Une banderole à l'entrée du cimetière d'Assoun rappelle que "qu'aucun Syrien" n'a le droit d'être enterré ici. Crédit : Facebook
Une banderole à l'entrée du cimetière d'Assoun rappelle que "qu'aucun Syrien" n'a le droit d'être enterré ici. Crédit : Facebook

Un enfant syrien de 4 ans, décédé au Liban, a été exhumé de sa tombe dans un village dans le nord du pays. Le cimetière était "réservé aux Libanais", selon la municipalité. La famille a été forcée de récupérer elle-même le corps du petit garçon pour l’enterrer ailleurs.

Vendredi 20 septembre, un enfant syrien âgé de quatre ans, décédé après avoir été renversé par une voiture, a été exhumé du cimetière de la ville d'Assoun, dans le nord du Liban, à la demande de la municipalité.

Le cimetière en question est "réservé aux Libanais", a déclaré, dans un premier temps, la mairie. Une pancarte, accrochée à l’entrée du cimetière, rappelle que l’inhumation d’étrangers n’est pas autorisée, les lieux étant réservés exclusivement aux Libanais.

Des témoins racontent que la famille syrienne a été forcée de creuser la terre pour exhumer elle-même le corps de l’enfant.

 À la suite d’un tollé sur les réseaux sociaux et dans le pays, la municipalité d’Assoun est finalement revenue sur sa décision. Mais la famille a préféré ré-enterrer le jeune garçon dans une autre ville, à Sir Dinniyeh, dans la province septentrionale d'Akkar.

"Crise de cimetières"

Le chef du département des religions à Tripoli, Sheikh Firas Ballout, a condamné l'exhumation de l'enfant, affirmant que c'était inacceptable.

Plusieurs villes et villages libanaises sont confrontés à une "crise de cimetières" en raison de la difficulté de trouver des terres allouées à cette fin. Les Syriens subissent, par ricochet, les conséquences de cette rareté de terrains et font face à de nombreux Libanais qui refusent de leur laisser des espaces funéraires.

Le Liban, petit pays de quatre millions d’habitants, accueille près d'un million de réfugiés sur son sol ayant fui le conflit en Syrie depuis 2011. La présence des réfugiés syriens est un sujet extrêmement sensible dans le pays. Régulièrement, des voix s'élèvent au sein de la société civile libanaise et de la classe politique pour réclamer leur départ, arguant que les combats ont pris fin dans de nombreuses régions de Syrie.

Les Syriens, perçus comme des bouc-émissaires, sont également accusés de voler les emplois des Libanais notamment, alors qu’ils servent souvent de main d’œuvre à bas prix. Depuis plus d'un an, Beyrouth organise des départs, assurant que ces derniers sont volontaires.


 

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