Soixante-quinze mille personnes ignorent qu'elles sont infectées en France par le virus de l'hépatite C

Soixante-quinze mille personnes ignorent qu'elles sont infectées en France par le virus de l'hépatite C.

afp.com/FRANCOIS NASCIMBENI

Malgré une activité de dépistage importante des hépatites B et C, "trop de personnes demeurent non testées et porteuses d'infections virales non diagnostiquées", pointe le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce mardi.

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0,3% de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans serait atteinte d'une hépatite B chronique, et la même proportion d'une hépatite C chronique, selon de nouvelles estimations publiées à l'occasion de la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales, qui a lieu mercredi.

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Cela représente "environ 135.000 individus pour chacune de ces pathologies", dues à des virus qui s'attaquent au foie, précise l'équipe de chercheurs de Santé publique France.

Ces chiffres sont en baisse par rapport aux évaluations précédentes (0,65% en 2004 et 0,42% en 2011 respectivement), mais les auteurs expliquent que "du fait des différences de méthodes utilisées, il convient d'être prudent dans la comparaison de ces estimations".

Ils sont aussi probablement sous-estimés, car les méthodes utilisées (auto-dépistage sanguin à domicile et enquête téléphonique) rendaient difficile l'inclusion des populations marginalisées, usagers de drogues actifs et personnes sans domicile fixe, chez lesquelles la fréquence de ces maladies est plus élevée.

Renforcer les actions de dépistage

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour objectif que 90% des personnes infectées soient diagnostiquées d'ici à 2030. Ce n'était le cas en France qu'à 80,6% pour l'hépatite C et 17,5% pour l'hépatite B, selon ces nouvelles estimations, à prendre toutefois avec précaution "étant donné le très faible nombre de participants testés positifs" sur l'échantillon.

"Il nous faut renforcer nos actions de dépistage (...) parmi les populations les plus exposées" à l'hépatite C (usagers de drogues par intraveineuse, personnes nées dans un pays à prévalence élevée d'hépatite C" et "atteindre une couverture vaccinale de 95% pour lutter contre l'hépatite virale B", estime Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, qui signe l'éditorial de ce numéro du BEH.

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Le virus de l'hépatite B se transmet par contact avec le sang ou lors de rapports sexuels. Sa forme chronique est responsable de plus de 40% des cas de carcinome hépatocellulaire (cancer primitif du foie). On sait aujourd'hui le garder sous contrôle mais pas l'éliminer.

L'hépatite C se transmet essentiellement par voie sanguine (partage de seringues, transfusions avant 1992). Elle peut entraîner des cirrhoses et des cancers du foie et est responsable d'environ 2500 décès par an. La lutte contre l'hépatite C a connu une importante avancée depuis quelques années avec l'arrivée de traitements antiviraux d'action directe (AAD), qui guérissent 95% des malades en quelques semaines.

Fin 2017, 59.000 personnes avaient commencé un traitement par AAD, selon un autre article publié dans le bulletin. La France a pour objectif d'atteindre 120.000 personnes traitées et guéries à l'horizon 2022.

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