La France, qui avait refusé d’accéder à la demande d’asile politique du lanceur d’alerte américain Edward Snowden en 2013, « n’a pas de raisons de changer de point de vue », a estimé, jeudi 19 septembre, son ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
M. Snowden avait fait savoir qu’il « aimerait beaucoup » que la France lui accorde l’asile dans un entretien avec la radio publique française France Inter diffusé lundi. En 2013, le président de la République François Hollande avait rejeté sa demande, en alléguant de la non-présence d’Edward Snowden sur le territoire français, condition de la mise en œuvre de la convention de Genève sur l’asile.
Mais la France dispose depuis 1946 d’une procédure de protection exceptionnelle dont peut bénéficier « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté », sans condition de présence. La garde des sceaux, Nicole Belloubet, s’est dite favorable à une telle formule, tout comme la députée européenne macroniste Nathalie Loiseau, pour qui Edward Snowden « a rendu service à l’humanité ».
Ce n’est « pas opportun »
« Pour l’instant, c’est une demande par voie médiatique, mais a priori je ne vois pas de raisons de changer de point de vue », a, de son côté, réagi le chef de la diplomatie française interrogé sur la chaîne de télévision CNEWS, soulignant qu’Edward Snowden « réside à Moscou ».
« Il avait demandé l’asile en France, mais ailleurs aussi, en 2013. A ce moment-là, la France avait estimé que ce n’était pas opportun, je ne vois pas aujourd’hui ce qui a changé ni d’un point de vue politique ni d’un point de vue juridique », a insisté Jean-Yves Le Drian.
Employé de l’agence américaine de renseignement NSA devenu lanceur d’alerte, Edward Snowden avait révélé en 2013 l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications et d’internet. Les Etats-Unis l’ont inculpé d’espionnage et de vols de secrets d’Etat. M. Snowden a demandé la protection de plus de vingt pays, dont la France et l’Allemagne, refusée pour une raison ou une autre. Il s’est réfugié en 2013 en Russie, où son permis de séjour a été reconduit jusqu’en 2020.
Il a sorti le 17 septembre ses mémoires, publiées simultanément dans une vingtaine de pays dont les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Brésil ou encore Taïwan.
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