifié de conscience avant toute chose. Lorsqu’on en vit une, on touche à quelque chose d’autre, une autre réalité, mais on revient dans notre corps. Je suis là aujourd’hui, je ne suis pas morte. A mon sens, c’est important de faire la distinction. En revanche, peut-être avons-nous un aperçu de la mort. Mais nous le saurons qu’au moment venu. 

Mon bref passage dans l’autre monde, Fabienne Raoul

Pour aller plus loin

Publié aux éditions Leduc, ce récit raconte l’expérience de mort imminente qu’a vécue l’ancienne ingénieure nucléaire Fabienne Raoul. Entre témoignage et éclairage scientifique, Fabienne Raoul s’appuie sur les dernières recherches en physique quantique pour expliquer ce qui lui est arrivé. 

Une nouvelle perception de la vie

L’EMI a été pour moi un déclencheur, une prise de conscience qui a complètement changé ma vision de la vie. Désormais, je pense que notre réalité telle que nous la percevons quotidiennement avec nos 5 sens n’est pas la seule qui existe. C’est compliqué d’exprimer ce que j’ai vécu, ce que j’ai ressenti à ce moment-là, lors de ce passage dans une autre dimension. Je ne mets pas réellement de mots dessus car les mots sont trop étiquetés. J’ai simplement vécu une expérience hors du commun, comme une connexion avec un autre monde. Cette autre réalité nous dépasse complètement. Elle est impalpable, indéfinissable et pourtant bien présente. Mon vécu m’a ouvert l’esprit.

Au niveau de ma vie de tous les jours, je suis aussi beaucoup plus dans le ressenti, plus intuitive et empathique. Avant j’étais très analytique et factuelle, en raison de ma profession. Je n’étais pas du tout attirée par la psychologie, alors qu’aujourd’hui, je trouve ça passionnant. J’ai conscience qu’on ne maîtrise finalement pas grand-chose et que nous faisons partie d’un tout.

Les bizarreries

Suite à mon EMI, j’ai aussi vécu ce que j’appelle les « bizarreries » : des choses non rationnelles, mais qui je pense, trouveront une explication dans la science un jour.

Après mon EMI, je me suis formée au secourisme pour « rendre ce qui m’a été donné ». Je suis intervenue un jour sur un motard car à l’époque, je m’étais engagée dans la protection civile. J’avais également créé mon association de secourisme. Il avait eu un accident. J’ai fait le bilan, il était inconscient et ne respirait pas. Je ne pouvais rien faire, je n’avais pas de ciseaux pour couper son sac à dos puisqu’il était au sol, ni lui prodiguer un massage cardiaque. Dans un état de vide intérieur et de panique complète, je m’en suis remise à « là-haut »… J’ai alors ressenti une énergie qui passait dans mon bras, ma main était en contact avec le motard et quelques secondes après, sa respiration est repartie de manière incroyable. Je ne dis pas l’avoir guéri. Ce n’est absolument pas rationnel et je reste les pieds sur terre. Je ne peux pas expliquer ce qu’il s’est passé.

Aujourd’hui, j’apprends à apprivoiser ces bizarreries. Ce sont des choses que je ne contrôle pas, comme les rêves prémonitoires. Quand j’en ai, je les note, j’informe la personne qui était dans mon rêve, puis je date : ce procédé permet d’avoir des preuves. L’an dernier, il y a eu un attentat au Texas, un jeune qui a tué des lycéens. Neuf jours avant, j’en avais parlé à une amie : Sonia Barkallah, réalisatrice du film documentaire « Faux Départ ? » sur les EMI. Dans ce cauchemar, j’étais une étudiante cachée sous une table, et je voyais le tireur arriver avec son fusil. Je savais que j’étais aux Etats-Unis, et je vivais, je ressentais les émotions de la lycéenne. Je me suis réveillée en nage… Quand j’ai vu les informations neuf jours plus tard, je me suis dit ‘ce n’est pas possible’.

Finalement, je pense que le passé, le présent et le futur ne font qu’un et que le temps ne serait qu’une illusion. Tout ne serait qu’un vaste champ d’informations auxquelles nous nous connectons. Le cerveau pour moi est un relais, comme un douanier : il laisse passer l’information, ou pas. Personnellement, j’arrive à capter des informations de l’invisible. Ce sont des informations auxquelles nous avons tous accès, je suis peut-être simplement plus ouverte pour les laisser passer. Mais je ne contrôle pas ce phénomène.

L’envie de partager

Au début, je n’ai pas raconté à beaucoup de monde ce qui m’est arrivé. J’avais peur qu’on me prenne pour une folle. Mais ça a été le début d’une ouverture. Avec le temps, je me suis donc dit qu’il fallait que j’en parle. J’ai écrit pour rassurer les gens qui vivent ces phénomènes et leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Pour moi, il est désormais évident qu’il existe une autre réalité ». 

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