Plus de deux millions de riverains de centrales nucléaires vont recevoir ces prochains jours des courriers de l'Autorité de sûreté nucléaire dans le cadre d'une campagne complémentaire de distribution de comprimés d'iode. Celle-ci fait suite à l’augmentation de 10 à 20 kilomètres des périmètres de sécurité autour des installations en cas d'accident avec rejets radioactifs. Une décision prise en réaction à la catastrophe de Fukushima en 2011.

En quoi consiste la campagne lancée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ?
Le 17 septembre, le gendarme de l’atome a adressé un courrier aux habitants, aux établissements publics et aux écoles situés entre 10 et 20 kilomètres autour des 19 centrales nucléaires françaises. Il s’agit de les alerter sur les conduites à tenir en cas d’accident nucléaire et de leur fournir des comprimés d’iode. Les destinataires du courrier auront la possibilité de retirer ces comprimés auprès des 646 pharmacies d’officine participant. "Cette campagne de distribution préventive d’iode est une campagne de sécurité sanitaire. Il est donc fondamental d’y associer les citoyens, car la sécurité civile repose sur l’implication de chacun : mieux informées, les populations seront en mesure de se protéger et de protéger les autres en cas d’alerte nucléaire", explique l’ASN dans un communiqué.
Qui est concerné ?
Auparavant, la distribution concernait 600 000 habitants vivant dans un périmètre de dix kilomètres autour d’une des centrales. Mais l’extension à 20 kilomètres rajoute 2,2 millions d’habitants, 200 000 établissements publics et scolaires et 1 063 nouvelles communes. Les conséquences sont très importantes puisque désormais des zones urbanisées de moyenne et grande densité sont concernées comme Dunkerque, Calais et une partie de l’agglomération lyonnaise.
Centrales nucléaires en France
Pourquoi ce changement de périmètre ?
Lors de l’accident de Fukushima au Japon en 2011, les autorités avaient dû décréter une zone d’évacuation de 20 kilomètres autour de la centrale et une zone de confinement à 30 kilomètres. Cette zone d’évacuation a duré presque trois années. Suite à cet événement, les autorités françaises ont décidé d’accroître les zones concernées par le plan particulier d’intervention (PPI) en cas d’accident nucléaire. La décision a été officialisée en 2016. Mais il a fallu encore du temps pour délimiter précisément les zones concernées, étant donné que certaines villes limitrophes refusaient d’y être incluses, tandis que d’autres l’exigeaient.
À quoi sert l’iode ? 
Lors d’un accident nucléaire, l’un des premiers risques est le rejet d’iode radioactif dans l’atmosphère. Ce radioisotope va se fixer très vite sur la glande thyroïdienne et perturber son fonctionnement. Ce qui est très grave car cet organe est responsable de la régulation hormonale. La prise d’une quantité importante d’iode stable va saturer les récepteurs de la thyroïde qui ne fixera alors plus l’iode radioactif.
Que faire en cas d’accident ?
Dans cette campagne de sensibilisation, l’ASN rappelle aux populations les six réflexes à suivre en cas d’accident. Premièrement, se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur en fermant les issues et en coupant la ventilation. Deuxièmement, se tenir informer à la radio, à la télévision ou sur le site de la préfecture. Troisièmement, ne pas aller récupérer ses enfants à l’école, ceux-ci étant pris en charge par les autorités. Quatrièmement, ne pas téléphoner pour ne pas saturer les réseaux de communication. Cinquièmement, prendre les comprimés d’iode lorsque la préfecture en donne l’instruction. Sixièmement, préparer des affaires en vue d’une éventuelle évacuation.
Ludovic Dupin @LudovicDupin

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