C’est une famille juive qui a découvert, en faisant des recherches sur la langue des signes, des gestes à caractère antisémite sur le site de l’université de Gand. Cet établissement néerlandophone situé au nord-ouest de la Belgique a en effet publié, au sein de son dictionnaire en ligne, cinq vidéos pour décrire le mot « juif ». Parmi elles, deux miment un nez crochu.

En constatant cela, la famille a alerté, le 12 septembre, l’Association juive européenne (EJA) qui a écrit au directeur de l’université dès le lendemain pour demander le retrait de ce contenu et éviter ainsi que ces gestes antisémites se propagent.

L’université refuse de retirer les vidéos

« Nous n’avons pas eu de réponse officielle mais le recteur nous a dit qu’il prenait la question de l’antisémitisme très au sérieux », explique Alex Benjamin, responsable des affaires publiques de l’EJA.

Le porte-parole de l’université a pourtant fait savoir que « le geste en question est probablement la plus ancienne variante de ce geste dans le dictionnaire. La vidéo est sur notre site depuis quinze ans. Nous n’allons pas la supprimer, car un dictionnaire décrit la situation actuelle. »

La direction de l’université précise aussi que ce contenu s’avère issu d’une analyse lexicographique menée par le centre flamand de la langue des signes, et reprend des gestes anciens qui existaient lorsque certains stéréotypes étaient encore en vigueur.

Les papillotes à la limite de l’acceptable

L’EJA ne condamne pourtant pas l’ensemble des cinq vidéos censées signifier « juif ». Sur les deux premières, un homme se gratte la barbe ce qui est « assez courant » pour symboliser ce mot et donc pas jugé offensant par Alex Benjamin.

Sur la troisième, sont mimées des papillotes (mèches de cheveux typiques des hommes juifs orthodoxes). Sans le condamner, les représentants de l’association ne trouvent pas ce geste très représentatif dans la mesure où tous les juifs n’en portent pas. « [C’est] à lalimite de l’acceptable, puisque [cela] peut véhiculer des préjugés », déclare Menachem Margolin, le directeur de l’EJA, dans un communiqué.

Désarroi de l’ambassade d’Israël en Belgique

Mais ce sont bien les deux dernières vidéos qui cristallisent les mécontentements puisqu’on y voit une femme décrire un nez crochu. « C’est horrible, c’est complètement raciste. C’est comme si on écrasait le nez pour mimer une personne noire ou si on tirait les yeux pour mimer un Chinois. C’est n’importe quoi », déplore Alex Benjamin.

L’ambassade d’Israël en Belgique a également exprimé son « choc et son désarroi », tandis quel’EJA attend toujours le retrait de ces vidéos controversées. « J’espère que l’université de Gand, qui est un centre d’excellence de langue des signes, servira d’exemple. Si ces gestes s’avèrent repris par d’autres établissements, alors nous devons entreprendre un travail pour qu’ils se rendent compte que c’est inacceptable », avance le responsable des affaires publiques de l’EJA.

Après avoir consulté des sites américains et anglais destinés aux sourds et aux muets, il n’a cependant trouvé aucune trace de nez crochu. Se gratter le menton semble être le signe le plus utilisé.