Dans un premier temps, le nouveau système de sélection des futurs médecins risque d’être difficile à appréhender pour les familles et les lycéens. Une complexité à mettre sur le compte de l’objectif de cette réforme en cours de construction : « diversifier » les voies d’accès aux filières de santé et les profils des étudiants.
C’était l’une des grandes mesures portées par Emmanuel Macron : face au système de la Paces (première année commune aux études de santé), dénoncé de toutes parts pour les trois quarts des quelque 60 000 jeunes inscrits qui finissent l’année sur le « carreau » du concours, il a promis la fin du numerus clausus, ce nombre maximum, fixé au niveau national, d’étudiants autorisés à poursuivre dans les différentes filières que sont la médecine, la pharmacie ou encore l’odontologie et la maïeutique. Ce nombre sera désormais établi au niveau local, entre universités et agences régionales de santé, notamment. La suppression de la Paces a aussi été actée, et ce dès la prochaine rentrée en 2020, d’après la loi Santé promulguée cet été.
Par quoi sera-t-elle remplacée ? Une diversité de parcours doit lui succéder, comme le détaille un projet de décret en cours d’examen au conseil d’Etat, et un arrêté à paraître dans les jours qui viennent et que Le Monde a pu consulter. Au moins deux grandes voies seront ouvertes aux bacheliers. Une première année en santé, que les doyens surnomment « portail santé », comprendra des matières proches de celles de la Paces d’aujourd’hui mais aussi une « mineure » dans une autre discipline. Ce qui permettra, en cas d’échec aux épreuves sélectives pour entrer en médecine, de poursuivre dans la licence de cette autre matière.
Sélection en deux temps
Deuxième option pour les bacheliers : entrer dans une année de licence universitaire classique (en droit, en biologie, en économie…), avec une petite part d’enseignement en santé (une « mineure »), qui leur permettra aussi de prétendre aux épreuves pour rejoindre le cursus de médecine. Dernière possibilité : les candidats pourront passer par une formation de trois ans menant au diplôme d’auxiliaire médical, avant de tenter leur chance.
Les deux textes réglementaires posent des garde-fous chiffrés pour empêcher la reconstitution d’une voie royale unique : ainsi, un parcours de formation ne pourra pas offrir plus de 50 % des places en médecine.
La sélection, sujet crucial pour les milliers d’aspirants aux études de santé, aura désormais lieu en deux temps. Les notes obtenues par l’étudiant durant l’année de « portail santé » ou de licence classique permettront à certains d’être directement admis – 50 % au maximum. Interviendront ensuite des épreuves – dont au moins un oral – pour choisir le reste des heureux élus. Tous auront au moins deux chances de présenter leur candidature, car cette sélection pourra intervenir également à l’issue d’une deuxième ou d’une troisième année d’études. « Au moins 30 % des places » sont réservées à des étudiants ayant validé au moins deux années d’études (« 120 crédits ECTS », en jargon universitaire), prévoit l’arrêté.
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