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La France ne compte plus que 100 cabines téléphoniques en état de marche

Un cimetière français de cabines téléphoniques.

Un cimetière français de cabines téléphoniques. - Simon Buisson/ BFM

Info BFMTV - Depuis 2015, la fin de vie des cabines téléphoniques suit son cours. Entre recyclage, aménagement par les collectivités locales ou encore revente sur des réseaux parallèles, toutes retrouvent un second souffle.

Il fallait parfois patienter plusieurs minutes pour que l'une d'entre elles se libère. Les cabines téléphoniques ont bel et bien cessé d'être courtisées et feront bientôt office d'antiquités. Ces "publiphones", selon leur nom consacré, n'auront pas résisté au développement de la téléphonie mobile. Depuis 2015, et la loi Macron, leur arrêt de mort est acté. Toutes sont vouées à disparaître. Et pourtant, comme les divas, les cabines téléphoniques ont fait plusieurs fois leurs adieux, sans totalement renoncer à la scène.

La France en comptait 300.000 il y a 20 ans, il n'en reste plus que 300, selon les derniers chiffres transmis à BFM Tech par Orange, qui gère le parc restant. Et sur ces 300 cabines, seules 100 irréductibles exemplaires sont en état de marche. L'entreprise a pour obligation de les maintenir actives tant que le réseau mobile n'aura pas pris le relais.

Ces cabines sont en effet situées dans des zones blanches, grandes oubliées de la 3G et de la 4G. Leur temps moyen d'utilisation mensuel était de 28 secondes en 2018. Il a depuis continué à chuter. "Les cabines en service sont utilisées en moyenne quelques secondes par mois", précise Orange.

Des circuits parallèles

Les 200 cabines désactivées, elles, n'attendent qu'à être embarquées. Une filiale de Veolia, Triade, se charge de leur recyclage dans ses différents centres. Leur sort: être stockées puis nettoyées et broyées. Les terminaux, quant à eux, sont traités en déchets d’équipements électriques et électroniques.

Certaines parviennent néanmoins à échapper à ce destin. Orange peut être amené à effectuer des donations aux communes désireuses de les réaménager. "Le plus souvent, ces cabines sont conservées à leur emplacement afin de servir de libre-service de livres pour les habitants", note ainsi l'entreprise. L'une de ces cabines-bibliothèques subsiste ainsi en région parisienne, à Issy-les-Moulineaux. D'autres peuvent être dénichées à Bourgvallées (Manche), Effry (Aisne), Compertrix (Marne) ou encore Gouarec (Côtes-d'Armor).

Si les cabines "n'ont pas vocation à être vendues", selon les mots d'Orange, de rares exemplaires font entorse à cette règle, en trouvant un second souffle par le biais de circuits de revente alternatifs. Le forum d'Orange regorge de messages de collectionneurs en quête de ces précieuses cabines. 

D'anciens habitacles peuvent être trouvés sur Le Bon Coin ou Facebook Marketplace, l'onglet de vente entre particuliers du réseau social, pour un prix allant de 100 à 400 euros. Et pour les collectionneurs pointilleux, d'anciennes cartes téléphoniques ou pièces détachées de ces cabines sont en vente. Ainsi d'une porte de cabine trouvée sur Le Bon Coin pour 80 euros. 

Une cabine téléphonique vendue sur Facebook Marketplace pour 400 euros.
Une cabine téléphonique vendue sur Facebook Marketplace pour 400 euros. © Marketplace
Certains combinés d'anciennes cabines téléphoniques sont vendus sur Facebook Marketplace.
Certains combinés d'anciennes cabines téléphoniques sont vendus sur Facebook Marketplace. © Marketplace

Les années aidant, les plus anciennes cabines peuvent voir leur prix s'envoler. Une annonce Le Bon Coin met ainsi en avant une cabine des années 80, pour 800 euros.

Une ancienne cabine téléphonique.
Une ancienne cabine téléphonique. © Le Bon Coin

Des cimetières de cabines

Prévue pour 2018, la disparition des cabines téléphoniques n'a eu de cesse d'être repoussée. Les 100 cabines actives ont néanmoins encore très peu de temps devant elles. "Nous ne pouvons donner de date précise à ce stade. Les dernières cabines en service seront maintenues en l'état tant que leur point d’implantation ne sera pas couvert en réseau mobile par au moins un opérateur", souligne Orange. "Tous les opérateurs sont toutefois pleinement mobilisés pour y parvenir, notamment dans le cadre du plan zones blanches."

D'autres pays font traîner le démantèlement de ces équipements. Le Royaume-Uni a également entrepris la désinstallation de ses emblématiques "red phone boxes". Mais seulement la moitié d'entre elles seront dans un premier temps mises de côté, et ce d'ici à 2022. Véritables objets touristiques, ces exemplaires restent entreposés de longs mois dans des cimetières de cabines téléphoniques. L'Allemagne a pour sa part pris un virage singulier: ses anciennes cabines ont progressivement été transformées en bornes de recharge électriques.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech