Mort de Jacques Chirac : à Kumamoto, les Japonais pleurent «un ami»

En pleine coupe du monde de rugby, l’annonce du décès de l’ex-président a provoqué une réelle émotion dans cette ville où séjourne actuellement le XV de France.

 Le 12 novembre 1996, Jacques Chirac salue des sumos à Fukuoka, avant le tournoi de Kyushu.
Le 12 novembre 1996, Jacques Chirac salue des sumos à Fukuoka, avant le tournoi de Kyushu. AFP/JIJI PRESS

    Shingi a tressailli et poussé un cri en mettant sa main devant sa bouche. « Oh ! », a lancé cet homme de 55 ans lorsqu'on l'a informé de la disparition de Jacques Chirac.

    Dans le centre de Kumamoto, ville de l'île de Kyushu, dans le sud du Japon, qui se prépare à accueillir deux matchs de la Coupe du monde de rugby, dont France-Tonga, le 6 octobre, l'émotion était grande jeudi 26 septembre au moment d'évoquer le décès de l'ancien président français, grand passionné de culture nippone. Du moins parmi ceux qui parvenaient à l'identifier sur les photos qu'on leur présentait.

    Shingi, lui n'a pas eu besoin de photo pour savoir qui était Jacques Chirac. Encore sous le choc de la nouvelle, il explique : « C'était un ami, il a été très amical avec le Japon. C'est très triste. Il comprenait très bien les Japonais. Il aimait notre culture. Enormément même. Et le sumo par-dessus tout, bien sûr. Je suis vraiment très triste de cette nouvelle. »

    Deux jours plus tôt, Tomio, 68 ans, un guide du château de Kumamoto, toujours en reconstruction depuis le séisme de 2016, avait spontanément évoqué le président : « Vous êtes français ? Ah ! Jacques Chirac, Alain Delon… »

    «Votre ancien président qui aime le sumo»

    Près du nouveau centre commercial de Kumamoto, Ayachi, 60 ans, s'est signé quand on lui a appris l'information. Il s'est montré peiné. Son ami Chiaki, 70 ans, aussi. Avant de présenter ses condoléances avec une poignée de main appuyée, il a tenu, en cet instant, à dire qu'il « pensait aussi au général de Gaulle ».

    Français installé depuis 2007 au Japon, Mickaël, 38 ans, patron du bar Détour, marque lui aussi un temps après avoir appris la nouvelle. « C'est vrai qu'on en parle ici », dit-il au sujet de Jacques Chirac. Il se souvient ainsi des remarques de son beau-père japonais, qui, au début de sa relation avec son ex-femme, évoquait souvent « Jacques Chirac, votre ancien président qui aime le sumo ».

    Mickaël poursuit : « Il a une réputation ici. Politiquement parlant, les gens n'avaient aucune idée de ce qu'il faisait ou qui il était évidemment, mais cette passion pour le sumo, c'est quelque chose qui leur faisait plaisir. Les Japonais, quand vous vous intéressez à un truc de leur culture, ça les touche. Ça les rend fiers, surtout que c'est plutôt rare qu'à l'étranger on aime le sumo. »

    «Un triste jour»

    Dans l'hôtel du XV de France, la nouvelle s'est aussi vite répandue. Au retour d'une journée au cours de laquelle l'équipe de France a été chaleureusement fêtée dans un quartier de la ville, Serge Simon, vice-président de la Fédération française de rugby, repense à une rencontre avec le président Chirac. « Je me souviens d'un moment de grande convivialité » à la garden-party du 14 juillet 1998 où étaient fêtés les footballeurs champions du monde et où il faisait partie « des petits champions de France de rugby du Stade Français ».

    Apprendre la disparition de Jacques Chirac au Japon lui parle. « C'était un passionné de culture japonaise et j'ai le souvenir qu'il avait poussé l'organisation d'une réunion de sumo à Bercy, souligne Serge Simon. C'est un triste jour, car notre pays perd un président aimé et proche de ses concitoyens. »

    Notre dossier sur le décès de Jacques Chirac