Une femme en blazer rouge s'étonne

Selon Forbes, pour être innovant, il faut être un homme

© Khosrork via Getty Images

Le média américain vient de publier la liste des 100 leaders les plus innovants, composée à 99%... d’hommes. Un classement discutable, sans compter que ce n’est pas la première fois que Forbes est épinglé pour sexisme.

La réputation, les connexions sociales, la création de valeur et les attentes des investisseurs. Voilà les quatre critères sur lesquels se sont basées les équipes de Forbes pour établir le classement des « 100 leaders les plus innovants des États-Unis ». Rien ne laissait supposer que l’initiative allait tourner au vinaigre.

En tête de liste, les incontournables (et pas toujours les plus reluisants) du moment. Premiers ex-aequo ? Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, et Elon Musk, fondateur de Tesla. Dans le top 10, on retrouve Mark Zuckerberg (Facebook), Satya Nadella (Microsoft), Tim Cook (Apple) ou encore Larry Page (Alphabet). Rien de neuf, donc, sous les tropiques : des GAFA et beaucoup de mâles.

Une femme fait tout de même son entrée au classement – wahou. Il s’agit de Barbara Rentler, CEO de Ross Stores, qui fait son entrée à la 75ème place. Mais la dirigeante n’a même pas droit à sa photo aux côtés des autres leaders. Faut pas pousser.

3 hommes et un coup pas très fin    

À l’origine du classement, trois hommes – deux profs d’école de commerce et un consultant. De quoi attiser l’ire des internautes, qui n’ont pas manqué de pointer du doigt le sexisme du classement. Certaines dirigeantes ont même pensé qu’il s’agissait, au départ, d’un classement exclusivement masculin, à l’instar de Sarah Friar (qui siège au conseil d’administration de Slack et Walmart).

Randall Lane, rédacteur en chef de Forbes, a reconnu que le classement était malheureux. Néanmoins, il s’est défendu d’un quelconque biais sexiste. « La majorité des listes publiées par Forbes sont élaborées à partir de données et d’une méthodologie précise », peut-on lire dans le communiqué publié sur le site. Il regrette cependant une opportunité manquée. « Les femmes, comme nous le savons tous, ne sont pas suffisamment représentées à la tête des grandes entreprises (elles ne sont que 5% au sein des entreprises du S&P 500) et c’est encore pire dans les boîtes de la tech. En d’autres termes, malgré notre méthodologie très calibrée, les femmes n’ont jamais vraiment eu leur chance au sein de ce classement. »

Un homme en tête du classement des « femmes à suivre dans la tech »

OK, ce n’est pas un secret : les inégalités en entreprise (et surtout aux postes haut placés) ont la peau dure. Peut-être que Forbes pourrait revoir sa méthodologie – ça, ça serait vraiment innovant. Surtout que ce n’est pas la première fois que le média dérape.

En 2018, Forbes avait sorti le classement des « 92 femmes à suivre dans la Tech en France ». Actualisé depuis sa publication originelle, le classement couronnait en meilleure « entrepreneuse », Abdoulaye Doucoure, « co-founder » d’Ethergency (comme en témoigne toujours l’article des Echos à ce sujet).

Problème : Abdoulaye Doucoure… est un homme. Et là, difficile de reporter la faute sur le système ou sur un algorithme.

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
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