Finis les drapeaux nazis, le totem effectuant le salut hitlérien, l'étoile jaune, la croix gammée sur la cheminée, le sigle SS, l'étoile jaune ou encore les aigles de la Wehrmacht: la tristement célèbre maison nazie de Keerbergen, dans le Brabant flamand, a perdu tous ses symboles comme la RTBF l'a constaté sur place. Un ravalement qui remonte à deux semaines. Une manière de montrer patte blanche. Il faut dire que le propriétaire, Georges Boeckstaens, 76 ans, va prochainement comparaître, sans avocat, devant les juges. Poursuivi pour apologie du régime nazi et de négationnisme, Georges Boeckstaens, nostalgique assumé du Führer, doit se présenter devant le tribunal le 19 novembre prochain, à Louvain.
En février dernier, la RTBF avait révélé l'aspect ostentatoire de la maison, située sur la Varensweg, dans cette tranquille bourgade de Flandre. Jouissant d'une totale impunité depuis l'affichage des premiers symboles en 2015, cet ancien caporal dans l'armée belge a poursuivi jusqu'à ne plus laisser aucun doute sur ses préférences idéologiques. Impossible pour la commune de Keerbergen d'intervenir, prétextant l'inviolabilité de la propriété privée. Mais suite à une plainte, le parquet de Louvain a décidé d'ouvrir un dossier. Celui-ci aboutira donc le 19 novembre prochain.
Maison nazie : la logique de l'impunité
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En lieu et place de ses précédents symboles, Georges Boeckstaens préfère aujourd'hui jouer dans la provocation et l'ambiguïté. Comme avec ce "HH" maintenu à la droite de sa porte d'entrée. "Heil Hitler" comme supposé? "Non, ça veut dire Heilig Hart, Sacré coeur", avance Georges Boeckstaens. Les deux flèches formant ce qui semble être un double S sont restés, comme pour forcer l'ambiguïté. Enfin, deux épouvantails sont toujours présents à l'entrée. Ils portent des combinaisons noires et des chaînes. "C'est mon plan B", dit le propriétaire à la RTBF. "C'est en signe de protestation comme je ne peux plus afficher mes symboles nazis. J'ai tout enlevé. Mais je veux toujours attirer l'attention et c'est une bonne façon. Je suppose que la justice ne pourra pas me sanctionner pour cela. Je crois en tout cas. Mais si on me dit que je dois aussi enlever cela... Les symboles de la Deuxième guerre mondiale ont pourtant bel et bien existé. Mais on ne veut pas que je les montre. On veut les glisser sous le tapis..." Confus et incohérent, Georges Boeckstaens poursuit: "Moi je veux juste prévenir les gens, dans un contexte d'attentats. Je veux dire: attention car demain nous pourrions avoir une autre guerre. Mais si le but est de tout cacher..."
Il n'y a pas de classement sans suite
Malgré les aménagements, restent les constats passés qui risquent de peser. Georges Boeckstaens encourt jusqu'à un an de prison et une peine d'amende. La police lui a donc conseillé le mois dernier de "faire un geste", d'aller dans le sens de l'apaisement, en nettoyant l'empreinte nazi de sa maison. Du moins en façade. Car à l'intérieur, comme nous avons pu le constater, Georges Boeckstaens affiche un drapeau nazi, un drapeau flamingant et une série d'ouvrages consacrés au Troisième Reich ainsi "Mein Kampf" d'Adolf Hitler.
Patrick Charlier, le directeur d'UNIA (Centre contre les discriminations), partie civile dans ce dossier, se réjouit du travail accompli par la justice. "La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas de classement sans suite. A partir du moment où les faits sont établis - et le fait qu'il ait retiré les symboles ne changent rien au niveau de la procédure judiciaire -, à partir du moment où il y a eu plainte, à partir du moment où l'affaire arrive à l'audience, cela montre que le dossier a été pris au sérieux par le parquet de Louvain de même que la circulaire des procureurs généraux concernant la lutte contre le racisme."
La Ligue belge contre l'antisémitisme est également intervenue dans ce dossier.