Prune Nourry : "Il y a une forme de soin et de guérison par l'art"

"Catharsis" de Prune Nourry - (c) Bertrand Huet Tutti
"Catharsis" de Prune Nourry - (c) Bertrand Huet Tutti
"Catharsis" de Prune Nourry - (c) Bertrand Huet Tutti
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En compagnie de l’artiste Prune Nourry pour ses expositions “Daughters” à la Galerie d’art du Château Malromé à Saint-André-du-Boisen et “Catharsis” à la galerie Templon à Paris, ainsi que pour son film “Serendipity”, en salle le 23 octobre.

Avec

Première invitée, une jeune artiste sculptrice dont le travail sur le corps, la fertilité, le féminin est l’un des plus époustouflants qu’il nous ait été donné de voir ces dernières années.

En 2017 elle investissait le musée Guimet à Paris. En 2018 son œuvre était présentée à la fondation Luma à Arles. Elle est à l’honneur en cette fin d’été avec deux expositions en France et un film. Au château Malromé, à Saint-André du Bois en Gironde, on peut voir jusqu’au 29 septembre ses « Daughters » comme elle les nomme, ces filles de terre cuite qui lui ont été inspirées en Inde et en Chine par le déséquilibre démographique... A la galerie Templon, à Paris, l’exposition « Catharsis » rassemble jusqu’au 19 octobre un ensemble de nouvelles sculptures en dialogue avec son premier long-métrage documentaire, Serendipity, qui lui sera en salles le 23 octobre ...

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Pour le projet Holy Daughter en Inde, puis en Chine, je cherchais une manière de pouvoir, avec mon point de vue, faire une collaboration avec les gens sur place - artisans et scientifiques - et trouver une manière qui parle là-bas avant tout. C'est pour ça qu'en Inde je suis partie sur le symbole très fort de la vache sacrée, qui est respectée parce que divinité symbole de fertilité. Les petites filles sont elles aussi vecteur de fertilité mais personne n'en veut. J'ai donc hybridé les deux, vache et petite fille, et la Holy Daughter a pris vie. Puis on a fait une procession, en suivant tous les codes, jusqu'au Gange, où on l'y a plongée : elle était faite de terre du Gange et elle a redisparu dans ce même Gange.

Serendipity est un mot qui pour moi appartient à la fois au domaine de l'art et de la science. Quand on est artiste, il y a cette part de hasard et d'intuition dont on a besoin aussi quand on est chercheur. Donc j'émets ce lien entre l'art et la science qu'on retrouve aussi dans mon travail.

Le fait de dire "action" permet d'être dans la pro-action, avoir la caméra en main, être créatif dans la maladie m'a énormément aidé. Mais pendant la reconstruction j'ai eu l'impression de passer de la sculpteure à la sculpture et à un moment donné il a fallu que je reprenne la main, que je redevienne la sculpteure : c'est pour ça que j'ai fait cette sculpture qui s'appelle "l'Amazone", à New-York, comme un rite de passage pour redevenir sculpteure.

Je suis convaincue que l'art peut guérir. Je pense que chaque artiste porte ça en soi. Au départ on fait de l'art parce qu'on n'a pas le choix, c'est une question de survie. Et après autour de soi, au moment où on offre l'oeuvre au regardeur, où on l'abandonne pour qu'elle puisse avoir sa vie propre, on espère que justement à travers ce regard elle pourra aider des personnes. Il y a une forme de soin et de guérison par l'art.

Pour aller plus loin 

L'exposition Daughters, à la Galerie d’art du Château Malromé à Saint-André-du-Boisen, en Gironde,

L'exposition Catharsis, à la galerie Templon à Paris,

Le film Serendipity, sortie en salle le 23 octobre. 

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