L’insuffisance cardiaque, si fréquente, si méconnue

26 septembre 2019

Elle touche 1 million de patients en France et est à l’origine d’un décès toutes les 7 minutes. « Elle », c’est l’insuffisance cardiaque. Une pathologie trop méconnue du grand public. La Journée mondiale du Cœur, ce 29 septembre, est l’occasion d’insister sur les signes avant-coureurs de la maladie, et ainsi améliorer le diagnostic.

« L’insuffisance cardiaque, c’est un dysfonctionnement de la pompe qui distribue le sang aux différents organes », explique le Pr Etienne Puymirat, cardiologue à l’Hôpital européen Georges Pompidou (APHP). « L’origine ischémique (après un infarctus du myocarde le plus souvent) est la principale cause d’insuffisance cardiaque dans les pays développés. Les facteurs de risque (hypertension, tabac, obésité, dyslipidémie …) et les comorbidités (insuffisance rénale …) mal contrôlés peuvent participer au développement ou à l’aggravation de l’insuffisance cardiaque. »

Dans les sociétés occidentales, « 1 à 2% de la population serait concernée par l’insuffisance cardiaque », avance le Pr Puymirat. Avec à la clé, plus de 160 000 personnes hospitalisées chaque année en France et 70 000 décès associés à cette pathologie.

Une maladie longtemps sans symptôme

Problème, la maladie passe souvent inaperçue puisque ses symptômes peuvent s’apparenter à ceux de la vieillesse ou à l’atteinte d’autres organes. « Sensibiliser le grand public aux signes avant-coureurs relève donc de la santé publique », insiste le cardiologue. Le premier de ces signes est « un essoufflement à l’effort qui n’existait pas avant avec surtout une aggravation au cours des derniers mois ». Mais d’autres doivent alerter : « une prise de poids inexpliquée, des œdèmes des membres inférieurs, une fatigue inexpliquée… ».  Ces 4 symptômes réunis sous l’acronyme E.P.O.F (pour Essoufflements, Prise de poids, Œdèmes et Fatigue) doivent pousser à consulter.

De l’alimentation aux médicaments…

Le traitement de l’insuffisance cardiaque vise à améliorer la qualité de vie et le pronostic du patient. « La première ligne du traitement repose sur l’hygiène de vie », confirme Etienne Puymirat. « La consommation de sel est un facteur d’aggravation de l’insuffisance cardiaque. Il faut la réduire. Nous en consommons environ 10g par jour alors que nous ne devrions pas dépasser les 5g. Pour cela, évitez les plats préparés, certaines eaux gazeuses souvent trop riches en sel ou encore les charcuteries. » Il convient aussi de limiter « la quantité de liquides bus qui peuvent accroître le risque d’œdème chez les insuffisants cardiaques sévères. »

Quant aux traitements médicamenteux, ils présentent un double objectif : diminuer les symptômes et protéger le muscle cardiaque. Les trois classes les plus utilisées sont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les bêta-bloquants et les diurétiques qui « augmentent le volume des urines et favorisent l’élimination rénale du sel. »

La promesse d’un nouveau traitement

Au Congrès de la Société européenne de Cardiologie (ESC) qui s’est récemment tenu à Paris, une présentation aux conclusions inattendues a marqué les esprits. Présent lors de cette réunion, le Pr Puymirat parle de résultats « très encourageants ! »

Des chercheurs écossais ont en effet montré qu’un antidiabétique permet de diminuer les hospitalisations et la mortalité de patients souffrant d’insuffisance cardiaque. Chez les diabétiques, mais aussi chez les non diabétiques ! Une bonne nouvelle à relativiser car en France, cette classe de médicaments n’est pas encore disponible ! « On comprend mal alors qu’elle soit accessible dans les autres pays européens », déplore Etienne Puymirat. « Il faudrait une mobilisation forte des praticiens et des associations pour ne pas en priver les patients. »

  • Source : Fédération française de Cardiologie - https://www.fedecardio.org - Interview du Pr Etienne Puymirat, 3 septembre 2019

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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