Une étude scientifique internationale vient d'apporter des éléments de réponse à la fameuse question philosophique qui interroge sur l'équilibre entre nature et culture, chez l'être humain. L'apprentissage de la lecture, au hasard, conditionne-t-il notre cerveau en le privant de ressources pour d'autres activités, plus « naturelles » ou instinctives, comme l'analyse des informations visuelles ? Pas du tout, assure l'étude, au contraire.
Des milliers d'années d'apprentissage de la lecture et de l'écriture ont-elles colonisé trop d'espace dans notre cerveau ? Et la lecture peut-elle « réduire » la capacité d'un être humain à mobiliser d'autres compétences, comme l'analyse d'éléments visuels ? Une équipe de chercheurs de Suisse, d'Inde et des Pays-Bas s'est posé les mêmes questions, et publie dans la revue Science Advances quelques réponses.
L'apprentissage de la lecture mobilise une zone du cerveau réservée aux formes visuelles, aussi appelé cortex visuel, et l'on a souvent cru que la reconnaissance des lettres affaiblissait la capacité du cerveau à identifier d'autres formes visuelles.
Selon Falk Huettig, chercheur au sein de l'Institut Max-Planck de Nimègue, aux Pays-Bas, « loin de cannibaliser les territoires voisins, la zone dédiée aux formes visuelles se superpose plutôt à ces derniers, restant sensible à d'autres catégories visuelles ». L'apprentissage de la lecture, et de certaines formes visuelles, aurait plutôt tendance à renforcer les capacités du cerveau.
Pour parvenir à ces résultats, l'équipe a tout simplement étudié les cerveaux d'individus avant et après apprentissage de la lecture. 90 personnes, dans le Nord de l'Inde, ont participé à l'étude : les compétences de lecture étaient variées, au sein du groupe, et 29 d'entre eux étaient totalement illettrés. Après des scanners de leurs cerveaux, dans tous les sens possibles, une formation à la lecture a été prodiguée, avant de nouveaux scans de l'ensemble.
Et les cerveaux des personnes ayant appris à lire entre-temps ont bel et bien évolué : l'activité au sein du cortex visuel est plus importante, bien sûr, mais aussi dans d'autres parties du cerveau, comme le lobe occipital ou les régions motrices.
« Lorsque nous apprenons à lire, nous mobilisons la capacité du cerveau à former des zones spécifiques au sein des parties visuelles du cerveau », explique Alexis Hervais-Adelman, neurolinguiste à l'université de Zurich. « Celles-ci apparaissent sur le même territoire cortical que les spécialisations pour d'autres catégories importantes au quotidien, telles les visages ou les maisons », précise le chercheur.
L'étude est disponible à cette adresse.
via Inverse
1 Commentaire
van dam francis
26/09/2019 à 10:29
Bonjour !
l'ancien rhinencéphale a bien été colonisé pour de tout autres fonctions que l'olfaction, sans que notre belle race humaine ait à s'en repentir, que je sache !
La question posée méritoirement par ces équipes de chercheurs trouve donc sa réponse réconfortante, mais qui me semblait hautement prévisible.