Le New York de la Beat Generation : épisode • 2/5 du podcast Robert Frank ou le documentariste du moi

Portrait du photographe et cinéaste Robert Frank, à l'occasion d'une rétrospective de son oeuvre, à Los Angeles, en 1996 ©Getty - Patrick Downs/Los Angeles Times
Portrait du photographe et cinéaste Robert Frank, à l'occasion d'une rétrospective de son oeuvre, à Los Angeles, en 1996 ©Getty - Patrick Downs/Los Angeles Times
Portrait du photographe et cinéaste Robert Frank, à l'occasion d'une rétrospective de son oeuvre, à Los Angeles, en 1996 ©Getty - Patrick Downs/Los Angeles Times
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En 1959, alors que son livre "The Americans" a fait de lui la coqueluche des critiques, Robert Frank décide de se consacrer à la réalisation. Il prépare le tournage de "Pull my daisy", un film devenu culte pour la Beat Generation, dans lequel il implique ses amis artistes, dont Jack Kerouac.

Avec
  • Robert Frank Photographe et vidéaste suisse américain (1924-2019)

Le livre [The Americans, ndlr] est sorti, il était temps de faire autre chose. J’avais commencé deux ans avant à faire un petit film avec mes amis, avec une vieille caméra. Ça m’a plu, alors ça m’a intéressé de faire un film. Robert Frank

1959 est une année charnière pour Robert Frank. Suite à la publication de sa fameuse série photographique The Americans, il met son appareil photo au placard pour se consacrer au cinéma, entouré de ses amis artistes comme Allen Ginsberg, Peter Orlovsky, Alfred Leslie ou encore Jack Kerouac. Ils réalisent ensemble, dans le New York des années 1950, le film Pull My Daisy, qui signifie littéralement "Tire ma marguerite". Cette oeuvre en noir et blanc, de 28 minutes, avec un texte post-synchronisé par Jack Kerouac, devient alors ce que L'Âge d'or de Luis Bunuel était aux surréaliste : un film culte. Robert Frank entretient un rapport compliqué avec Hollywood et le cinéma commercial. Son seul long-métrage, tourné avec un gros budget, Candy Mountain, est pour lui un échec. Conversations in Vermont, réalisé en 1971, sera son premier film autobiographique et familial.  

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La Grande table
28 min

Le cercle des artistes à Manhattan est assez petit. J’ai demandé [de l'aide] à Alfred Leslie qui est peintre. On était liés. Allen Ginsberg était le poète. On vivait tous très proches, on se connaissait. Et avec Kerouac je l’aimais bien, je l’aimais vraiment bien, pour sa simplicité, mais même en ce temps il buvait et il était des fois très destructeur. Alors j’ai pris une décision que je regrette toujours, j’ai dit : "Tu ne peux pas venir là où on va faire le film, parce qu’on ne peut pas travailler quand tu es là”. J’ai toujours regretté qu’il ne soit pas venu. 

En juillet 1999, alors âgé de 75 ans, Robert Frank avait répondu aux questions de Claire Clouzot et Jean Perret, à Nyon, en Suisse, pour l'émission A Voix Nue. Il y racontait comment, alors qu'il avait été rendu célèbre par son livre de photographie sur l'Amérique profonde, "Les Américains" (1958), il avait finalement renié l'image fixe pour se consacrer à la caméra, avant de réaliser quinze films sur lui-même, sa famille, ses amis et ses tourments.

Mort le lundi 9 septembre 2019, à l'âge de 94 ans, Robert Frank reste pourtant, aujourd'hui encore, une personnalité davantage mise en avant pour son travail photographique que pour sa filmographie, qu'il détaillait plus précisément dans cette série de cinq entretiens.

Pour aller plus loin

Présentation d'une partie de l'oeuvre de Robert Frank, par le musée du Jeu de Paume

"Robert Frank, après Les Américains_",_ un article signé Anne Bertrand dans la revue Vacarme en 2008. 

Analyse de la série photographique Les Américains,par Pierre Fresnault-Deruelle, dans la Revue Française d'Etudes Américaines, en février 1989

Robert Frank, l'Amérique dans le viseur, un documentaire de Laura Israel, visible sur le site d'Arte, jusqu'au 12 novembre 2019. 

  • Une série d'entretiens produite par Claire Clouzot, réalisé par Bruno Sourcis : rediffusion du 26 juillet 1999. 

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