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Egypte : Alaa Abdel-Fattah, l’« icône de la révolution », à nouveau arrêté

Le militant politique et son avocat, Mohamed Al-Baker, sont les dernières cibles d’une vaste campagne d’arrestations lancée par le régime égyptien.

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Publié le 30 septembre 2019 à 11h29, modifié le 30 septembre 2019 à 11h39

Temps de Lecture 3 min.

Le militant des droits de l’homme Alaa Abdel Fattah, le 17 mai 2019 à son domicile au Caire.

Alaa Abdel-Fattah venait de passer cinq ans en prison. Arrêtée en 2013 et condamnée pour avoir manifesté contre une loi qui limite le droit de manifester en Egypte, cette icône de la révolution de 2011 n’était pas vraiment libre. Placé sous contrôlé judiciaire depuis sa sortie de prison en mars, le militant des droits de l’homme et informaticien de 37 ans retournait chaque soir, à 18 heures, dormir au poste de police de Dokki, au Caire. Dimanche 29 septembre à 6 heures du matin, il n’en est pas ressorti.

Quelques heures après son interpellation, son avocat Mohamed Al-Baker a lui aussi été arrêté alors qu’il assistait à son interrogatoire devant le procureur général, a fait savoir le Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux. Ils ont été placés en détention provisoire pour deux semaines.

Alaa Abdel-Fattah et Mohamed Al-Baker, directeur du Centre égyptien pour les libertés et les droits, sont les deux dernières cibles d’une vaste campagne d’arrestations lancée par le régime après une mobilisation, d’ampleur limitée mais inédite, contre le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le 20 septembre, au Caire et dans plusieurs villes du pays ainsi que le 21 à Suez. Leur interpellation survient deux jours après un nouvel appel à manifester, empêché par le déploiement massif de forces de sécurité au Caire et dans l’ensemble du pays. Le mouvement de contestation a été déclenché par un homme d’affaires égyptien exilé en Espagne, Mohamed Ali, qui dénonce, avec force détails mais pas de preuve, la gabegie de M. Sissi et de son armée. Ses vidéos ont trouvé un écho chez des millions d’Egyptiens qui pâtissent des mesures d’austérité imposées depuis fin 2016.

Selon les signalements recueillis par la Commission égyptienne pour les droits et libertés, 2 160 personnes ont été arrêtées. Parmi elles, 582 auraient disparu. Leurs avocats et familles n’ont reçu aucune information sur leur lieu de détention. Près de la moitié ont été arrêtées en marge des manifestations. Le reste des prévenus a été appréhendé dans les jours qui ont suivi lors de fouilles à des barrages de sécurité ou repérés sur les réseaux sociaux pour avoir diffusé des appels à manifester ou des vidéos de manifestations. Selon les avocats, la majorité sont de jeunes hommes de 18 à 30 ans, issus des quartiers défavorisés. Ils sont poursuivis pour participation à un groupe terroriste, manifestation illégale et usage des réseaux sociaux pour diffuser de fausses informations qui menacent la sécurité nationale.

Famille militante

Les mêmes charges ont été retenues contre Alaa Abdel-Fattah et Mohamed El-Baker, ainsi que contre tous les autres défenseurs des droits humains et figures de l’opposition libérale qui ont été arrêtés la semaine dernière. Parmi eux figurent l’avocate des droits humains Mahienour Al-Masri ; l’ancien responsable du parti libéral d’opposition Al-Dostour, Khaled Dawoud ; Hazem Hosni, membre de l’équipe de campagne de l’ancien candidat à la présidentielle Sami Anan, en prison ; et le professeur de sciences politiques Hassan Nafaa. S’ils n’avaient pas participé aux manifestations des 20 et 21 septembre, tous ont publiquement soutenu le mouvement de contestation.

Dans un entretien à l’Agence-France Presse, en juin, Alaa Abdel-Fattah avait confié avoir été menacé par des officiers de la sécurité nationale d’être renvoyé en prison s’il s’exprimait publiquement. Il n’a jamais cessé de le faire sous les différents gouvernements, ce qui lui a valu d’être détenu à plusieurs reprises. Une conviction qu’il partage avec sa famille, célèbre pour son militantisme politique : son père, Ahmed Saif Al-Islam, mort en 2014, était l’un des plus célèbres avocats des droits de l’homme en Egypte, sa mère, Leïla Soueif, et ses sœurs sont aussi militantes politiques, et sa tante est l’écrivaine primée Ahdaf Soueif.

Alaa Abdel-Fattah avait été surnommé « l’icône de la révolution de 2011 », qui a provoqué la chute du régime de Hosni Moubarak. Bloggeur influent, il défendait notamment les droits des détenus. Son arrestation fin 2013 a été vue par beaucoup comme l’un des signes du retour de l’Egypte à l’autoritarisme.

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