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Des navires équipés pour contourner les normes environnementales

Ces dispositifs, en rejetant le soufre des gaz d'échappement dans l'eau plutôt que dans l'air, menacent la faune sauvage des océans.

La teneur en soufre que les paquebots seront autorisés à déverser dans les eaux maritimes ont été revues à la baisse par l'Organisation maritime internationale (Omi), et entreront en vigueur le 1er janvier 2020. | Shaah Shahidh <a href="https://unsplash.com/photos/-subrrYxv8A">via Unsplash</a>
La teneur en soufre que les paquebots seront autorisés à déverser dans les eaux maritimes ont été revues à la baisse par l'Organisation maritime internationale (Omi), et entreront en vigueur le 1er janvier 2020. | Shaah Shahidh via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Independent

Plus de 12 milliards de dollars (10,98 milliards d'euros) ont été dépensés par des sociétés de transport internationales pour équiper leurs navires de dispositifs qui contournent la nouvelle législation environnementale. Afin de rejeter les déchets dans l'eau plutôt que dans l'air, ces bateaux sont équipés d'épurateurs à boucle ouverte qui extraient le soufre des gaz d'échappement des navires fonctionnant au fioul lourd. La teneur en soufre émis par ces paquebots va à l'encontre des normes exigées par l'Organisation maritime internationale (Omi), qui entreront en vigueur le 1er janvier 2020.

Ces navires passent outre la réglementation en augmentant non seulement le volume de polluants rejetés dans la mer, mais encore les émissions de dioxyde de carbone, a révélé The Independent.

Seuls 23 de ces paquebots bénéficient d'épurateurs en circuit fermé sur les 3.756 déjà équipés (en exploitation ou en commande), selon DNV GL, une société de classification de navires. Le système fermé, plutôt que de tout déverser dans la mer, conserve le soufre extrait et le stocke dans des réservoirs avant de le confier aux bons soins de l'une des stations d'élimination situées dans les ports. Selon la Exhaust Gas Cleaning System Association, 4.000 navires devraient se doter de ce genre d'épurateurs avant l'échéance fixée par l'Omi pour l'entrée en vigueur des nouvelles normes, revues à la baisse. Bryan Comer, chercheur au Conseil international pour des transports propres, a déclaré que l'utilisation de ce type d'appareils par les navires de croisière était une préoccupation majeure, car ils consommeront environ 4 millions de tonnes de fioul lourd en 2020 et rejetteront 180 millions de tonnes d'eau de lavage contaminée à la mer.

Dévastation de la faune

Les navires utilisant des épurateurs à boucle ouverte rejettent près de 45 tonnes d'eau de lavage acide, chaude et contaminée par des agents cancérogènes et des métaux lourds pour chaque tonne de carburant brûlé, selon le Conseil international pour des transports propres. D'après Lucy Gilliam, militante de l'ONG Transport and Environment, les eaux usées et toxiques autour des ports pourraient avoir un effet dévastateur sur la faune sauvage des eaux britanniques. «Dans l'état actuel des choses, les critères de l'Omi relatifs à l'autorisation de sortie des épurateurs ne sont pas du tout assez nombreux», a-t-elle ajouté.

Les récifs coralliens meurent déjà de l'acidification croissante des eaux mondiales. Des responsables d'études scientifiques ont alerté sur la menace que cela fait peser sur des chaînes alimentaires océaniques tout entières.

L'Omi a déclaré au journal The Independent qu'elle avait déjà «adopté des critères stricts pour le rejet des eaux de lavage des systèmes d'épuration des gaz d'échappement», avant d'ajouter qu'elle «entreprend une révision des lignes directrices de 2015 sur les systèmes d'épuration des gaz d'échappement. Elles comprennent, entre autres, des normes de rejet des eaux de lavage».

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