Coupe du monde de rugby : les stars à suivre

À partir de ce vendredi et jusqu’au 2 novembre, la Coupe du monde de rugby se déroule au Japon et rassemble 20 sélections. Zoom sur les principaux joueurs à suivre lors de cette compétition.

 Premier capitaine noir de la sélection sud-africaine, Siya Kolisi fait partie des joueurs à suivre lors de cette Coupe du monde de rugby.
Premier capitaine noir de la sélection sud-africaine, Siya Kolisi fait partie des joueurs à suivre lors de cette Coupe du monde de rugby. Charly Triballeau/AFP

    La Coupe du monde de rugby débute ce vendredi avec un match d'ouverture opposant le Japon et la Russie (12h45, TF1). Parmi les vingt sélections engagées, nous avons sélectionné cinq joueurs aux profils atypiques, de par leur engagement ou leur personnalité et qui vont pimenter à coup sûr cette 9e édition.

    Sonny Bill Williams (Nouvelle-Zélande) : plus qu'un joueur

    Sonny Bill Williams à l’entraînement à Tokyo le 17 septembre dernier. AFP/Charly Triballeau
    Sonny Bill Williams à l’entraînement à Tokyo le 17 septembre dernier. AFP/Charly Triballeau Charly Triballeau/AFP

    Impossible de résumer Sonny Bill Williams à son seul statut de rugbyman et à son physique aux proportions de statue grecque (1,97m et 111 kg). Le centre néo-zélandais, déjà double champion du monde (53 sélections) à XV, aurait pourtant de quoi alimenter la conversation par ses seules performances.

    Mais à 34 ans, SBW est bien plus. En mars dernier, ému aux larmes, le All Black converti à l'islam avait posté une vidéo poignante juste après la tuerie de Christchurch au cours de laquelle un suprémaciste avait abattu froidement 51 personnes à la sortie de deux mosquées.

    Tantôt boxeur, tantôt star du XIII (il est également champion du monde de la discipline), Sonny Bill a déjà eu plusieurs vies. Recruté par Toulon (2008-2010), les Néo-zélandais comprennent alors que le roi de la passe après contact peut leur échapper en vue de la Coupe du monde organisée en Nouvelle-Zélande en 2011. Ils rapatrient le phénomène sur l'île à la fougère et ne le regretteront pas.

    Jonathan Sexton (Irlande) : le général vert

    L’ouvreur irlandais Jonathan Sexton contre le XV de France au Tournoi des Six Nations, le 10 mars 2019 à Dublin. AFP/Damien Meyer
    L’ouvreur irlandais Jonathan Sexton contre le XV de France au Tournoi des Six Nations, le 10 mars 2019 à Dublin. AFP/Damien Meyer Charly Triballeau/AFP

    Chez les Sexton, le ballon ovale est une affaire de famille. John, le père, et Willie, l'oncle, ont porté plusieurs fois le maillot de l'Irlande. Le chemin était donc tout tracé pour Jonathan, qui connaît, en 2009, sa première sélection lors d'un match face aux îles Fidji.

    Pourtant, ses débuts sont difficiles car l'ouvreur peine à être recruté par un club professionnel. C'est grâce à un mental d'acier et à des caractéristiques physiques impressionnantes qu'il va finir par être repéré par l'équipe du Leinster. Ce chef d'orchestre, qui brille par la qualité de son jeu au pied a aussi animé le jeu du Racing de 2013 à 2015 avant de retourner dans son club de cœur, Leinster. Un passage en France marqué par 350 points en 40 matches ! Au Japon, pour la Coupe du monde, l'Irlande pourra compter sur son demi d'ouverture, 34 ans et élu meilleur joueur de l'année 2018 et véritable cadre de ce XV du Trèfle.

    Siya Kolisi (Afrique du Sud) : à jamais le premier

    Depuis juin 2018, les Springboks sont, pour la première fois de leur longue histoire (127 ans), menés par un capitaine noir, Siya Kolisi. Et si le principal intéressé refuse de voir une connotation politique dans sa nomination, le symbole est immense et puissant dans la nation Arc-En-Ciel qui peine à tourner définitivement la page de son douloureux passé.

    Pendant le régime ségrégationniste et raciste de l'Apartheid, la majorité noire n'avait pas le droit de jouer pour les Springboks. Certes des noirs ont depuis régulièrement intégré l'équipe sud-africaine mais des quotas instaurés pour cette Coupe du monde imposent désormais une parfaite parité entre noirs et blancs au sein des Boks.

    La nomination de Kolisi, troisième ligne, à la tête de la sélection nationale a valu au joueur de 28 ans une campagne de boycott mais aussi des critiques racistes après avoir épousé une femme blanche. Des polémiques qui ont agité les médias et les réseaux sociaux mais n'ont pas perturbé le principal intéressé qui aligne les très bonnes performances. 24 ans après le succès des Springboks en finale de « leur » Coupe du monde et quelques jours après la mort de Chester Williams, seul joueur noir de cette génération championne du monde, Siya Kolisi doit guider l'Afrique du Sud sur le toit du monde pour, peut-être, égaler la Nouvelle-Zélande avec un troisième sacre.

    Owen Farrell (Angleterre) : la tête à claques

    Owen Farrell lors de la cérémonie de présentation de l’équipe d’Angleterre au Japon. AFP/Gabriel Bouys
    Owen Farrell lors de la cérémonie de présentation de l’équipe d’Angleterre au Japon. AFP/Gabriel Bouys Charly Triballeau/AFP

    C'est « l'Anglais qu'on aime détester » ou la véritable « tête à claques » de ce XV de la Rose. À 27 ans, l'ouvreur des Saracens a garni son armoire à trophées ces dernières années. Deux succès dans le Tournoi des Six Nations, trois coupes d'Europe avec les Saries et quatre titres de champion d'Angleterre ont assis définitivement la réputation du jeune homme. Ses mimiques au moment de botter les pénalités peuvent faire sourire mais Farrell n'en reste pas moins un redoutable chef d'orchestre, véritable métronome au pied et remarquable défenseur. En témoignent les plaquages à la limite de la règle qu'il a infligés lors des test-matches d'automne au Sud-africain André Esterhuizen et à l'Australien Izack Rodda.

    Si l'Angleterre va loin dans la compétition, elle le devra sans doute à son maître à jouer. Elle tient peut-être enfin un digne successeur à Jonny Wilkinson, 16 ans après le seul titre mondial remporté par les Anglais grâce à un drop de son ouvreur. De quoi faire oublier la déconvenue de 2015 quand le XV de la Rose avait quitté SA Coupe du monde par la petite porte dès les phases de poules.

    David Pocock (Australie) : le plaqueur militant

    David Pocock./REUTERS/Jason O’Brien
    David Pocock./REUTERS/Jason O’Brien Charly Triballeau/AFP

    Infatigable plaqueur, formidable gratteur, David Pocock (31 ans) est sans aucun doute l'un des meilleurs troisième ligne du monde et une personnalité incontournable du rugby australien. Mais le Wallaby aux 77 sélections se signale également sur d'autres terrains, plus politiques ceux-là. Né au Zimbabwe, il a été contraint de fuir le pays pour se réfugier en Australie après les tentatives de Robert Mugabe, récemment décédé, d'exproprier les fermiers blancs. Depuis l'âge de 14 ans, son engagement pour l'environnement occupe désormais une grande partie de sa vie dont il n'hésite pas à partager les moments sur les réseaux sociaux.

    En 2014, il a même été arrêté après s'être enchaîné à une pelleteuse géante à l'extérieur d'une mine de charbon, lors d'une manifestation de soutien à un agriculteur. Ses combats, multiples, concernant désormais l'homophobie. Il a déclaré qu'il n'épouserait pas sa compagne tant que les couples gays ne pourront pas faire de même en Australie. Blessé en début d'année, son sélectionneur n'a pas hésité à l'emmener même à court de compétition pour ce qui sera sans doute à 31 ans sa dernière Coupe du monde.

    Un tweet militant dans lequel Pocock explique comment lutter contre les gaz à effet de serre

    > Téléchargez en format A4 le calendrier complet de la Coupe du monde de rugby