Gard : harcelée, frappée, humiliée pendant sa grossesse, Sabine raconte son calvaire
La jeune femme a subi les violences d'un tyran domestique pendant deux ans. Tout s'est accéléré au moment de sa grossesse.
Harcelée, frappée, humiliée. "Il lui arrivait même de m’enfermer à clé dans ma chambre. Tout a commencé quand je suis tombée enceinte. Je voulais dormir au calme et m’allonger sur le canapé, seule. Il n’a pas supporté que l’on fasse chambre à part". Sabine est malgré tout amoureuse de son compagnon.
Lui une quarantaine d’années, elle un peu plus de 25 ans. Famille recomposée, trois enfants de son côté. "Moi j’ai un fils d’une première union", souligne-t-elle. Et des violences qui s’installent progressivement au foyer familial. "Tout s’est accéléré avec ma grossesse, c’est un phénomène classique".
"Il me traitait de pute"
Séparation temporaire, elle se réfugie chez ses parents, mais Sabine finit toujours par revenir à la maison, confrontée à son mari violent. Il alternait les violences et les déclarations d’amour. "Un coup, il me disait qu’il voulait faire sa vie avec moi puis il me traitait de pute, me disant que l’enfant que je portais n’était pas de lui et que le gosse était un bâtard".
Les coups ? "C’est allé progressivement. Au début, il me donnait des gifles du bout des doigts puis des “petits” coups de tête en collant son front contre le mien." Sabine fait face à un homme extrêmement jaloux qui veut connaître chacun de ses faits et gestes. "Quand j’étais à la maison, il me demandait même de prendre des photos de moi pour voir ce que je faisais. Quand il rentrait, il regardait les kilomètres au compteur de la voiture pour savoir si je m’étais déplacée sans lui dire. Il avait peur que je le trompe alors que c’est lui qui me trompait…"
Amoureuse et battue
Sabine est pourtant amoureuse du quadragénaire et tente de passer sur ses dérapages et les coups incessants et de plus en violents. "Il me donnait même des coups de pied. De plus en plus forts, de plus en plus souvent. Parfois, je prenais des coups de pied sans m’y attendre". L’épisode le plus violent ? "J’étais enceinte de huit mois et demi et sur le point d’accoucher. J’étais assise et il m’a donné un gros coup de genou dans le ventre. Cela m’a coupé la respiration pendant plusieurs minutes, j’ai eu mal pendant presque un mois."
Elle explique qu’elle vit tout le temps dans la peur. "Le moindre mot peut le faire exploser. Je me disais, “il va me tuer”, alors je le laissais péter un plomb. Quelques jours avant l’accouchement, je me suis réfugiée chez mes parents après un épisode de violences. Mes parents m’ont dit stop, “tu vas mourir”. Je suis restée chez eux. Ensuite, je suis allée accoucher." Mais son compagnon et père de son enfant ne coupe pas les liens et se rend à l’hôpital après la naissance.
Mes parents m’ont dit “stop, tu vas mourir”. Alors, je suis restée chez eux
"Il voulait mon téléphone et m’a agressée à l’hôpital en montant sur le lit pour m’arracher l’appareil des mains." À cet instant, une sage-femme entre dans la chambre. Elle comprend ce qui vient de se passer. Elle parvient à faire sortir le compagnon et l’hôpital fait un signalement au procureur de la République. "J’ai décidé de déposer plainte à la gendarmerie, l’enquêtrice a noté tout ce qui m’était arrivé sur des pages et des pages."
La procédure nécessite une expertise médicale et psychologique. C’est à l’unité médico-judiciaire (UMJ) du CHU de Nîmes que Sabine se rend pour le constat des lésions physiques et psychiques. "J’ai vu la psychologue plusieurs fois, cela m’a fait du bien". Sabine a réussi à vider son sac. Pas à solder son passé de femme battue. "J’espère seulement qu’il sera condamné au moins pour le principe. Je dois dire que je redoute un peu l’audience devant le tribunal."
"Il a piraté ma boîte mail et les réseaux sociaux"
Sabine a non seulement vécu l’enfer des violences mais elle s’est aussi retrouvée isolée de ses proches. Elle raconte : "Il m’a coupé de tous mes amis. Quand j’ai décidé de le quitter, il a piraté ma boîte mail et a changé le code. C’est avec cette adresse mail que je me connectais sur les réseaux sociaux. En changeant le code, il m’a empêché d’accéder aux mails et à tous mes contacts. Il a fait pareil avec mon téléphone portable, il s’est débrouillé pour obtenir une nouvelle carte SIM et a fait rattacher le numéro sur son adresse."
"Du coup, quand les gens me téléphonaient, le téléphone sonnait chez lui. Il ne m’a rendu aucune affaire et a tout tenté pour me récupérer et me mettre la pression. Il a tout dit et son contraire. Avec mes parents, quand on a réfléchi et analysé tout ce qu’il avait dit ou écrit, on s’est rendu compte qu’il se contredisait tout le temps. Pour lui, ce n’était pas dérangeant. Il cherchait juste à avoir raison tout le temps. Comme les pervers narcissiques. Je regrette d’avoir attendu aussi longtemps avant de déposer plainte."
Le prénom a été modifié et la commune volontairement omise.
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