De l'amphore au tonneau : le commerce antique du vin : épisode • 2/4 du podcast In eco veritas

Des Cupidons versent le vin - Fresque découverte à Pompéi en 2004 ©Getty - Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho
Des Cupidons versent le vin - Fresque découverte à Pompéi en 2004 ©Getty - Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho
Des Cupidons versent le vin - Fresque découverte à Pompéi en 2004 ©Getty - Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho
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Apparu aux alentours du VIIème millénaire avant notre ère, le vin connaît une apogée sous l’Empire romain, entre le IIème et le Ier siècle av. JC. Marchandise centrale dans l’économie d’alors, il fait l’objet d’intenses échanges mais aussi de transferts culturels entre Rome et la Gaule.

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Notre excursion dans les vignes se poursuit aujourd’hui avec ce deuxième épisode de la série que nous consacrons à l’économie du vin. Après avoir fait le tour du monde des vignobles, de la Chine à l’Australie en passant par le Chili, cap sur la Gaule romaine.  Dès le IIème siècle avant Jésus-Christ, des milliers d’amphores venus de la péninsule italique débarquent sur les côtes méditerranéennes… C’est le point de départ d’un boom économique qui précède de peu la conquête de la Gaule par Jules César. Le commerce antique du vin s’étend alors sur plusieurs siècles et traverse l’empire romain dans son ensemble.

"Comme le vin en Gaule est un produit extrêmement cher, on ne va pas le consommer au quotidien comme on peut le faire en Grèce ou à Rome. Il est réservé dans un premier temps, pour les périodes anciennes, aux grandes occasions, aux grandes cérémonies. Il s'agit d'une pratique collective, il n'existe pas de consommation individuelle et solitaire. Dès lors il est consommé dans un cadre cérémoniel précis, avec des accessoires précis, où tout fait sens. Le fait de ne pas exhiber d'accessoires grecs ou romains mais d’exhiber des chaudrons gaulois, des vases à boire typiquement gaulois permet d'intégrer le produit dans les pratiques sans modifier complètement les modes de vie et les modes de représentation des élites. - Matthieu Poux

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Quand on va charger un bateau de 10 000 amphores, cela représente une véritable fortune. Il va donc y avoir des assureurs, qui vont s'entendre sur les amphores qu'il faudra jeter en premier si le bateau a un problème." - Fanette Laubenheimer

Références sonores : 

  • Lecture d'un extrait de Diodore de Sicile (Ier s. av. J.-C.) : “C’est pourquoi les Gaulois, privés de ces fruits [vin et huile] préparent avec de l’orge une boisson qu’ils appellent zythos et ils boivent aussi l’eau avec laquelle ils nettoient leurs rayons de miel. Les Gaulois sont amateurs de vin à l’excès et se gorgent de vin pur apporté dans leur pays par des marchands. Comme leur désir les pousse à en user sans modération, lorsqu’ils sont ivres, ils tombent dans l’hébétude ou dans des transports furieux. Aussi de nombreux marchands italiens, poussés par l’amour de l’argent qui les caractérise, considèrent que l’amour que les Celtes portent au vin est pour eux une aubaine. En effet, ils le transportent soit sur des bateaux sur les voies navigables, soit sur des chariots qu’ils conduisent à travers les plaines, et cela pour un prix incroyable. Car pour une jarre de vin ils reçoivent un esclave, échangeant leur boisson contre l’échanson.
  • L'anthropologue François Lissarrague sur la chaîne Youtube Hopliteia
  • L’archéologue et auteur de BD Alain Genot en 2017
  • Lecture d'un extrait des Géorgiques de Virgile : "Viens ici, Dieu du pressoir – ici tout est rempli de tes présents ; pour toi, chargée des pampres de l’automne, la campagne resplendit, et la vendange écume dans les cuves pleines – Viens ici, Dieu du pressoir, et, tes cothurnes quittés, trempe avec moi tes jambes nues dans le moût nouveau. […] De même les paysans d’Ausonie, race envoyée de Troie, s’amusent à des vers grossiers, à des rires débridés ; ils prennent des masques hideux, creusés dans l’écorce, et c’est toi, Bacchus, qu’ils invoquent en des hymnes joyeux et pour toi qu’ils suspendent en haut d’un pin des figurines d’argile modelée. Alors tout le vignoble se couvre d’une foisonnante production ; elle emplit le creux des vallons et les profondeurs des bois partout où le dieu a tourné sa tête vénérée. Donc, conformément au rite, nous dirons l’honneur dû à Bacchus en des hymnes ancestraux et nous lui porterons plats et gâteaux sacrés ; conduit par la corne, le bouc sacré sera debout près de l’autel, et nous brûlerons ses grasses entrailles sur des broches de coudrier.
  • L'archéologue Jean-Pierre Brun  dans la « Fabrique de l’histoire » du 21 novembre 2013

Musiques : 

  • "Summer Wine" / Lana Del Rey
  • Générique : "Time is the enemy" / Quantic

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