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ÉTATS-UNIS

Avant / après : des terrains abandonnés transformés en fermes urbaines à Baltimore

Boone Street Farm, une ferme urbaine de Baltimore, aux États-Unis. Photos publiées sur leur page Facebook, montrant comment était la zone avant, en 2014 (gauche), puis après, en 2016 (droite).
Boone Street Farm, une ferme urbaine de Baltimore, aux États-Unis. Photos publiées sur leur page Facebook, montrant comment était la zone avant, en 2014 (gauche), puis après, en 2016 (droite).
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Plusieurs fermes urbaines ont vu le jour à Baltimore, dans le Maryland, dans l’est des États-Unis, notamment au cours de la dernière décennie. Implantées dans des quartiers populaires, elles permettent aux habitants d’accéder à des aliments sains et peu chers, dans une ville où plus d'une personne sur cinq vit dans la pauvreté, et où le taux d'homicide est dix fois supérieur à la moyenne nationale.

Une vingtaine de fermes urbaines sont regroupées au sein de l’Alliance des fermes de Baltimore, une organisation qui les met notamment en contact avec les habitants et les commerçants. Dans cette ville populaire, ces fermes ont permis de réhabiliter certaines zones délaissées.

Hidden Harvest Farm en 2012 (à gauche) et en 2014 (à droite). Photo publiée sur la page Facebook Hidden Harvest Farm.

Boone Street Farm en 2014 (à gauche) et en 2016 (à droite). Photo publiée sur la page Facebook Boone Street Farm.

Park Heights Urban Garden en 2017 (à gauche) et en 2019 (à droite). Photo publiée sur la page Facebook The Plantation - Park Heights Urban Garden.

Ces fermes permettent également à la population d’accéder à des produits frais à un prix nettement moins élevé que dans les supermarchés, dans une ville où près du quart des habitants souffre d’insécurité alimentaire.

"Les gens sont accros aux fast-foods, nous avons besoin de ces fermes"

Johnnie Brown est un policier vivant dans le quartier de Cherry Hill, dans le sud de Baltimore. Il a repris la gestion de l’une de ces fermes urbaines, le Cherry Hill Urban Garden, entre 2015 et 2017. Il revient sur leurs bénéfices, mais également sur les difficultés qu’il a rencontrées.

Photo de Johnnie Brown, publiée le 19 juillet 2016 sur la page Facebook Cherry Hill Community Garden.

Les gens sont accros aux fast-foods, ils ne savent pas comment avoir un mode de vie sain, et il y a du sucre dans tous les aliments, ce qui est addictif... Bien sûr, ils ont le droit de manger ce qui leur plaît, mais parfois, cela peut tuer. Or, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux n’y prête plus attention.

Donc nous avons besoin de ces fermes. Il y a tellement d’avantages au fait de cultiver soi-même... Vous n’avez pas besoin d’acheter de la nourriture, vous pouvez simplement la récolter. Cela ne coûte rien. Et le fait de jardiner apporte beaucoup aux quartiers.

"Les deux premières années, j’ai utilisé beaucoup de mon argent"

En ce qui me concerne, un jour, en 2014, j’ai vu qu’une personne avait installé des bacs dans lesquels se trouvaient des cultures, tout près de chez moi. C’était une femme, Juanita Brown-Ewell, qui avait fait cela : j’ai alors discuté avec elle, et elle m’a expliqué qu’il s’agissait d’un jardin partagé. Mais elle est décédée le 17 février 2015, alors qu’elle fournissait des produits frais aux habitants du quartier, très peuplé, sans supermarché proche.

Donc j'ai commencé à me renseigner un peu plus sur ce lieu, puis j’ai rejoint le comité qui le gérait en tant que vice-président. Mais il n'y avait ni argent, ni subvention, à ma connaissance. Du coup, les deux premières années, j’ai utilisé beaucoup de mon argent pour réparer et apporter des améliorations au jardin… Mon fils, qui n'avait que sept ans à l'époque, m’a aidé. Pendant les deux premières années, c’est surtout nous qui avons travaillé dans ce jardin, sans vraiment être aidés par le reste des habitants. Certains ont un peu aidé, mais pas longtemps, il a été difficile de les impliquer. La plupart des bénévoles venaient d’autres quartiers.

Le jardin urbain de Cherry Hill. Photo publiée le 11 novembre 2014 sur la page Facebook Cherry Hill Community Garden.

Il n’y avait pas non plus d’aide de la Cherry Hill Development Corporation [une organisation exonérée d’impôts dont l’objectif est de "promouvoir le bien-être général et le développement économique des personnes et groupes à faibles revenus habitant dans le quartier de Cherry Hill", NDLR].

Cela faisait des années qu’elle était présente sur place, mais la rue autour du jardin n’était pas du tout entretenue. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de flacons de crack qu’il y avait sur le trottoir. Donc j’ai tout nettoyé et désherbé. Du coup, les gens ont recommencé à marcher sur le trottoir à cet endroit, alors que plus personne ne marchait là. J’ai trouvé cela génial ! Beaucoup de gens ne savaient même pas qu’il y avait un jardin à cet endroit ! L’un des problèmes, c’est qu’ils n’ont pas conscience de ce qu'il se trouve juste à côté de chez eux.

Photo publiée le 6 août 2016 sur la page Facebook Cherry Hill Community Garden.

 

"Nous avons fait pousser des centaines de kilos de produits"

Nous avons fait pousser des centaines de kilos de produits : des choux frisés, des brocolis, des blettes, de la roquette, du blé, du gombo, des tomates, des patates douces, des navets, de la pastèque, du melon... Et j’ai aussi commencé à planter le genre de fruits et légumes que consomment plutôt les Afro-Américains.

J’ai appris avec l’Alliance des fermes de Baltimore comment distribuer ces produits efficacement, c’est-à-dire ne pas seulement vendre à des individus, mais aussi à des marchés et des traiteurs. [L’Alliance a mis en place plusieurs méthodes pour distribuer de la nourriture dans les quartiers : marchés de producteurs, food-trucks, bons alimentaires, accords avec des restaurants et des petits commerçants locaux, NDLR].

"Plusieurs fermes urbaines autour de Baltimore ont connu des difficultés"

Mais il y a deux ans, Johnnie Brown a arrêté de travailler dans la ferme, après avoir eu des problèmes avec la Cherry Hill Development Corporation.

Plusieurs fermes urbaines autour de Baltimore ont connu des difficultés à cause de la municipalité, qui disait que nous ne pouvions pas continuer si nous gagnions de l’argent. C’est fou car nous ne faisions que nourrir les gens. De plus, nous vendions des produits très bon marché, parfois à moitié prix. Je ne facturais presque rien, c’était bien moins cher que dans les supermarchés. Parfois, je donnais même des légumes gratuits aux gens.

Johnnie Brown et son fils le 25 octobre 2017. Photo publiée sur la page Facebook "Cherry Hill Community Garden".

La rédaction des Observateurs de France 24 a contacté la Cherry Hill Development Corporation, mais nous n’avons pas obtenu de réponse à nos questions pour l’instant.

Cet article a été écrit par Peter O’Brien (@POB_journo).

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