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Qatar : malgré les promesses, les travailleurs migrants toujours floués, dénonce Amnesty

Photo d'illustration AFP

Malgré les promesses de réformes en amont de la Coupe du monde de football de 2022, "des centaines de travailleurs migrants du Qatar attendent toujours en vain d'être rémunérés et indemnisés", d'après de nouvelles recherches rendues publiques jeudi par Amnesty International.

"Les employeurs peu scrupuleux continuent d'avoir le champ libre dans le pays", a déclaré Stephen Cockburn, le directeur adjoint du programme Thématiques mondiales à Amnesty International. "Bien souvent, les travailleurs migrants se rendent au Qatar dans l'espoir d'offrir à leur famille une vie meilleure, mais ils sont nombreux à revenir dans leur pays sans le moindre riyal (la monnaie utilisée au Qatar, ndlr) après plusieurs mois de démarches pour se voir verser leurs salaires", a-t-il encore dit, cité dans un communiqué.

Dans un rapport diffusé le jour où le président français Emmanuel Macron reçoit à Paris l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani, l'ONG de défense des droits humains souligne que cette situation "intervient alors même que les autorités du Qatar ont mis en place de nouvelles commissions chargées de régler rapidement les conflits du travail, dans le cadre des réformes convenues en amont de la Coupe du monde de football de 2022".

Après l'attribution de cette compétition à l'émirat, le Qatar a été accusé d'"esclavagisme" par des médias et des organisations des droits de l'Homme, en raison des conditions de travail de la main-d’œuvre étrangère travaillant sur le chantier.

Amnesty précise que ces commission ont reçu plus de 6.000 plaintes en 2018, dont la majeure partie n'avait toujours pas eu de suites à la fin de l'année. Même dans les cas où ces commissions accordent une indemnisation, celle-ci est "rarement versée".

A ce jour, le Qatar n'a pas mis en place le fonds de soutien qu'il avait promis en octobre 2018, souligne le rapport. Le Qatar a "fait des progrès substantiels dans les réformes du travail", a répondu un porte-parole du gouvernement.

"Nous continuons à travailler avec les ONG, y compris l'OIT (Organisation internationale du travail, ndlr), pour faire en sorte que ces réformes soient ambitieuses et efficaces", a-t-il poursuivi dans un communiqué, ajoutant avoir dit dès le départ que "cela prendrait du temps".

Depuis mars 2018, Amnesty International suit plus de 2.000 personnes tentant de récupérer leur dû après avoir travaillé pour Hamton International, Hamad bin Khaled bin Hamad (HKH) et United Cleaning. Ces entreprises du BTP et du nettoyage, invoquant des difficultés financières, ne les ont plus payés pendant plusieurs mois, avant de cesser leur activité et de mettre fin à leurs contrats de travail.

Amnesty cite le cas d'un employé kényan d'United Cleaning : "J'ai dû vivre avec très peu de nourriture et sans salaire pendant cinq mois. Ma famille a été durement touchée", témoigne-t-il. La nourriture, qu'il espérait se procurer plus facilement en allant travailler au Qatar, il l'a finalement trouvée "dans les poubelles".

Malgré les promesses de réformes en amont de la Coupe du monde de football de 2022, "des centaines de travailleurs migrants du Qatar attendent toujours en vain d'être rémunérés et indemnisés", d'après de nouvelles recherches rendues publiques jeudi par Amnesty International. "Les employeurs peu scrupuleux continuent d'avoir le champ libre dans le pays", a déclaré Stephen Cockburn,...