Le secteur privé passe à la vitesse supérieure. À l'occasion du Sommet Climat, 87 grandes entreprises, de Nestlé à L'Oréal en passant par Danone et Saint Gobain s'engagent à suivre une trajectoire 1,5 °C, respectant ainsi l'Accord de Paris. Si les entreprises les plus engagées sur le climat visaient auparavant 2°C, cette hausse des ambitions est un signe que l'urgence climatique pèse aussi sur l'avenir du secteur privé.

Elles représentent 2 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires et des émissions annuelles directes équivalentes à 73 centrales électriques au charbon. 87 grandes entreprises s’engagent à prendre des objectifs climatiques en concordance avec une trajectoire 1,5 °C. Parmi elles, Nestlé, Danone, Burberry, Saint Gobain ou encore L’Oréal.
"Ces entreprises audacieuses ouvrent la voie vers un point de basculement positif où les stratégies d’entreprise alignées sur une température de 1,5 °C sont la nouvelle norme pour les entreprises et leurs chaînes d’approvisionnement dans le monde entier", a réagi Lise Kingo, PDG et directrice du Pacte mondial des Nations Unies. "C’est le type de changement en profondeur dont nous avons besoin pour atteindre les objectifs de développement durable pour les Hommes et pour la planète."
Le changement climatique, un risque pour l’avenir des entreprises
L’appel "Ambition 1,5 °C entreprises" a été lancé en juin par We Mean Business, une coalition d’entreprises et d’investisseurs engagés dans la lutte contre le changement climatique, le Global Compact et l’initiative Science Based Target. C’est la première initiative qui réunit des grandes multinationales s’engageant à viser 1,5 °C et non pas 2 °C.
Et pour suivre cette trajectoire, chacun a sa méthode. Nestlé par exemple s’est engagé à ne plus émettre aucun gaz à effet de serre d’ici 2050 sans achat de crédits carbone pour compenser ses émissions. "Le changement climatique est l’une des plus grandes menaces auxquelles nous sommes confrontés en tant que société. C’est également l’un des plus grands risques pour l’avenir de notre entreprise", a déclaré Mark Schneider, directeur général de Nestlé. Le groupe a réussi à réduire de 17 % ses émissions depuis 2010. Trois axes stratégiques ont été définis par ce géant de l’agroalimentaire pour y parvenir.
D’abord le développement de produits ayant une meilleure empreinte environnementale. Ensuite l’intensification des initiatives agricoles pour absorber plus de carbone, une solution prônée par le Giec, les experts de l’ONU sur le climat. Et enfin l’utilisation d’électricité 100 % renouvelable. La tâche s’annonce ardue, le groupe émettant directement chaque année 3,3 millions de tonnes d’équivalent en dioxyde de carbone. Ajoutez 2,5 millions pour les émissions indirectes.
Montrer que les marchés changent
"L’ampleur des entreprises engagées dans l’action prouve que les modèles commerciaux sobres en carbones sont indispensables pour être compétitifs et réussir au XXIe siècle", croit Christopher Wellise, directeur développement durable de Hewlett Packard Entrerprise (HPE), également signataire de l’appel. "Les entreprises, les gouvernements, la société civile et les citoyens doivent agir ensemble et nous devons être plus ambitieux car, au final, nous ne pouvons gérer des entreprises sur une planète morte", résume le président exécutif de Natura & Co, Roberto De Oliveira Marques.
Et justement, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres espère que cet appel du secteur privé créé une "boucle d’ambition positive" qui poussera les États à renforcer leurs objectifs. "Nous avons maintenant besoin de voir beaucoup d’autres entreprises rejoindre le mouvement pour envoyer le signal clair que les marchés changent" pour que "les politiques gouvernementales et les dirigeants du secteur privé se renforcent mutuellement et passent ensemble au niveau suivant".
Marina Fabre, @fabre_marina

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