La mort de sa fille Laurence, la douleur secrète la plus profonde de Jacques Chirac
Une fois par semaine, Bernadette quittait l’Élysée avec un oreiller sous le bras.
- Publié le 27-09-2019 à 07h37
Une fois par semaine, Bernadette quittait l’Élysée avec un oreiller sous le bras. Pendant les douze années où son mari a été président de la République, Bernadette Chirac quittait l’Élysée, une fois par semaine, le soir venu, et s’en allait avec, sous le bras, un… oreiller. La chose a fini par être remarquée et elle intriguait beaucoup de gens.
En fait, une fois par semaine, Bernardette Chirac allait dormir chez sa fille. Pas Claude, celle que tout le monde connaissait.
Claude Chirac, 54 ans aujourd’hui, était alors la conseillère de son père, chargée des communications. Elle avait épousé Thierry Rey, champion olympique de judo. Leur fils, Martin Rey-Chirac, est l’unique petit-enfant du président. Le mariage n’a pas tenu et, en 2011, Claude Chirac s’est remariée avec Frédéric Salat-Baroux, qui avait été, sous Chirac, secrétaire général de la présidence.
Claude Chirac avait donc une sœur qu’on n’a quasiment jamais vue.
Laurence, née en 1958, était décrite comme une enfant intelligente et très studieuse.
En juillet 1973, alors qu’elle se trouvait en vacances en Corse, avec sa mère et sa sœur, elle se mit à ressentir de violents maux de tête. On diagnostiqua une méningite. Qui fut suivie par une dépression nerveuse. À 15 ans, la jeune fille devint anorexique. Elle alla jusqu’à ne plus peser que 27 kilos.
Il y eut un mieux. Elle entreprit des études de médecine, fit des stages, défendit une thèse et travailla aux urgences à l’hôpital Necker. Mais la déprime revenait. Il y eut plusieurs tentatives de suicide et la plus spectaculaire, en 1990, alors qu’elle avait 32 ans et que ses parents se trouvaient en vacances en Thaïlande, date du jour où elle s’est jetée par une fenêtre du quatrième étage, rue du Père Corentin. Grièvement blessée.
Alors, ses parents l’installèrent dans un rez-de-chaussée, sous la surveillance permanente d’une infirmière, Pria. C’est l’époque où papa est président et où maman vient dormir une fois par semaine.
Mais Laurence est une Chirac. Elle va se battre contre la maladie, faire de l’équitation en forêt de Rambouillet, retrouver un poids normal. En novembre 2012, elle est présente, en veste et jeans, aux 80 ans de papa. Sa première apparition en public depuis 1995.
Mais quelques semaines plus tard, pendant l’hiver, elle souffre d’un abcès au poumon. Un mois d’hospitalisation. Elle rentre affaiblie, éprouve des troubles de déglutition, elle a du mal à respirer. On l’emmène à cet hôpital Necker où, jadis, elle a travaillé. Après quatre jours de coma, elle meurt à 58 ans, le 14 avril 2016. Jacques Chirac et Bernadette feront publier un communiqué. Pour eux comme pour n’importe qui, la perte d’un enfant est l’épreuve la plus pénible qui soit.