Climat : une majorité de Français doute de la convention citoyenne
Selon un sondage Elabe, 80 % des Français se déclarent impliqués au quotidien pour protéger l'environnement, mais seulement 18 % très impliqués. Sept Français sur dix jugent incompatible notre modèle économique avec la protection de l'environnement et près de six sur dix estiment qu'il n'est pas trop tard pour limiter le réchauffement climatique, à condition d'agir dès maintenant.
Par Isabelle Ficek
C'est ce vendredi que la Convention citoyenne pour le climat , voulue par Emmanuel Macron à l'issue du grand débat afin de trouver des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, commence ses travaux à Paris. Non sans rencontrer un certain scepticisme. Selon un sondage Elabe pour « Les Echos », Radio classique et l'Institut Montaigne, plus d'un Français sur deux (55 %) ne juge « pas utile » cette convention composée d'un panel de 150 citoyens tirés au sort. En revanche, les plus jeunes, sans doute davantage ouverts à la démocratie participative, ont un regard plus positif pour cette convention, puisque 64 % des 18-24 ans et 57 % des 25-34 ans estiment qu'elle sera « utile ».
Politiquement, la méthode est saluée par les électeurs du premier tour d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle qui considèrent à 78 % la convention « utile » quand à l'inverse les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen (à 65 %), les abstentionnistes (63 %) et les électeurs de François Fillon (58 %) pensent le contraire.
Quelle réponse politique
Surtout, et c'est un immense écueil pour les dirigeants politiques (Emmanuel Macron en tête), plus de sept Français sur dix (72 %) considèrent que le modèle économique actuel n'est pas compatible avec la protection de l'environnement. Semblant là donner raison à nombre d'écologistes qui le répètent de longue date. Et ce jugement est partagé par l'ensemble des catégories sociales et des électorats du premier tour de l'élection présidentielle, y compris l'électorat d'Emmanuel Macron (à 58 %).
« Sur la compatibilité du modèle économique et de la protection de l'environnement, les Français sentent que cela ne marche pas, que l'on ne peut pas continuer comme cela », souligne Bernard Sananès, le président d'Elabe, qui s'interroge sur la réponse politique à apporter.
Pas résignés, près de six Français sur dix (59 %) estiment qu'il n'est pas trop tard pour limiter le réchauffement climatique, à condition d'agir tout de suite. Un peu moins d'un tiers (30 %) des Français interrogés sont plus pessimistes et pensent qu'il est déjà trop tard. Ce sont les 25-34 ans les plus pessimistes puisque 37 % d'entre eux pensent qu'il est trop tard, comme 37 % des catégories sociales populaires. « Majoritairement, les Français sont conscients qu'il n'est pas trop tard, mais disent aux responsables politiques, pour l'instant, vous ne nous amenez pas les solutions », avance Bernard Sananès.
Quotidien
Signe que la protection de l'environnement est désormais un sujet majeur pour toutes les couches de la population, 80 % des Français se considèrent « impliqués au quotidien », même si cette implication personnelle peut recouvrir des réalités assez diverses (tri des déchets ou simple recherche d'information sur le sujet…) et un jugement sur soi-même plus ou moins exigeant. Quant aux électeurs de premier tour d'Emmanuel Macron, 95 % se déclarent impliqués. « L'enjeu environnemental est majeur pour eux », souligne Bernard Sananès dans la perspective des municipales.
Mais seuls 18 % des Français interrogés se déclarent « très impliqués ». Bref, ils sont conscients de l'urgence et de la nécessité de mesures sans doute assez radicales mais les rejettent lorsqu'elles percutent leur quotidien trop fortement, comme cela a été le cas l'hiver dernier avec une taxe carbone sans accompagnement social puissant. Travailler sur ce qui peut être efficace mais socialement acceptable était l'une des idées de départ pour lancer la convention citoyenne sur le climat.
L'analyse de Bernard Sananès (Elabe)
Sondage réalisé les 1er et 2 octobre 2019 auprès d'un échantillon de 1.002 personnes, selon la méthode des quotas.
Isabelle Ficek