La cantatrice américaine Jessye Norman s’est éteinte lundi à New York

La célèbre soprano avait notamment chanté la Marseillaise en 1989, à Paris, drapée en tricolore, pour le bicentenaire de la révolution.

 Jessye Norman lors de la 44e édition du Montreux Jazz Festival, le 4 juillet 2010.
Jessye Norman lors de la 44e édition du Montreux Jazz Festival, le 4 juillet 2010. REUTERS/Denis Balibouse

    La célèbre cantatrice américaine Jessye Norman est décédée lundi à New York, à l'âge de 74 ans. Elle est décédée d'une septicémie consécutive aux complications d'une blessure à la colonne vertébrale en 2015, selon le communiqué de la famille, transmis par une porte-parole.

    « C'est avec une profonde tristesse et chagrin que nous annonçons la mort de la star internationale de l'opéra Jessye Norman », indique encore la famille.

    « Nous sommes fiers de ses réussites musicales et l'inspiration qu'elle a donnée aux publics du monde entier continuera à être une source de joie », souligne la porte-parole. « Nous sommes également fiers des causes humanitaires qu'elle a défendues, telles que la faim, les sans-abri, le développement des jeunes et l'éducation artistique et culturelle ».

    AFP/Joël Robine
    AFP/Joël Robine REUTERS/Denis Balibouse

    La cantatrice devenue icône avait chanté la Marseillaise en 1989 en France, drapée en tricolore, à l'occasion des célébrations du bicentenaire de la révolution. Elle s'était fait connaître en s'installant à la fin des années 1960 en Europe, où elle s'est produite dans les plus grandes salles.

    Une école pour soutenir les jeunes artistes défavorisés

    Née dans l'Etat américain de Géorgie, dans le sud-est des Etats-Unis, Jessye Norman s'initie dès l'enfance aux « spirituals » au sein de la communauté noire d'Augusta, où elle grandit et où ses parents militaient au sein de l'organisation NAACP pour les droits des noirs.

    Elle décroche une bourse d'étude à l'université Howard, établissement fondé à Washington pour accueillir les étudiants noirs en pleine ségrégation. Engagée dès 1968 - elle n'a alors que 23 ans - au Deutsche Oper de Berlin, elle débute en France cinq ans plus tard, dans l'« Aïda » de Verdi.

    Des invitations suivent au festival d'Aix-en-Provence (« Hippolyte et Aricie » de Rameau en 1983, « Ariane à Naxos » de Richard Strauss en 1985), à l'Opéra-Comique (1984) et au Châtelet (1983, et régulièrement depuis 2000).

    Jessye Norman ‎– Spirituals

    Elle s'installe en Europe où, avec son timbre sombre et pulpeux, elle s'impose comme l'une des sopranos dramatiques les plus reconnues, en particulier pour ses interprétations de Wagner.

    Femme de convictions, elle avait aussi fondé dans sa ville natale la Jessye Norman School of the Arts pour soutenir de jeunes artistes socialement défavorisés. Mais elle s'était faite rare ces dernières années, notamment après la publication de ses mémoires, « Stand Up Straight and Sing ! » en 2014. Elle y racontait en détail les femmes qui l'avaient marquée, et le racisme auquel elle avait été confrontée, enfant puis adulte.

    « La beauté et le pouvoir, la singularité de la voix de Jessye Norman. Je ne me souviens pas d'autre chose de semblable », déclarait en 2014, lors d'une soirée d'hommage à la cantatrice, la Prix Nobel de littérature Toni Morrison, décédée elle-même cet été. « Je dois dire que parfois, lorsque j'entends votre voix, cela brise mon cœur, avait poursuivi Toni Morrison. Mais à chaque fois, lorsque j'entends votre voix, cela soigne mon âme ».