Communication politique et chansons-pamphlets, les affaires musicales de Jacques Chirac

En 1985, Jacques Chirac organise, à l'Hôtel de Ville de Paris, une sauterie en l'honneur de Johnny Hallyday et de la longévité de sa carrière. En 1988, le chanteur apportera son soutient au candidat. ©Getty - Thierry Orban
En 1985, Jacques Chirac organise, à l'Hôtel de Ville de Paris, une sauterie en l'honneur de Johnny Hallyday et de la longévité de sa carrière. En 1988, le chanteur apportera son soutient au candidat. ©Getty - Thierry Orban
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En 1985, Jacques Chirac organise, à l'Hôtel de Ville de Paris, une sauterie en l'honneur de Johnny Hallyday et de la longévité de sa carrière. En 1988, le chanteur apportera son soutient au candidat. ©Getty - Thierry Orban
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Au lendemain du décès de l'ancien Président de la République, Pop N' Co explore les relations, tantôt câlines, tantôt assassines, de Jacques Chirac avec la musique. Pionnier en 1977 dans l'exercice de la chanson de campagne, il fut également pris pour cible dans de nombreuses chansons engagées. Chirac, icône musicale ?

Le 15 octobre 1977, Jacques Chirac est l’invité de Luce Perrot pour l’émission Hebdo Chansons. La journaliste lui affirme : « Vous avez la réputation de ne pas aimer la musique » et le nouveau Maire de Paris lui répond :

Vous savez, toutes les réputations ne sont pas toujours fondées. Que je ne sois pas musicien, c'est vrai ; que je n'aime pas la musique, ce n'est pas tout à fait vrai.

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Et pour cause. Pour briguer la Mairie de Paris cette même année, Jacques Chirac s’est mis à la page de la communication politique : commander un 45 tours afin de mettre sa campagne en musique. Le label qui a publié le disque s’appelle Président. Jacques Chirac sourit, en gros plan, sur la pochette. Et sur la face A, il y a ce titre : "Pour que Paris".

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Le morceau est écrit par deux compositeurs de musique de publicités. Paul Piot et Michel Paje (orthographié parfois Michel Page et appelé parfois Michel Roy, dont le site personnel nous indique qu’il est aujourd’hui la voix off de BFM TV). En 1977, il reprend les codes de la chanson "Sous le ciel de Paris" avec des chœurs de sirènes-hommes, qui susurrent le nom du futur maire.

10 ans plus tard, en 1987, c’est une fan de Madonna qui aiguille la communication du premier ministre. Elle s’appelle Claude Chirac. Dans les pages de Paris Match, elle déclare :

Mon père craque pour Madonna.

Le 28 août 1987, dans le journal Antenne 2 Midi, William Leymergie présente ce revirement musical en ménageant des pauses, bien calculées, dans la scansion de ses phrases. Le soir du 28 août 1987, un concert de Madonna, devenu fameux, au parc de Sceaux, se conclut par un lancer de culottes. Jacques Chirac fait alors entrer dans la mémoire collective une image que personne n’a pourtant jamais vue : la culotte de Madonna atterrissant sur ses genoux. 

Exactement au même moment, la scène du rock alternatif émerge et prend Chirac pour cible. De cette fin des années 1980 jusqu’aux années 2000 avec le morceau "Chirac en prison" des Wampas, jamais un Président de la République n’avait inspiré autant de chansons. Le morceau le plus connu est signé Zebda en 1995. Les Zebda prennent un extrait d’un discours que Jacques Chirac a prononcé à Orléans quatre ans plus tôt. Le groupe en fait le titre d’un morceau et d’un album entier : "Le Bruit et l'Odeur". La chanson se termine avec la voix de Jacques Chirac prononçant son discours, sur fond de musique métisse qui mélange reggae, funk et mélopées d’Orient.

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Avec Chirac, les Zebda ont peut-être lancé une mode : le détournement de paroles politiques par la musique, qui fera les beaux jours du net. Bien avant que Khaled Freak ne fasse du candidat Macron un chanteur de heavy metal hurlant, « Parce que c’est notre projet ! », dès 2002, sur le site Belle Campagne, le musicien Malto transforme Jacques Chirac en crooner de bossa nova.

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