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En chiffres

Banques : les frais de tenue de compte ont bondi de 1.000% en dix ans

Des données compilées par le cabinet Sémaphore Conseil sur les tarifs d'un panel de banques représentatives permettent de mieux cerner la stratégie commerciale des établissements, et de comprendre la transformation en cours dans le secteur.

Les banques ont globalement diminué les prix des services réalisés via Internet, et augmenté ceux en agence.
Les banques ont globalement diminué les prix des services réalisés via Internet, et augmenté ceux en agence. (Pascal SITTLER/REA)

Par Édouard Lederer, Romain Gueugneau

Publié le 4 oct. 2019 à 06:40Mis à jour le 4 oct. 2019 à 10:34

En dix ans, l'industrie bancaire a été bousculée comme jamais, entre la chute des taux , le choc technologique et les nouveaux concurrents. Ces bouleversements se traduisent dans les tarifs bancaires, dont certains progressent… quand d'autres reculent. 

Pour la Fédération bancaire française (FBF), qui cite l'Insee, le poids des services financiers est plutôt stable sur la durée, et ne représente que 0,4 % du panier moyen des ménages. Reste que les banques se servent largement de l'arme des prix pour s'adapter. Revue de détail avec le cabinet Sémaphore Conseil, qui a décrypté pour « Les Echos » l'évolution d'un panel représentatif de 18 banques depuis 2010 (banques nationales, mutualistes régionales et banques en ligne).

Orienter les clients vers Internet

En dix ans, les banques ont mis l'accent sur la numérisation des services. Objectif : autonomiser de plus en plus le client en favorisant les opérations à distance, et limiter ainsi les flux de personnes en agences. Les établissements ont donc globalement diminué les prix des services réalisés via Internet, et augmenté ceux en agence.

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Ainsi, les frais de consultation de comptes à distance, qui étaient encore payants pour environ 70 % des banques du panel en 2010, sont désormais gratuits partout. Dans le même temps, la gratuité des virements sur Internet s'est généralisée, alors que les mêmes opérations réalisées en agence ont vu leurs coûts moyens augmenter de 28 % (3,70 euros par virement selon Semaphore). Toujours en agence, la mise à disposition de fonds coûte aujourd'hui 61 % de plus qu'il y a dix ans. Et les frais de location annuelle de coffre-fort ont progressé de 14 %, avec une facture moyenne de 99 euros.

Moins dépendre du niveau des taux

Les frais de tenue de compte existaient déjà en 2010, mais ils se sont généralisés, et le prix moyen s'est envolé, puisque le service était rendu gratuitement dans nombre de cas. Les 18 banques de notre panel facturent désormais cette prestation 17,06 euros par an en moyenne, contre 1,43 euro dix ans plus tôt. Une hausse de… 1.095 %. 

Explication : avec un environnement de taux glacial, nombre de clients laissent dormir leurs liquidités sur leur compte à vue. Or, ces liquidités surabondantes sont « taxées » par la Banque centrale européenne (BCE). Une façon d'amortir le choc a été d'imposer ces frais de tenue de compte. Mais ceux-ci participent aussi d'une tendance plus lourde : parvenir à générer des frais et commissions, et moins dépendre des revenus de taux.

Résister à la concurrence

C'est par les moyens de paiement que les néobanques s'attaquent à la citadelle bancaire : à coups de cartes et de nouvelles fonctionnalités gratuites, elles cherchent ainsi à attirer un maximum de clients. Les banques en ligne « traditionnelles » jouent une autre partition : leurs services ne restent gratuits que si le client utilise sa banque comme banque principale. 

Les banques ne baissent pas les prix des cartes, onéreuses (jusqu'à 325 euros par an pour une carte Visa Infinite en 2018) et dont les cotisations annuelles ont progressé de 5,5 % à 14,8 % sur dix ans. En revanche, elles se battent sur les services aux clients : les opérations sur cartes (comme la modification du plafond sur internet), ont par exemple diminué de près de 30 % en dix ans.

Mieux segmenter la clientèle

L'évolution de la politique tarifaire permet aussi de mieux lire la stratégie commerciale des banques. Celles-ci tentent de séduire les clients les plus jeunes, population fortement courtisée. Sur dix ans, le coût d'une carte prépayée pour les 12/17 ans, avec contrôle du solde, a diminué de 7,4 %, avec un prix moyen annuel de 16 euros. Elles ont en revanche laissé filer les coûts sur les cartes pour les 16/25 ans, avec un coût moyen en hausse de 18 % depuis 2010.

Romain Gueugneau et Edouard Lederer 

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