Des milliers de personnes ont manifesté à Alger, vendredi 27 septembre, contre la tenue le 12 décembre d’une présidentielle, au lendemain d’une mise en garde du chef d’état-major de l’armée contre toute « entrave » au processus électoral.
Criant « pas de vote » ou encore « dégage » à l’adresse du chef de l’Etat intérimaire Abdelkader Bensalah et le premier ministre Noureddine Bedoui, une foule compacte a défilé pour la trente-deuxième semaine d’affilée dans les rues de la capitale, quadrillées par la police, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
Depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue et de l’armée, le mouvement de contestation refuse que le « système » en place organise la présidentielle et réclame au préalable le départ de tous ses anciens soutiens.
Candidature de deux anciens premiers ministres
Jeudi, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, avait mis en garde contre toute « entrave » au processus électoral et brandi la menace de « sanction juste et rigoureuse, voire dissuasive, conformément à la loi ».
« Aujourd’hui, nous dénonçons particulièrement les candidatures d’Ali Benflis et d’Abdelmadjid Tebboune », deux anciens premiers ministres ayant servi sous M. Bouteflika, lance Abderahmane Hamadaou, 57 ans. Principal adversaire de M. Bouteflika en 2004 et en 2014, dont il a été le premier ministre entre 2000 et 2003, M. Benflis, 75 ans, a annoncé jeudi sa candidature au scrutin du 12 décembre.
Ephémère premier ministre de mai à août 2017, M. Tebboune a également annoncé aux médias qu’il allait présenter sa candidature. « Je ne crois pas à ces élections dans les conditions actuelles » avec un « système [qui] cherche à se maintenir par la fraude », s’écrie Sofiane Bendaoud, un ingénieur en électronique, âgé de 53 ans.
Soutien à Karim Tabbou
Les manifestants ont également longuement scandé le nom d’une des figures de la contestation, Karim Tabbou, qui a été de nouveau arrêté jeudi, vingt-quatre heures après sa libération, et réclamé la libération des manifestants placés en détention provisoire ces derniers mois. Fondateur du parti l’Union démocratique et sociale (UDS), M. Tabbou, 46 ans, avait été arrêté à Alger devant son domicile. Il a été ensuite inculpé d’« atteinte au moral de l’armée » et placé en détention.
Le mouvement de contestation en Algérie a été initialement lancé en février pour protester contre un 5e mandat de M. Bouteflika. Ce mouvement réclame aujourd’hui le démantèlement du « système », l’appareil hérité de 20 ans de présidence Bouteflika, avant tout scrutin, ainsi que la mise en place d’institutions de transition, ce que refuse le pouvoir.
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