Franz-Olivier Giesbert, qui court les plateaux de télévision depuis quatre jours, est triste, comme s’il pleurait un être cher. « Chirac ? C’était quelqu’un d’extrêmement sympathique et qui n’a jamais abîmé la fonction », confesse celui qui, en mars 2006, dans La Tragédie du président (Flammarion), n’avait pourtant pas ménagé l’ancien chef de l’Etat, le décrivant comme l’incarnation du « déclin français » et de « l’impuissance politique ».
Mais à l’heure de sa mort, ce sont d’autres images qui remontent, le Chirac jeune, boute-en-train, charismatique qui, à sa sortie de l’ENA, avait réussi, contre tous les usages, à faire clamer son nom par l’huissier alors qu’il n’était que seizième, tout simplement parce que l’huissier était devenu son copain.
L’homme Chirac a fasciné ses biographes comme il fascine aujourd’hui les Français. Auteur en 2007 de L’Inconnu de l’Elysée (Fayard), Pierre Péan, aujourd’hui décédé, décrivait l’ancien président de la République comme « un ami ». L’historien Jean-Luc Barré qui a aidé Jacques Chirac à rédiger les deux tomes de ses Mémoires en 2009 et 2011 (NiL) s’est attelé depuis à la rédaction d’un livre Ici, c’est Chirac. Ses dernières confidences (Fayard, 396 p., 20 €) à paraître mercredi 2 octobre, fasciné par la complexité de l’homme.
Seul Eric Zemmour échappe à la « chiracomania » ambiante. Dans L’Homme qui ne s’aimait pas (Balland) écrit en 2002, avant le choc du 21 avril, le journaliste devenu polémiste et invité, samedi 28 septembre, à une convention autour de Marion Maréchal, dresse un portrait historique et psychologique de Jacques Chirac. Il en fait une sorte d’antihéros, « beau gosse intrépide qui, au départ, croit que la politique peut tout et termine sa vie résigné en pensant que la politique ne sert qu’à accompagner ». A l’heure de la mort, son jugement reste lapidaire : « Il aura tout bazardé pour survivre ! »
« Je connais mieux mon mari que vous ! »
A la différence des autres, Eric Zemmour n’a pas approché l’intimité de Jacques Chirac. Il n’a pas eu l’occasion, comme Franz-Olivier Giesbert, de déguster avec lui dans un restaurant de Bort-les-Orgues au fin fond de la Corrèze un fromage « pourri et dégoulinant », grand souvenir de partage olfactif et culinaire. Il n’a pas pris de « cuite » avec l’ancien président ; il n’a pas reçu, comme Pierre Péan, des dizaines d’appels de Jacques Chirac alors que, victime d’une crise cardiaque six jours après avoir achevé la rédaction de son livre, le journaliste était cloué sur un lit d’hôpital au Val-de-Grâce.
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