Budget de la culture 2020 : stable, mais moins d'argent pour le Louvre

Franck Riester a présenté vendredi un budget globalement stable, qui traduit les choix de politique culturelle opérés par son ministère depuis deux ans. Le budget d’acquisition des musées n’augmente pas, et une “expérimentation” sera tentée avec le musée du Louvre pour en “assouplir” la gestion.

Par Sophie Rahal

Publié le 27 septembre 2019 à 21h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 00h45

Pour son premier budget de ministre de la Culture, Franck Riester n’a pas détonné, et présenté vendredi 27 septembre une feuille de route dont le montant total investi par son ministère demeure stable – autour de 9,7 millards d’euros, si l’on ajoute aux crédits budgétaires la dotation à l’audiovisuel public, les taxes et crédits d’impôt.

Les choix budgétaires opérés traduisent également les chantiers initiés par Françoise Nyssen (remerciée à l’automne dernier) et poursuivis par son successeur. Le programme des patrimoines est celui dont la dotation augmente le plus : un milliard d’euros y sera investi, l’effort consenti concernant surtout l’entretien et la restauration du patrimoine français et des Monuments historiques. Si Franck Riester a précisé que la restauration de Notre-Dame sera intégralement financée par la souscription publique (« cent quatre millions d’euros ont été reversés à l’Etat à ce jour », a indiqué le ministre), un plan de sécurité incendie pour les 87 cathédrales classées appartenant à l’Etat sera abondé de deux millions d’euros.

Le budget 2020 intègre aussi les trente millions d’euros alloués – via les programmes d’investissements d’avenir – à la restauration du château de Villers-Cotterêt (Aisne), qui abritera la future Cité de la langue française et de la francophonie. Pour rappel, le coût total du projet s’élève à cent dix millions d’euros, dont cinquante-cinq millions sont fournis par le ministère de la Culture, le reste se partageant entre mécénat et emprunt.

Le budget d’acquisition des institutions demeure, malheureusement, stable. C’est d’ailleurs probablement parce que les moyens de la puissance publique sont limités qu’une
« expérimentation » va être lancée avec le musée du Louvre. L’institution pourra « enrichir [son] offre culturelle, développer l'accueil de nouveaux publics et de nouvelles activités pour augmenter [ses] ressources propres », a indiqué le ministre, avant de préciser que ce changement visera à « assouplir les règles de gestion du Louvre ». Traduction : le premier musée au monde, avec ses dix millions de visiteurs annuels et sa Joconde superstar, peut bien se débrouiller autrement pour vivre. Sa dotation diminue donc de onze millions d’euros – en 2018, elle s’élevait à 100 millions d’euros, auxquels s’ajoutaient 147 millions de ressources propres. A horizon 2021, le château de Versailles sera aussi concerné.

Depuis 2018, les crédits destinés à soutenir la démocratisation culturelle et l’éducation artistique et culturelle (la fameuse « EAC ») sont en nette hausse, de 116 millions d’euros en 2017 à 173 millions en 2018, et 198 aujourd’hui. Ils incluent notamment l’un des plus gros chantiers du ministère : le pass culture. Alors que la phase d’expérimentation a été élargie l’été dernier à 150 000 utilisateurs potentiels, en même temps qu’était créée la société anonyme pass culture qui en assurera la gestion, les crédits alloués au pass augmentent de dix millions d’euros pour s’élever à trente-neuf millions. Des interrogations demeurent sur le financement du dispositif, dont le coût total est estimé à 400 millions d’euros une fois que le pass culture sera déployé sur tout le territoire.

Franck Riester, qui a également promis mille Micro-folies à horizon 2022, « dont 200 en zone rurale », engagera en 2020 trois millions d’euros pour leur déploiement. Ces « musées numériques de proximité » sont censés faciliter l’accès de tous aux plus grandes oeuvres de notre patrimoine.

Le programme de soutien à la création (spectacle vivant et arts visuels) diminue à la marge, mais intègre désormais les crédits du Fonpeps, le fonds de soutien pour l’emploi pérenne dans le spectacle vivant, créé juste après la crise des intermittents de 2016. Initialement établie à 90 millions d’euros, sa dotation s’élève pour 2020 à trente-huit millions. Franck Riester a justement souligné que les dispositifs du Fonpeps, qui peinent à se généraliser, devront être « simplifiés et plus incitatifs ».

Cette année encore, c’est l’audiovisuel public qui se serre la ceinture : alors que sa gouvernance est en pleine réforme, la dotation allouée à l’ensemble des groupes qui le composent va diminuer de soixante-dix millions d’euros, pour un total de 3,7 milliards d’euros. C’est deux fois plus qu’en 2019. Un effort « soutenable, pour contribuer à la maîtrise de la dépense publique », a estimé le ministre.

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