Jacques Chirac : "Tous les hommes ont un fond de naïveté. Surtout ceux qui croient à quelque chose"

Jacques Chirac (1977) ©Getty
Jacques Chirac (1977) ©Getty
Jacques Chirac (1977) ©Getty
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En février 1977, Jacques Chancel reçoit un Jacques Chirac qui quelques mois plus tôt a démissionné de son poste de Premier ministre et qui s’apprête à briguer la mairie de Paris.

Jacques Chancel : Les lignes sont nettes, tracées à coup sec. Jacques Chirac, le nom déjà sonne. Frappe même. Un visage qui se veut celui du chef. Un physique impressionnant. 1m90. Il est vrai qu'on voit beaucoup mieux de là-haut. Et puis une démarche, celle d'un grand aigle, ailes déployées pour le combat.

Vous avez des colères, vous avez des fulgurances, de nécessaires fureurs. Vous appelez le bruit, mais vous n'appelez pas la rumeur. Vous volez à découvert et votre autorité est telle que je finis pas m'interroger.

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Peut-être, Jacques Chirac, forcez-vous votre talent. Peut-être êtes-vous timide et peut-être même, qui sait, êtes-vous naïf.

Jacques Chirac : Je n'ai pas de colères, ou peu de colères. Je ne suis pas, contrairement à ce que vous avez l'air de dire, quelqu'un de coléreux. Vous trouverez certainement peu de gens qui m'ont vu en colère. Et probablement personne qui m'a vu en fureur. 

J. Chancel : Alors entre colère et fureur, il y a fulgurance.

J. Chirac : Tout dépend la signification que vous donnez au mot fulgurance. Si vous entendez par là la rapidité, on m'a souvent taxé effectivement d'une certaine rapidité dans le réflexe. Mais ceci n'a rien à voir avec des sentiments vifs qui sont ceux de la colère ou de la fureur.

Quant à la naïveté ou la timidité, à mon sens, tous les hommes ont un fond de naïveté. Surtout ceux qui croient à quelque chose et c'est la raison pour laquelle ils sont souvent déçus, même s'ils le masquent.

Tous les hommes ont un fond de timidité aussi, même s'ils essayent de la surmonter, mais c'est un élément qui fait partie d'un caractère, c'est l'un des patrimoines de l'homme.

J. Chancel : Ces derniers temps, d'où est venue la déception ?

J. Chirac : Je ne peux pas dire que j'ai ressenti beaucoup de déception, mais il est certain que lorsque l'on est systématiquement attaqué par des gens que l'on estime ou que l'on aime. Lorsque l'on est parfois abandonné par ceux sur qui l'on croit pouvoir compter....

J. Chancel : Vous avez été abandonné.

J. Chirac : Non, mais c'est un phénomène qui peut se produire. J'ai été attaqué effectivement. J'ai été agressé beaucoup ces dernier temps. Il y a des gens qui vous laissent indifférents quand ils vous agressent. Certains même provoquent chez vous, quand ils agressent, un sentiment, je dirais presque, de satisfaction. En revanche ,d'autres provoquent un sentiment de déception, ça m'est arrivé, notamment ces derniers temps.

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