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Le Monde : Matthieu Pigasse et Xavier Niel signent le droit d’agrément réclamé par les rédactions

Le pôle d’indépendance, qui représente les personnels, pourra désormais refuser l’entrée d’un nouvel actionnaire de contrôle.

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Publié le 23 septembre 2019 à 23h57, modifié le 24 septembre 2019 à 16h44

Temps de Lecture 3 min.

L’heure est à l’apaisement au Monde. Les deux actionnaires majoritaires, Matthieu Pigasse et Xavier Niel, ont signé, lundi 23 septembre, le droit d’agrément réclamé par les rédactions du Groupe Le Monde, depuis l’entrée surprise de Daniel Kretinsky comme actionnaire minoritaire du groupe de presse, en octobre 2018.

A l’issue d’un « échange d’une heure et trente minutes », lundi soir, le banquier de Lazard et le fondateur de Free ont « signé, avec le pôle d’indépendance, un document établissant irrévocablement les termes et les conditions du droit d’agrément, qui devient donc effectif à compter de ce jour », s’est félicité le pôle, qui représente salariés, journalistes et lecteurs, dans un courriel aux personnels. Les deux coactionnaires se sont également engagés à mener « la réflexion sur la création d’une fondation ».

Le droit d’agrément permettra au pôle d’indépendance, qui détient 25 % du groupe (Le Monde, Télérama, La Vie, Courrier international), de refuser l’entrée d’un nouvel actionnaire de contrôle. Charge, ensuite, au pôle de trouver, dans un délai de six mois, un repreneur alternatif. Xavier Niel et Matthieu Pigasse s’étaient engagés, le 25 octobre 2018, à accorder ce droit inédit pour un groupe de presse, au moment où le banquier de Lazard reconnaissait avoir cédé 49 % de sa société Le Nouveau Monde (LNM) au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.

Le fonctionnement du droit d’agrément accordé au Pôle d’indépendance du Groupe Le Monde, en septembre 2019.

Depuis cette date, les discussions achoppaient sur les conditions dans lesquelles le pôle pourrait chercher un repreneur, dans l’hypothèse, par exemple, où M. Kretinsky reprendrait la totalité de LNM. Longtemps, Matthieu Pigasse tenait à ce que le pôle s’aligne sur la transaction conclue avec le Tchèque, qui valorise sa participation, selon nos informations, à 101 millions d’euros. Le pôle d’indépendance souhaitait, de son côté, qu’un expert soit nommé, afin d’avoir une évaluation objective de l’actif.

Un prix plancher à la transaction

Finalement, il a été décidé de fixer un prix plancher à la transaction, qui corresponde aux investissements réalisés par l’actionnaire sortant. Matthieu Pigasse est certain de récupérer au moins les 57 millions d’euros investis depuis 2010.

Même si l’entourage de Daniel Kretinsky a toujours affirmé que l’industriel tchèque de l’énergie possédait une option de rachat sur la totalité du capital, activable à tout moment, Matthieu Pigasse affirme ne pas souhaiter quitter Le Monde. « J’ai et je garderai la majorité du Nouveau Monde, qui est actionnaire du Monde, et Daniel Kretinsky dispose de 49 % », a répété Matthieu Pigasse, dans un entretien conjoint avec Xavier Niel, publié dans Le Figaro du 24 septembre.

Les deux cogérants ont également levé un obstacle important, le rachat des parts de Prisa. En juillet, Matthieu Pigasse avait annoncé être en « négociations exclusives » pour reprendre les 20 % du groupe de presse espagnol, alors qu’il n’était pas censé mener « d’opération capitalistique » tant qu’il était en discussion avec le pôle sur le droit d’agrément.

De fait, ce rachat, s’il est mené à terme, ferait passer la participation de Matthieu Pigasse de 26 % à 46 % du capital du Monde libre (LML), qui détient 75 % du Monde, quand Xavier Niel resterait à 26 %. Finalement, M. Pigasse promet de « donner la possibilité » au fondateur de Free « de racheter la moitié » des parts, afin que les deux cogérants restent au même niveau.

Créer une fondation

Xavier Niel avait d’ailleurs proposé que les parts de Prisa soient données au pôle d’indépendance. Mais Matthieu Pigasse a expliqué au Journal du dimanche du 22 septembre s’être endetté pour les reprendre, ce qui l’empêche d’en faire don.

Finalement, les deux actionnaires vont ouvrir, comme l’avait suggéré Xavier Niel, des discussions, afin de créer une fondation qui logerait l’ensemble du groupe de presse. Le sujet sera abordé lors du conseil de surveillance du 3 octobre.

Ce type de structure est censé mettre fin aux batailles d’actionnaires, tout en continuant à financer le groupe de presse. « Avec une fondation, les actionnaires n’auront plus la possibilité de donner une valeur marchande à leurs actions. L’actionnariat du Groupe Le Monde sera figé. Mais il nous reste le devoir de bien gérer le groupe », a affirmé Xavier Niel au Figaro.

Pour le moment, Daniel Kretinsky, invité à parapher le document comme témoin, ne s’est pas encore exprimé directement sur cet accord. « Il a été surpris de la réaction hostile que cela a déclenché, mais je peux vous assurer de son engagement total dans LNM et qu’il soutient activement cet accord, auquel il a pleinement participé, ainsi que nos discussions », a expliqué Matthieu Pigasse.

Le pôle d’indépendance va également soumettre le droit d’agrément à Madison Cox, l’héritier de Pierre Bergé, censé céder ses 26 % du capital de LML à Matthieu Pigasse et à Xavier Niel en 2021. Le 16 septembre, le paysagiste américain avait adressé une lettre au pôle, affirmant son « devoir : respecter et faire respecter l’indépendance et la liberté éditoriale » du groupe. Sans pour autant lui confirmer qu’il soutenait sa démarche quant à ce droit.

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