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Plus de 40 % des espèces d’arbres en Europe menacées d’extinction

Pour la première fois, l’Union pour la conservation de la nature a publié une « liste rouge » des arbres européens.

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Publié le 27 septembre 2019 à 12h21, modifié le 28 septembre 2019 à 06h49

Temps de Lecture 3 min.

Une forêt de pins près de Welzow, dans le Brandebourg (Allemagne), le 19 septembre, où de nombreux arbres souffrent de la sécheresse.

Des 454 espèces d’arbres européens, 42 % sont menacées d’extinction, alerte, vendredi 27 septembre, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Plus inquiétant encore, 58 % des arbres endémiques d’Europe – ceux qui n’existent nulle part ailleurs sur la planète – sont menacés et 15 % ont été classés dans la catégorie « en danger critique », soit le dernier pallier avant l’extinction. Les sorbiers, les marronniers ou encore certains lauriers font partie des espèces les plus menacées.

Baromètres de santé de la biodiversité, les listes rouges de l’UICN identifient les espèces menacées d’extinction au niveau régional ou mondial afin de pouvoir prendre des mesures de conservation appropriées. Le statut des espèces arboricoles n’avait encore jamais été évalué en Europe. « Les arbres jouent un rôle très important, ils structurent tout l’écosystème forestier, explique Serge Muller, responsable scientifique de l’herbier national et président du Conseil national de la protection de la nature. Sans arbres, il n’y a pas de forêt et toutes les autres espèces de cet écosystème sont alors menacées. C’est pourquoi une étude approfondie sur les causes et conséquences de ces extinctions est extrêmement importante. »

La menace des espèces invasives

Selon le rapport, les menaces qui pèsent sur ce pan de biodiversité sont différentes pour chaque espèce. « Mais de manière générale, on retrouve des causes d’extinction communes à beaucoup d’arbres », soutient Emily Beech, officière de conservation au Botanic Gardens Conservation International de Londres et coauteure du rapport. Le principal risque identifié par les scientifiques vient des espèces invasives. Touchant 38 % des espèces étudiées, il s’agit notamment de parasites et de maladies, mais également de plantes introduites par l’homme et concurrentes des arbres indigènes. Le marronnier commun, par exemple, a été classé « vulnérable » à la suite du déclin causé par la mineuse du marronnier. Cette chenille, qui endommage les feuilles de l’arbre, a colonisé l’Europe. « Les espèces insulaires sont également très touchées par ces invasions, explique Bruno Cornier, botaniste ayant participé à l’étude. Dans les Canaries, à Madère ou en Sicile, les milieux sont très fragiles et beaucoup d’espèces invasives sont importées par les activités humaines. »

A ces menaces s’ajoutent, soutient Emily Beech, « la déforestation et le développement urbain, qui sont responsables de la vulnérabilité de 20 % des espèces mais aussi l’extension des terres agricoles, les incendies, le changement climatique, le tourisme ». Ce dernier affecte principalement les espèces côtières. En effet, la construction d’infrastructures liées à l’activité touristique, combinée au piétinement de ces espaces sensibles, augmente la vulnérabilité des arbres. Ceux-ci sont également fragilisés par la montée des eaux et l’intensification des tempêtes, poursuit la chercheuse.

Epine dorsale des écosystèmes

Les scientifiques appellent aujourd’hui l’Union européenne à œuvrer de manière globale à la survie de ce patrimoine biologique. « Les arbres sont essentiels à la vie sur Terre et les arbres européens, dans toute leur diversité, constituent une source de nourriture et un abri pour d’innombrables espèces animales (…) et jouent un rôle économique clé », a déclaré Craig Hilton-Taylor, chef de l’unité « Liste rouge » de l’UICN, dans un communiqué.

Plus encore, l’organisation espère que ce message d’alerte permettra au grand public de s’intéresser d’avantage à la disparition d’espèces végétales. En effet, alors qu’une grande attention est souvent accordée au déclin d’espèces dites charismatiques, comme les grands mammifères ou les oiseaux, les plantes sont, elles, souvent oubliées. « Les plantes parlent peu au grand public, admet Emily Beech, et il est beaucoup plus difficile d’obtenir des fonds pour étudier des espèces que personne ne connaît. » L’UICN a donc souligné la nécessité de les inclure dans la planification de la conservation. « Ce rapport montre à quel point la situation est catastrophique pour de nombreuses espèces sous-estimées et sous-évaluées qui constituent l’épine dorsale des écosystèmes européens et contribuent à la santé de la planète », a déclaré Luc Bas, directeur du Bureau régional européen de l’UICN.

Cette « liste rouge » centrée sur l’Europe n’est que la première partie d’une évaluation mondiale. L’UICN souhaite en effet publier une liste mondiale exhaustive des espèces d’arbres menacés avant fin 2020. Une liste rouge qui représenterait plus de 60 000 espèces.

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