VINLe réchauffement climatique va-t-il faire de la Bretagne un eldorado du vin

Le réchauffement climatique va-t-il transformer la Bretagne en eldorado du vin ?

VINAlors que les vendanges commencent, les vignerons sont de plus en plus nombreux à s’installer
Le vignoble du Mont Garo, à Saint-Suliac, produit du vin depuis plus de quinze ans.
Le vignoble du Mont Garo, à Saint-Suliac, produit du vin depuis plus de quinze ans.  - C. Allain / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Les premières vendanges ont été menées ce week-end à Saint-Suliac et l’île d’Arz, en Bretagne.
  • Depuis une directive européenne, l’implantation de vignes est de nouveau possible en France. Plusieurs professionnels se lancent dans le vin breton.
  • Le réchauffement climatique pourrait permettre au raisin cultivé en Bretagne d’être mieux valorisé. Même si la nature des sols joue beaucoup pour la qualité du vin.

La Bretagne, seul refuge contre la canicule. En cette année particulièrement chaude, la péninsule si souvent raillée pour sa météo s’est plusieurs fois illustrée par ses températures plus supportables. Suffisant pour donner des idées aux vignerons des grandes régions viticoles françaises, tous inquiets de voir leur raisin souffrir du réchauffement climatique.

Les professionnels sont de plus en plus nombreux à prospecter en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan pour y implanter des vignes. « Nous savons que des regroupements d’investisseurs se renseignent », confirme Rémy Ferrand, le secrétaire de l’association pour la reconnaissance des vins bretons.

« Je pense que la Bretagne aura sa carte à jouer »

Depuis 2016 et l’évolution de la loi, il est devenu légal de produire et de vendre du vin en Bretagne. Des vendanges ont eu lieu ce week-end ici et là dans la région. Car plusieurs passionnés ont fait le pari de planter leurs ceps, avec l’espoir de commercialiser leurs premières bouteilles en 2020. « Oui, avec le réchauffement climatique, je pense que la Bretagne aura sa carte à jouer. Aujourd’hui, le marché est porté par des vins légers, jeunes et assez frais. Les vins lourds font moins recette », poursuit le responsable de l’association. Le terroir breton et ses sols peu calcaires pourraient coller à ce marché en pleine croissance.



Plusieurs dossiers sont actuellement à l’étude du côté de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) de Nantes, où sont centralisées les demandes d’implantations de vignes. Contacté, le service confirme une hausse des sollicitations mais réfute tout raz de marée. A Sarzeau, un projet de 10 hectares porté par la commune avait été lancé, puis abandonné. Un vigneron vient finalement d’être trouvé et les premiers ceps seront plantés au printemps.

Date de la première vendange ? 2023, au plus tôt. « Les professionnels se doivent d’être rentables. Et ça, ça demande du temps, des investissements. Pour faire un bon vin, il faut au moins cinq ans », rappelle Rémy Ferrand.

Un premier vin rouge sorti il y a deux ans

A l’heure actuelle, seules des associations de passionnés réussissent à sortir des bouteilles de vin breton. De l’île d’Arz à Quimper, en passant par Morlaix et Saint-Suliac, on produit un peu de chenin, de pinot gris ou de melon de Bourgogne.

« Du vin, il y en avait déjà ici au XVIIe siècle mais j’ignore s’il était bon », rappelle Bernard Tardivel, maître de chai des vignerons du Mont Garo, à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine). Le réchauffement, ça va jouer évidemment, mais il est difficile de dire dans quelle proportion ».

Plus de 400 kilos vendangés samedi

Il y a deux ans, son association a sorti ses premières bouteilles de vin rouge produites avec du rondo, un cépage tchèque précoce et résistant. « Une syrah ou un grenache ne fonctionnerait pas chez nous. Il faut savoir s’adapter », poursuit le maître de chai. Les vendanges réalisées samedi ont permis de récolter plus de 400 kilos de fruits bien mûrs qu’il va falloir vinifier. « Il n’a pas la noblesse des cépages traditionnels comme le cabernet franc. Il n’a pas la même charpente mais il produit un vin différent, parfois étonnant ».

Le soleil et la chaleur ne faisant pas tout, la Bretagne ne pourra jamais rivaliser avec la région bordelaise. Tantôt trop riches ou trop granitiques, ses sols ne sont pas toujours adaptés à la culture de la vigne. Les artichauts et les choux-fleurs peuvent dormir tranquilles.

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