Fernand Deligny : "Mon boulot, c’est que ces enfants aient affaire à autre chose qu’à ce qu’ils connaissent, à un ailleurs, à un autrement"

Fernand Deligny, 1959• Crédits : Avec l'aimable autorisation des éditions l'Arachnéen
Fernand Deligny, 1959• Crédits : Avec l'aimable autorisation des éditions l'Arachnéen
Fernand Deligny, 1959• Crédits : Avec l'aimable autorisation des éditions l'Arachnéen
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Dans "Mémoires du siècle", Fernand Deligny, pionnier de l'éducation spécialisée, racontait sa vie et son action auprès d'enfants et d'adolescents en grande souffrance, mais aussi auprès de délinquants et d'autistes. Une émission diffusée pour la première fois le 1er septembre 1989.

Au début de son film Le moindre geste, on entend Fernand Deligny prononcer ces mots pour nous présenter Yves, ce garçon de vingt-cinq ans avec qui il tourna, entre 1962 et 1964, dans l’un de ces lieux fondé par lui, et qu’il appelait ses « tentatives » : 

"Débile profond, disent les experts ; tel il est dans le moindre geste, tel il est dans la vie de tous les jours que nous menons ensemble depuis dix ans et plus. Tel il est pour nous source intarissable de rire aux larmes, quoi qu’il arrive, et, dans ce film comme dans la vie très quotidienne, porteur d’une parole dont je certifie qu’elle n’est pas la mienne. Mais pourquoi faudrait-il que la parole appartienne à quelqu’un, même si quelqu’un la prend ?". 

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Après avoir après-guerre fondé "La grande cordée", association spécialisée dans l’hébergement d’enfants et d’ adolescents délinquants, Deligny choisit en 1953 de s’installer à la campagne, dans des lieux retirés, en compagnie d’enfants atteints de troubles profonds. Dans le Vercors, en Auvergne, dans les Cévennes, et à partir de 1967 au hameau des Graniers, sur la commune de Monoblet, où sa dernière " tentative" de vie avec des enfants autistes, s’est poursuivie après lui. 

En 1989, il racontait au micro d’Antoine Spire quelques éléments de son parcours : son enfance lilloise, sa découverte de l’asile d’Argentières avant et pendant la guerre, son expérience d’instituteur sur place, puis la fondation de ces "tentatives", en marge, hors de l’institution : "On me prend pour quelqu’un qui soigne, qui rééduque, dit-il dans cet entretien. Mais mon boulot ce n’est pas ça. Mon boulot, c’est que ces enfants aient affaire à autre chose qu’à ce qu’ils connaissent – à un ailleurs, à un autrement…"

Il disait aussi, critiquant la notion d'asile : "Il n’y avait pas de travail thérapeutique… On en sortait jamais : du pavillon à la morgue !" et sur lui-même_, "La guérison, ce n’est pas mon rayon ça, ça regarde un médecin, je ne suis pas médecin"._

  • Production : Antoine Spire
  • Réalisation Nicole Millienne  
  • Mémoires du siècle - Fernand Deligny 
  • Indexation web : Documentation sonore de Radio France
  • 1ère diffusion : 01/09/1989

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